Photos de Booba / Magali Berdah

Clash Booba - Magali Berdah : un feuilleton aux multiples rebondissements

Habitué des clashs, le rappeur Booba ne s'attendait sûrement pas à un tel retentissement. Lanceur d'alerte autoproclamé, le Duc de Boulogne a braqué ses projecteurs sur le dropshipping, un fléau qui enrichit les influenceurs et dépouille les acheteurs.

Le « Duc de Boulogne » (dit aussi B2O) vs la « Papesse de l'influence ». Derrière ces pseudos, les deux protagonistes du feuilleton médiatique du moment, le rappeur Booba et Magali Berdah, fondatrice de Shauna Events, la plus grande agence d'influenceurs de France. Au cœur de la discorde : les arnaques des influenceurs. Décryptage.

Booba part en guerre contre les « influvoleurs »

Pour comprendre ce qui a mis le feu aux poudres, remontons à décembre 2021. Dans un tweet, Marc Blata, candidat de téléréalité et influenceur installé à Dubaï, accuse Booba d'avoir arboré une montre de contrefaçon lors d'un shooting photo. Piqué au vif, le « Duc de Boulbi » a contre-attaqué. Le rappeur qui se définit désormais comme « lanceur d’alerte » a confié à Libération sa volonté de dénoncer les pratiques des certains influenceurs : « Il s’est mis [Marc Blata] à raconter toutes sortes de mensonges sur moi. J’ai découvert à ce moment-là son business de cryptomonnaie et de trading complètement frelaté. De là, je suis parti en guerre contre lui sur les réseaux sociaux. Et plus je l’allumais, plus j’explorais le monde de merde des influenceurs. J’ai découvert le rôle de leur pseudo-manageuse, Magali Berdah, la reine de la futilité. Ça m’a donné envie de creuser pour comprendre. Comprendre pourquoi des milliers d’internautes les accusent d’escroquerie. »

Booba vs Magali Berdah, plaintes contre plaintes

Des réseaux sociaux aux tribunaux, il n'y a qu'un pas... Ouvertement attaquée par Booba, Magali Berdah porte plainte pour cyberharcèlement en mai 2022. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, elle affirme « avoir été la cible de propos antisémites, de menaces de mort, de décapitation, de lapidation, de viol, ainsi que d'invitation au suicide par des internautes suivant le rappeur qu'elle qualifie de "meute haineuse" ».

Selon les données de Visibrain, outil de veille des réseaux sociaux, le rappeur aurait publié 191 tweets sur Magali Berdah et son agence Shauna Events depuis décembre 2021. Le 11 juillet dernier, elle obtient la suspension du compte Instagram @oklm du rappeur.

Quelques heures à peine après la suppression de son compte, l'interprète de Pitbull annonce son retour sur Twitter et invite les internautes à le suivre sur @elieyaffaofficiel. Parallèlement, il lance le #influvoleurs et ouvre une boîte mail « Influvoleurs2022 » afin de collecter des témoignages de victimes. En ligne de mire, le dropshipping, une pratique commerciale répandue chez les influenceurs qui consiste à vendre des articles soi-disant de luxe à un prix beaucoup plus abordable. Le plus souvent les articles proviennent de marketplaces chinoises telles que Alibaba, Wish ou encore Aliexpress.

Côté judiciaire, le rappeur réplique et attaque la « Papesse de l'influence » pour diffamation et dénonciation calomnieuse. Il dépose également deux signalements auprès de la Direction Générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, contre Shauna Events et contre X. Depuis, les plaintes pleuvent d'un côté comme de l'autre.

Quand la télé s'en mêle

Après l'apparition des deux protagonistes dans l'émission TPMP, l'affaire prend une autre dimension avec la diffusion le 11 septembre dans l'émission Complément d'enquête d'un reportage au nom évocateur : « Arnaques, fric et politique : le vrai business des influenceurs ». Promu comme il se doit sur ses réseaux par Booba, le documentaire d'investigation cartonne : il rassemble 975 000 spectateurs le soir de sa diffusion et explose le compteur de replay de France.tv en 24 heures avec plus de 372 000 vues.

Côté réseaux sociaux, l’émission a généré depuis sa diffusion plus de 547 350 tweets. À titre de comparaison, c’est 45 fois plus que pour le numéro précédent consacré à l’inflation (sur une même durée).

Le terme « influvoleurs » de Booba, qui n’a pas hésité à rebondir sur l’émission, a quant à lui généré près de 185 000 tweets.

Deux autres personnalités ont également agité la twittosphère : le journaliste et présentateur Tristan Waleckx et la candidate de téléréalité Milla Jasmine. Si la performance du premier a été largement saluée par les internautes en générant près 60 000 tweets, l'influenceuse n'a pas été épargnée. Elle a fait l’objet de plus de 45 000 tweets (principalement moqueurs), soit près de 12 fois plus que Luna Skye, autre candidate présentée dans le reportage. Son véritable patronyme, Marie Germain, n'a pas manqué de faire réagir.

Le « buzz de la tendinite » inspire les marques

Une séquence a particulièrement retenu l'attention des spectateurs. Interrogée par Tristan Waleckx sur sa promotion d’une montre connectée qu’elle ne portait pas, la fondatrice de Shauna Events s’est justifiée en déclarant : « j’ai une tendinite au bras ». Des propos aussitôt repris sur Twitter (90 000 tweets) mais aussi par les marques qui n'ont pas hésité à surfer sur le « buzz de la tendinite ».

Au-delà des marques, plusieurs personnalités publiques ont également réagi à cette fameuse expression, comme le comédien et humoriste Wally Dia, l’influenceuse Alix Grousset ou encore le footballeur de l’Olympique Lyonnais Sinaly Diomande.

Enfin, notons que l'affaire a également trouvé un écho chez les politiques. Sommé par le rappeur et de nombreux internautes de s'exprimer, le ministre de l'économie Bruno Le Maire a appelé les influenceurs à prendre leurs responsabilités face aux pratiques commerciales douteuses, qu'il qualifie de « fléaux numériques ».

Les députés s'emparent alors également de l'affaire. Stéphane Vojetta a récemment appelé le ministre Jean-Noël Barrot (Ministre délégué auprès du ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de la Transition numérique et des Télécommunications) à plus d'encadrement.

Affaire à suivre...

Méthodologie : Article en partenariat avec Visibrain, l’outil de veille des réseaux sociaux, qui analyse chaque mois pour L’ADN un sujet qui a passionné la Twittosphère

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Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier les tendances conso.
commentaires

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  1. Avatar Aurelien Terrassier dit :

    Booba utilise les réseaux sociaux en étalant parfois sa vie privée et il n'est pas le mieux placé contre l'influencerie. Il y a aussi quelques milliers de micro-influenceuses et influenceurs qui rêvent pour beaucoup de devenir des stars de télé-poubelle avec toujours des valeurs nocives que sont le consumérisme, la numérisation avec un étalage de la vie privée de manière aussi insupportable qu'obescene le plus souvent et la carbonisation car ces gens n'ont visiblement pas conscience que les produits bas de gamme qu'ils et elles essaient de vendre ont un coût de transport et je ne parle même pas des ouvriers de l'Est sous-payes et le travail d'enfants notamment en Chine... Tout cela pour dire que l'influencerie est le nouveau conservatisme societal que personne ne critique vraiment pas même Vincent Cespedes car en utilisant Tik-tok et Tweeter il rentre dans leur jeu bien qu'il critique l'influencerie et bien avant la télé-réalité mais je crains qu'il se soit perdu ou qu'il ait évolué dans la rubrique psychologique.

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