un jeune homme musclé, un homme qui cache ses yeux, un enfant qui boit d'une noix de coco

Hustle bros, pp mangas, soft boys : top des personas masculins du Web

© Manny Moreno, Shvets et Derek Owens

Qu'ils soient plutôt carottes râpées ou barbecue, NFT ou littérature russe, ces personnages nés sur Internet sont là pour rester, même si nous n'avions rien demandé.

En ligne, ils sont légion : Tesla bros, hegans, crypto bros... De nombreux personas masculins plus ou moins parodiques hantent médias et forum. Après avoir décortiqué les archétypes féminins nés sur les réseaux, présentation de leurs homologues masculins les plus prototypés.

Crypto bros : NFT, épinards et lever de poids

De même que les fans de science-fiction n'ont de cesse de dégainer le nombre 42, les crypto bros n'ont que les NFT et cryptomonnaies à la bouche. Si vous passez du temps sur Twitter, vous avez certainement déjà croisé un spécimen en train d'expliquer en 280 caractères pourquoi vous êtes le dernier des losers si votre ambition n'est pas de devenir millionnaire en dénichant le dernier NFT à la mode. À quoi ressemble la vie du crypto bro ? Routine monacale (réveil à 3 heures du mat, douche à l'eau froide, lecture de quelques pages d'Ainsi parlait Zarathoustra ou de Crime et Châtiment, lever de poids, jus d'épinards sans beurre de cacahouètes). Et à intervalle régulier : la consultation de son portefeuille crypto. Sans filtre, il vous tiendra au courant des moindres fluctuations de la valeur de ses actifs qui n’intéressent pourtant personne.

Hegans : salade fraîche, potager et petit chat

Détendus et décomplexés, leur surnom vient de la fusion de « he », pour « il » en anglais, et de « vegan », végétalien en Français, pour décrire une personne qui exclut de son régime alimentaire la consommation de tous produits d'origine animale. Les hegans aiment à partager leur recette préférée de gratin de courgettes et assument leur passion pour les légumes crus et les salades composées, élégamment présentées dans de jolies assiettes en terre cuite. Tour à tour bedonnants ou extra-gaulés (dans leur version vegan bros abritée derrière les #vegangains ou #veganaf), les hegans n’hésitent pas à exhiber leur amour de la planète et des animaux mignons.

Tesla bros : 0 émission, 0 critique sur Elon Musk

Cousin éloigné du crypto bro, le Tesla bro ne jure que par sa voiture et autres produits dérivés du milliardaire zinzin. En 2014, le chercheur Markus Giesler, décrit le early adopter de la voiture électrique comme un consommateur désireux de participer à « une quête durable de la masculinité héroïque », à mi-chemin entre le héros Marvel et l'entrepreneur visionnaire. Il précise : « Comme Iron Man, l'Homme Tesla combine un individualisme robuste, un esprit entrepreneurial dynamique et une foi apparemment inébranlable dans les marchés et la technologie combinée à un souci sensible de la nature, de la planète et des générations futures. » Une définition plus élogieuse tempérée par celle qui éclôt dans l’Urban Dictionary quelques années plus tard, où le Tesla bro, aussi appelé tesbro, est alors apparenté à un adepte de la secte dirigé par le gourou Elon Musk.

PP mangas : Vegeta et forum 18/25

Il écope du surnom car il affiche son amour des mangas dans ses photos de profils (profile picture ou pp) en utilisant par exemple les personnages de Vegeta de Dragon Ball Z ou Monkey D. Luffy de One Piece. Les pp mangas auraient muté de gentils geeks fans de bandes dessinées japonaises à masculinistes énervés au fil de l'évolution du forum 18-25 de jeux-vidéo.com. Créée en 2002, la plateforme est d'abord un havre de liberté bon enfant qui vire peu à peu, et partiellement, dans le masculinisme et le complotisme. Le forum est décrit par Le Monde comme « une galaxie de trolls d’extrême droite. » Où trouver les pp mangas ? Sous les comptes féministes et LGBT qu'ils aiment troller et où ils exercent le harcèlement en meute, le plus souvent sous pseudo.

Soft boys : cardigan, fard à paupières et jolis bijoux

Au-delà de son style vestimentaire ultra rafraichissant (on le repère à ses pulls en laine, ses chemisiers à fleurs, ses colliers en perles et son vernis à ongle), le soft boy s'est affranchi (dans une mesure toute relative) de certains stéréotypes de genre, affichant une silhouette plus androgyne, une sensibilité élégante et une sexualité parfois plus fluide. Pensez Timothée Chalamet qui fusionne avec Harry Styles. Pour certains, le soft boy n'est qu'une version sophistiquée du fuck boy, une sorte de manipulateur qui mène les filles en bateau. Ou comme le dit Cosmopolitan : « Sous ses airs de Seth Cohen (Newport Beach), le soft boy est en réalité un Chuck Bass (Gossip Girl). »

Himbos : muscles, guitare sèche et amour toujours

Le himbo est le pendant masculin de la bimbo. Indéfectiblement optimiste, joyeux et de bonne composition, certains l'estiment un peu bêta. Pour le trouver : suivre le son de la guitare sèche jouée sur la plage et chercher l'homme au torse dénudé et musclé. Dans une version plus intello et artistique, le himbo pourra prendre les traits envoûtants du manic pixie dream boyfriend, sorte de vagabond convaincu d'avoir l'âme d'un poète qui veut absolument vous expliquer la vie.

Hustle bros : il veut que vous deveniez riche (mais moins que lui)

Le hustle bro tient son nom de la hustle culture (culture du travail acharné) car il place les valeurs travail, ingéniosité et mérites au-dessus de toutes les autres. Cela ne l'empêche pas d'agiter une promesse alléchante sous le nez de sa communauté de crédules : devenir riche vite et sans effort avec les intelligences artificielles. Où le trouver ? Sur YouTube principalement, dans des vidéos aux titres racoleurs : « Comment j’ai réussi à générer 500 euros de revenus passifs par jour grâce à l’IA » ; « 5 conseils de business pour se lancer avec ChatGPT » etc. Il aime à citer Elon Musk ou Sam Altman et prendre l'air inspiré, plus longuement que de donner de réels et utiles conseils aux entrepreneurs.

Profem : le féministe qui veut surtout pécho

L’appellation vient de l'abréviation de pro-féministe, car le profem se veut l'allié des femmes. Dans les faits, il est surtout un énorme relou qui espère impressionner les filles en citant Simone de Beauvoir et Chimamanda Ngozi Adichie. En apéro, Iil rappelle à tort et à travers la définition du mansplaining et de la culture du viol à une assemblée de nanas. Dans la vraie vie, le profem pullule en manifs ou en associations, et sur Internet on le retrouve principalement sur Instagram et Twitter où il reprend à son compte les hashtags populaires du moment. Avec ses conseils paternalistes où pointe un sexisme à peine voilé, il tente inlassablement de se dépeindre comme un nice guy (pensez Ross dans la série Friends), un mec dont la gentillesse qui s'exprime plus dans la forme que le fond lui sert surtout à draguer les apprenties féministes qui l'entourent.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.
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