Si en majorité les salariés jugent leurs entreprises inclusives, ils estiment qu'à l'image de la société elles ne sont pas encore imperméables aux discriminations.
Alors que la Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté il y a quelques jours un nouveau plan afin de favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes, l’inclusion est plus que jamais au cœur des enjeux sociétaux. C’est dans ce contexte que le Groupe Apicil, (groupe français de protection sociale), publie les résultats de la troisième édition de son baromètre sur « Les Français et l’inclusion » réalisée avec l’institut de sondage OpinionWay.
La société française est-elle inclusive ? Pour 56 % de Français la réponse est positive et ce sont les jeunes qui expriment le plus ce constat (62 %). Concernés et informés, la majorité des citoyens (58 %) affirme lutter quotidiennement contre les discriminations. Les jeunes de moins de 35 ans (62 %), les titulaires d’un diplôme supérieur à Bac+2 (58 %) et les femmes (56 %) y sont les plus sensibles. Un terme qui est en premier lieu associé au handicap (44 %) et aux personnes LGBTQ+ (39 %). L’apparence physique (31 %) et l’origine (30 %) viennent dans un deuxième temps mais progressent également dans l’esprit des Français.
Le rôle moteur des entreprises, aux côtés des citoyens et des pouvoirs publics
Si chaque acteur a un rôle à jouer selon les Français pour favoriser l’inclusion, la perception de leur action effective varie. Globalement satisfaits de l’action des associations (74 %), de l’école (62 %) et de la famille (61 %), les Français considèrent que tout comme les citoyens (50 %) et les pouvoirs publics (50 %), les entreprises (50 %) devraient agir plus en matière d’inclusion. Une vision alimentée par une perception positive de leur impact sur la société puisqu'elles sont vues comme ayant un rôle à jouer dans les avancées sociétales (86 %). Notons que les jeunes de 18-24 ans attendent particulièrement des entreprises (96 %) et des associations (95 %) qu’elles jouent un rôle en matière d’inclusion.
Des discriminations qui demeurent
Deux salariés sur trois (65 %) estiment que leur entreprise est inclusive. Un engagement d’autant plus important qu’ils sont près de la moitié (45 %) à affirmer que lorsqu’ils postulent à un emploi, l’action menée par l’entreprise en matière d’inclusion est un critère important. C’est tout particulièrement le cas chez les jeunes de moins de 35 ans (52 %). Au-delà, pour trois Français sur quatre (73 %), elle est perçue comme une richesse tout en étant un facteur d’innovation (62 %) et de performance (60 %).
Toutefois, bien que 67 % des salariés déclarent pouvoir être eux-mêmes dans leur entreprise, un quart indique avoir été victime de discrimination (25 %), 28 % en ont déjà été témoins tout comme ils craignent l’être à l’avenir (28 %). Les plus touchés sont les femmes (29 %) et les jeunes de moins de 35 ans (34 %). Notons également que plus de la majorité des travailleurs (62 %) estiment que leur entreprise n’est pas représentative de la diversité de la société française.
La vie personnelle, un sujet encore tabou en entreprise
Au-delà de ces formes « classiques » de discriminations, de nombreux salariés déplorent que certaines démarches soient compliquées à réaliser comme changer un jour de présentiel en télétravail (55 %) ou à adapter leur temps de travail en cas de contraintes personnelles (52 %). La parentalité, quant à elle, est vécue comme un frein à l'évolution professionnelle. En effet, 59 % considèrent qu’il est difficile d’obtenir une promotion au retour d’un congé maternité, paternité ou parental. De la même façon, l'enquête souligne la persistance de certains tabous concernant l’expression de la vie personnelle. C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne l’orientation sexuelle et la religion dont respectivement 49 % et 41 % des Français n’osent pas parler. Beaucoup regrettent également les difficultés à évoquer avec leurs supérieurs hiérarchiques les sujets en lien avec leur santé mentale (58 %) et physique (49 %), ou encore leurs problèmes financiers (56 %).
Des mesures attendues en faveur des plus précaires
Parmi les mesures envisagées pour favoriser l'inclusion, 26 % des enquêtés plébiscitent l’anonymisation des CV et 21 % la création de services dédiés à l’accompagnement des travailleurs en situation de handicap. Au-delà, face au contexte inflationniste, les salariés déplorent l’absence de mesures pour limiter l’impact de l’inflation sur le quotidien des salariés les moins bien rémunérés (36 %) ou en situation de précarité (33 %).
Méthodologie : Le baromètre « Les Français et l’inclusion » a été réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1032 Français âgés de 18 ans et plus. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto administré du 15 et 16 février 2023.
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