Chez les Big Tech, l’heure est plutôt aux remises en question. Pas pour Alex Karp, le PDG de la sulfureuse entreprise Palantir. Dans une tribune au Washington Post, il affirme que les patrons de la Silicon Valley n’ont pas à s'opposer aux ordres du gouvernement, même si ceux-ci sont jugés immoraux par les salariés.
Pour Alex Karp, la Silicon Valley ne doit pas faire dans la morale et la politique. Dans une tribune du Washington Post publiée jeudi 5 septembre, le CEO de Palantir explique que les patrons des grandes sociétés de la tech n’ont pas à décider si une décision du gouvernement est morale ou non. Pour rappel, Palantir est une entreprise spécialisée dans l’analyse de données créée après le 11 septembre. Elle fournit plusieurs outils de surveillance au gouvernement américain, notamment une solution permettant d’identifier les migrants qui traversent illégalement la frontière.
Le patron de cette société controversée s’attaque directement à Google, dont les activités avec le gouvernement font régulièrement l’objet de débats internes. En juin 2018, les cadres de Google ont fini par abandonner un contrat baptisé « Projet Maven » avec le Pentagone. Leur technologie d’intelligence artificielle aurait dû servir à mieux cibler les attaques de drones de l’armée américaine. Mais suite aux protestations et à la pétition de plusieurs salariés, dont des ingénieurs et chercheurs hauts placés, le géant de la tech a fait marche arrière. Inadmissible pour Alex Karp.
Chez Palantir, on obéit aux ordres comme de bons soldats
« Les jeunes Marines ne sont pas toujours d’accord avec les ordres qu’on leur donne mais vous pouvez être sûr qu’ils exécutent quand même leur mission, écrit le patron de Palantir. (…) Les Marines américains servent leur pays. Les cadres de la Silicon Valley fuient. Ce n’est pas normal ».
Chez Palantir, ça ne se passe pas comme ça. On suit les ordres et on ne les remet pas en question. Alex Karp rappelle que la plateforme qu’il fournit à l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a elle aussi fait l’objet de débats internes. Deux cents salariés ont envoyé une lettre au PDG indiquant leur opposition. Soixante autres ont demandé à ce que les bénéfices soient reversés à une organisation caritative. Pas de problème à cela, dit le PDG, qui explique même ressentir de la « sympathie » pour les protestataires. Mais contrairement à Google, Palantir n’a pas cédé aux critiques. Car selon Alex Karp, ce n’est pas à quelques ingénieurs issus d’un milieu privilégié non représentatif de la société de décider de ce qui est moral ou non, mais à la justice et aux élus.
Le discours du PDG de Palantir détonne. L’heure chez les géants de la tech étant plutôt aux excuses, aux remises en question et aux débats internes sur la moralité ou non des activités. Alex Karp prend un tout autre chemin et l’affirme haut et fort : la politique et la morale, ce n’est pas son problème et ça ne devrait être le problème d’aucun patron de la Valley. À bon entendeur...
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