qui sont les fans de calm

Ces fans de Calm en quête d'un shot de quiétude

© Andrea-Piacquadio

Il y a ceux qui l'utilisent pour s'obliger à méditer, ceux qui s'endorment en écoutant Matthew McConaughey, et ceux qui échangent leurs bons plans pour déstresser. Rencontre avec la communauté des addicts à Calm.

« Prenez une grande inspiration. » C’est toujours par ces mots que Calm vous accueille. Depuis 2012, l’application de bien-être ne promet rien de moins à ses abonnés que les aider à atteindre la sérénité, un peu comme ces boutiques « bien-être et pierres magiques ». Mieux encore, elle permet de personnaliser ses recommandations en fonction des objectifs de ses utilisateurs. Réduire l'anxiété ou développer la gratitude ; améliorer ses performances, être plus heureux ou bien juste... mieux dormir.

Entre marche en pleine conscience, body scan et méditation guidée, la fonctionnalité star de Calm reste son onglet « Dormir ». Au menu, les classiques morceaux d’électro jazz, mi-musique d'ascenseur, mi-bande-son de salon de massage. Il existe aussi une longue série de méditations censées vous aider à faire le vide, et toute une série de bruits blancs – vent dans la vallée, pluie sur forêt primaire ou ronronnement d’un chat au coin du feu. Mais ce sont les « Sleep Stories » qui proposent les formats les plus originaux. Dans la version américaine de Calm, ces histoires sont lues par des stars hollywoodiennes.  Matthew McConaughey, le héros de la série True Detective, raconte Wonder, l’histoire d’une petite fille de 7 ans qui se réveille la nuit et part rejoindre son grand-père. Difficile de résister à la chaleur de la voix de l’acteur quand il nous exhorte à trouver notre « enfant intérieur » et à vivre l’instant présent. Avec cette seule histoire, Matthew McConaughey aurait généré plus de 11 millions d’écoutes.

La paix à portée de clic

Que viennent chercher les utilisateurs de Calm pour 57,99 euros par an ? Beaucoup comptent sur l’application pour installer leur routine méditation.  « Avant, je n’avais pas d’enfant, j'étais coursier à vélo, et globalement ma vie était plus simple, explique Adrien, 31 ans. Je faisais de la méditation pleine conscience active et passive. » Pour ce prothésiste dentaire et artiste habitant en Suisse, Calm est un bon moyen de s'astreindre à la pratique de la méditation de manière régulière. « Je n’ai pas une volonté incroyable. Payer mon abonnement me force à aller sur l’application tous les jours. C’est un peu comme acheter des légumes que tu n’aimes pas pour t’obliger à manger plus sain. » Pour Océane, juriste de 32 ans, c’est le changement de ville qui l’a poussée à s’abonner. « Ça fait cinq ans que je pratique la méditation. J’ai commencé en Allemagne sans application. À l’époque j’habitais dans une petite ville. C’était un endroit calme avec très peu de circulation qui me permettait de pratiquer facilement. De retour à Paris, l’ambiance sonore et le stress m'empêchaient de me concentrer. J’ai dû m’abonner à des applications. »

Pour Clémence, styliste de Kimöne, une marque de kimonos français, Calm permet de se créer une ambiance favorable au travail. « Je l’utilise avant de me mettre sur une tâche qui risque de générer du stress, elle est efficace pour libérer de l’énergie positive, raconte-t-elle. Quand on est dans une forme d’agitation, que trop de choses prennent le dessus, ça permet de se poser cinq minutes et de se plonger dans une forme de concentration propice au travail. » Adrien aussi trouve dans cette pratique une multitude d’avantages. « Je suis convaincu que la méditation est bénéfique quand on l’utilise avant des rendez-vous importants comme des entretiens d’embauche, indique-t-il. Elle m’aide aussi à avoir plus de patience, avec mes enfants ou mes collègues. »

Calm : une présence rassurante

Calm aiderait à trouver le calme mais au-delà, l’appli apporterait aussi une présence rassurante. « Beaucoup de gens vont chez le psy, moi, je m’offre vingt minutes de Tamara Levitt tous les matins », raconte Sophie, 46 ans, directrice de communication. Tamara Levitt est une instructrice de méditation pleine conscience canadienne. Elle est surtout l’auteure et la voix off la plus connue de Calm. Dans son programme, elle donne toujours quelques instructions, laisse ses auditeurs une dizaine de minutes seuls avec eux-mêmes pour les intégrer, puis termine par une petite leçon de vie. Sophie est l’une de ses fans : « Elle m’a appris à être un peu plus indulgente envers moi et les autres, à me concentrer davantage sur le moment présent, ce qui m'aide beaucoup pour éviter de ressasser le passé et d’angoisser sur l'avenir. » Sophie précise que ce moment a coïncidé avec la perte de son père un an plus tôt. « J’ai trouvé difficile de parler de ce qui m’arrivait à mes proches ou à mes amis, précise-t-elle. Avec Tamara, j’ai l’impression de passer un moment rien que pour moi. »

