
À l’occasion du 48ème anniversaire du vote de la loi Veil, l’Ifop publie une enquête sur le droit à l’avortement et sa constitutionnalisation qui met en exergue le « gap » culturel entre la France et les États-Unis.
Réalisée pour le site d’information et de conseils voyages, Partir à New York*, cette étude qui met les données en perspective historique sur les 50 dernières années, montre que la large adoption (jeudi 24 novembre 2022) à l’Assemble nationale du texte en faveur de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution reflète le consensus de cette mesure dans l'opinion publique française. L'enquête révèle au contraire une société américaine marquée par un conservatisme moral qui n’affecte pas le seul droit à l’avortement…
En 50 ans, la société française s’est largement ouverte au principe du libre accès à l’IVG
Si le sujet de l'Interruption Volontaire de Grossesse était très clivant au moment du vote de la loi Veil (29 novembre 1974), les chiffres nous montrent qu'en 50 ans, la société française s’est largement ouverte au principe. En effet, aujourd'hui plus des trois quarts des Français (77 %) sont favorables à un accès sans restriction à l’IVG, contre 48 % au moment du débat sur la loi Veil.

Les Français plus attachés à la liberté de choix que les Américains
Les Français expriment une vision plus « libérale » des conditions d’accès à l’IVG que les Américains. En effet, huit Français sur dix (81 %) contre à peine la moitié des Américains (50 %) soutiennent « le droit d’avorter librement ».

Très logiquement, le soutien à la constitutionnalisation du droit à l'avortement fait quasiment l’unanimité en France – 86 % des Français y sont favorables – alors que les Américains restent très partagés sur sa récente « dé-constitutionnalisation ». L'étude indique que si 61 % des habitants y désapprouvent la décision de la Cour suprême de révoquer le droit constitutionnel d’avorter, 39 % l’approuvent.

Notons que la révocation du droit constitutionnel à l'IVG semble avoir constitué un choc dans la société états-unienne, puisque, depuis l’arrêt de la cour suprême, la vision libérale de l’avortement a progressé dans l’opinion publique américaine. Un choc qui s’est traduit par une hausse du nombre de personnes estimant qu’il faut poser le moins de limites au droit à l’avortement dans leur pays : 50 %, contre 40 % en 2020 avant le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche.

En France on note également un renforcement du soutien des Français en faveur de la constitutionnalisation du droit à l'IVG depuis l’arrêt de la Cour suprême américaine. Ainsi, la proportion de Français soutenant l'inscription du droit à l'IVG dans le marbre constitutionnel est encore plus forte aujourd'hui avec 86 % d'avis favorables contre 81 % il y a 6 mois.
Le féminisme bénéficie d’un soutien plus large en France qu'aux États-Unis
Le fossé qui sépare les Français et les Américains sur l’avortement tient à des visions très différentes des questions de genre et de féminisme. Ainsi, la proportion de personnes qui condamnent moralement l’avortement est trois fois plus élevée aux États-Unis (45 %) qu’en France (15 %). Ce plus grand conservatisme moral aux États-Unis se retrouve sur d'autres sujets tels que les relations sexuelles entre adolescents (55 %, contre 35 % en France), les relations entre homosexuel(le)s (39 % contre 19% en France) ou encore le changement de sexe (54 %, contre 38 % en France).

Ce clivage entre la France et les États-Unis pourrait en partie s'expliquer par le rejet plus fort dont fait l’objet le féminisme dans le pays de l’Oncle Sam : à peine un Américain sur deux (52 %) s’affirme féministe, contre les deux tiers des Français (67 %).

Enfin, notons que dans l'ensemble depuis une vingtaine d’années l’opinion américaine tend à être moins crispée sur les enjeux de genre et de sexualité. Mais ces indicateurs ne doivent pas nous faire ignorer qu'en à peine un an le divorce ou encore les relations homosexuels connaissent un regain de condamnation par l'opinion publique.

Selon François Kraus, directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle de l’Ifop, le débat sur la constitutionnalisation de l’IVG a le mérite de mettre en exergue le « gap » culturel entre les deux nations. « La société française est aujourd'hui tellement plus sécularisée que les discours « pro-Life » n’impriment pas au-delà des milieux religieux catholiques, évangéliques et musulmans. Contrairement aux États-Unis où les positions des partisans et opposants à l’IVG sont plus ou moins figées depuis 50 ans, l’opinion publique française est, elle, massivement attachée à l’avortement aussi bien dans son principe que dans le détail de ses conditions d’application.
Ce consensus autour d’un des principaux droits sexuels et reproductifs des femmes explique le soutien massif à la démarche actuelle de constitutionnalisation qui rencontre d’ailleurs peu de freins dans les électorats conservateurs : seul le zémmourisme, expression de la fraction la plus traditionaliste et réactionnaire de la droite radicale, émet une certaine résistance. La volonté des Français de graver le droit à l’avortement dans le marbre de la Constitution n’est donc pas qu’une réaction à l’actualité états-unienne mais reflète une tendance de fond au respect de l’autonomie individuelle et de maîtrise de sa sexualité qui passent par la garantie du droit des femmes à contrôler leur corps », indique le chercheur.
Méthodologie* : Étude Ifop pour Partir à New York réalisée en ligne du 25 octobre au 21 novembre 2022, auprès d’un échantillon de 1550 Américains, représentatif de la population adulte américaine, et d’un échantillon de 1506 Français, représentatif de la population adulte française.
Avorter sera toujours déroger au droit fondamental qu' est la vie. La valeur souveraine de la vie et la condition des femmes furent toujours au cœur du combat politique de Simone Veil. Il y a 50 ans, Simone Veil faisait valider la loi de dépénalisation de l' avortement, solution d' exception, mesurée et humaine pour venir au secours des femmes en détresse.
"Sachons faire confiance à la jeunesse pour conserver à la vie sa valeur suprême." Cet appel de Simone Veil ne fut pas entendu, ni par la jeunesse ni encore moins soutenu par ceux qui nous gouvernent et, désormais, la France est le seul pays au monde à inscrire dans sa Constitution le droit aux femmes à tuer la vie qui naît en elles. Au nom du droit à disposer de leur corps -droit qui ne leur fut jamais contesté dans la limite du respect de la vie d' autrui-, les femmes françaises sont libres de donner la mort à l' enfant qu' elles portent. Constitutionnalisé, ce droit de donner la mort à l' enfant ne requiert plus la notion de détresse humaine. L' avortement, cet acte d' une extrême gravité éthique, n' est plus désormais qu' un acte banalisé... un acte médical de confort. La contraception offre aux femmes la conscience de leur féminité, la liberté revendiquée par elles de disposer de leur corps mais sans attenter à la vie d' autrui quand l' avortement les condamne à la négation de cette liberté, leur ôtant la responsabilité et la conscience de leur pouvoir souverain de donner la vie. Nous voulons taire les mots de crime contre l' humanité quand l' avortement fait chaque année en France 250 0000 petites victimes invisibles et muettes. L' avortement dans la Constitution témoigne du retrait de la conscience dans la société française où l' opinion et l' émotion gouvernent sur la réflexion et la conviction. L' avortement dans la Constitution témoigne de l' inaptitude croissante de la classe politique qui se défait de ses principes d' éthique fondamentaux mais aussi et surtout, ce crime témoigne du recul de la civilisation face à la barbarie qui monte en France et partout dans le monde.
Une éducation bien conduite doit faire de nos jeunes gens des êtres aptes à la liberté, c' est à dire des individus responsables de leurs actes, capables d' éviter les plus redoutables écueils de notre existence dont l' avortement, cette offense faite à la vie.
"Le droit à la vie est le plus fondamental de tous les droits."
Max Régnier Perpignan
Max Régnier Aniche