Se pourrait-il que Calm soit aussi un dérivatif à la solitude ? C’est ce que pense Leila, 39 ans, professeure, qui a notamment testé Calm et Meditopia pour trouver le sommeil. L’une comme l’autre proposent de nombreux programmes et livres audio pour aider les adultes à s’endormir. « Avant, je regardais des séries ou des écrans. C'était mauvais pour mes yeux et je finissais par tomber de fatigue, explique-t-elle. Avec cette application, mon sommeil est bien plus profond. Je me suis rendu compte que ce qui fonctionnait, c’était cette voix qui guide. Elle a un côté très rassurant. » Comme les autres, Leila reconnaît que la crise du Covid a fait jaillir certaines angoisses. « Je suis célibataire, et les confinements m’ont fait me sentir très seule, confie-t-elle. Cette voix qui me propose de respirer doucement, qui me déculpabilise si je n’y arrive pas, c’est pour moi une présence au moment de m’endormir, cela me fait du bien, un peu comme à un enfant qui écoute une histoire. »

Ce côté rassurant est l’un des points forts des applications comme Calm. Une fois ouvertes, elles assurent une bulle de sérénité très supérieure aux exercices de méditation que l’on peut trouver gratuitement en ligne. Pour Adrien, c’est encore un argument qui justifie le prix de l’abonnement.  « Calm est une appli dédiée uniquement à la méditation et au bien-être. Tu n’as que ça. Sur YouTube, je suis tombé sur des vidéos tendancieuses, avec des méditations guidées dont les discours étaient à la limite du complotisme. La qualité de ce qu’on trouve en ligne est beaucoup trop aléatoire. Calm est un espace sûr, avec du contenu très surveillé. »

Daily Calm Community : « L’endroit le plus gentil et le plus inspirant de l’Internet »

Sur le groupe Facebook de la marque baptisé Daily Calm Community règne cette même atmosphère de safe space, de cocon. Dans la section à propos de la page, on peut lire : « Nous visons à être l’endroit le plus gentil et le plus inspirant de l’Internet en approfondissant notre sensibilité et notre sérénité. »  On y compte plus de 81 000 abonnés, une goutte d’eau par rapport aux 4 millions d’utilisateurs payants. Pourtant, tout est ici contrôlé par l’entreprise, notamment en la personne de Katie Shill, Senior Director of Marketing de Calm et administratrice du groupe.

Ici, les fans de l’application partagent leur nombre d’heures de méditation, à la manière des amateurs de sport qui partagent les stats de leur dernier footing. D’autres partagent des photos de paysages avec des perles de sagesse un peu lénifiantes. Plus bas, une personne se confie. Sa mère est traitée dans le même hôpital que celui dans lequel son mari est mort. Pour faire face à l’angoisse que cela génère, elle raconte avoir utilisé la « méditation d'urgence prévue par l’application qu’il faut lancer en cas d'évènement stressant comme celui-ci ». Tous les commentaires sont bienveillants et positifs, les bons sentiments dégoulinent. D’autres posent des questions extrêmement précises : « Vous avez des recommandations pour des méditations qui m’aident à gérer des collègues difficiles ? Je ne veux pas entrer dans cet état (mental) où une autre personne prend le contrôle de mes émotions. » Les bons conseils s’échangent. Hadi demande aux abonnés du groupe quelles sont les habitudes qui leur ont fait le plus de bien dans la vie – hormis la méditation. En quelques heures, près de 300 abonnés lui répondent. « Lire un peu chaque jour » ; « Marcher sur la plage avec mon chien » ; « Faire des confitures » ; « Fumer de la marijuana » ; « Prendre des bains d’eau glacée » ; et même « Éteindre mon téléphone 24 heures sur 24 ». Preuve, peut-être, que même les plus accros à l’appli ne comptent pas que sur elle pour faire baisser leur anxiété.

commentaires

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  1. Avatar Geraldine dit :

    Article très complet sur un phénomène mondial. j’ai utilisé la version gratuite de Calm pour méditer. C’est une pratique aussi très utile dans le sport, les athlètes de haut niveau méditent avant les grandes compétitions et visualisent leur victoire. D’ailleurs Calm a un partenariat avec l’app Nike Run Club : on peut par exemple partir courir tout en faisant un body scan. J’ai testé et je viens de courir mon premier marathon. J’aime aussi l’app française Petit Bambou, un podcast et quelques bonnes vidéos YouTube.

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