Controv3rse publie le guide annuaire des 800 acteurs les plus dynamiques du métavers et du Web3 et annonce une nouvelle série vidéo pour YouTube : Hacker le capitalisme. Entretien avec Vincent Lorphelin, initiateur du Think Tank européen Controv3rse.
Réalités virtuelle et augmentée, jumeaux numériques, Web3, blockchain, crypto, NFT et IA générative... Une puissante vague de transformations numériques est en cours. Coincés entre enthousiasme et méfiance, technophiles et technophobes, les débats peinent à s'installer. Organiser le débat, c'est précisément l'objectif de Controv3rse, le premier Think Tank des métavers européens. Interview de Vincent Lorphelin, entrepreneur, coprésident de l’Institut de l’Iconomie et fondateur du Think Tank européen Controv3rse qui veut dessiner le futur du métavers.
Présentez-nous Controv3rse...
Vincent Lorphelin : Controv3rse est un Think Thank qui rassemble 70 entrepreneurs, économistes et experts du métavers. Nous voulons faire se rencontrer des entrepreneurs avec des économistes, mais aussi d'autres experts – avocats, designers, programmeurs, artistes, étudiants, professeurs... – pour animer cet écosystème. L’idée est de faire en sorte que Controv3rse, qui pour l'instant est un Think Tank, devienne un mouvement qui porte les valeurs françaises et européennes : créer une nouvelle économie régénérative plutôt qu'extractive.
Pourquoi ce guide annuaire, et que contient-il ?
V. L. : Il est important pour un écosystème de prendre conscience de son existence pour se dynamiser. Pour réaliser notre guide annuaire nous avons donc repéré les 800 personnes les plus actives prenant part au débat public, que ce soit dans des conférences, évènements, projets et publications relatifs aux métavers, au sens élargi.
Quels sont les enjeux ?
V. L. : Si on regarde les grandes périodes de progrès de l'humanité, comme la Renaissance ou la Belle Époque, on constate qu'elles se structurent en passant par plusieurs phases : poussée technologique, innovation, progrès économique et enfin progrès sociétal. Aujourd'hui, métavers et Web3, sont coincés quelque part entre innovation et progrès économique. Des idées puissantes sont théorisées comme l'économie circulaire, l'économie de fonctionnalité, l'économie coopérative, mais elles se répandent difficilement. Les choses bloquent au niveau de la mise en pratique. Il y a cette envie d'une économie régénérative mais le débat est mal exprimé, les concepts sont peu mûris et les idées sont brouillonnes. En découle un sentiment d'impuissance, de révolte. Notre objectif est de rassembler les énergies en leur donnant une dynamique constructive.
La série de vidéos Hacker le capitalisme est donc destinée à incarner cette économie régénérative ?
V. L. : Quand on a inventé le capitalisme moderne il y a 200 ans, on imaginait que la nature était gratuite. Et on se rend compte, 200 ans plus tard, que non seulement elle n'est pas gratuite, mais qu'elle commence à nous faire payer. Et que ça ne va pas s'arranger. On a raté un brin d'ADN de ce que devait être le capitalisme au départ. Hacker le capitalisme, c'est revenir à l’origine du système pour le réaiguiller, le réparer et le réinventer. L’idée n’est pas d’être anti-capitaliste, car il a amélioré la condition de milliards d’êtres humains, mais d’utiliser la technologie pour construire non seulement des innovations, mais plus largement du progrès économique et social.
Pourquoi passer par une fiction pour faire de la prospective ?
V. L. : La prospective est une démarche scientifique qui vise à développer des scénarios désirables ou indésirables. Les visions dystopiques sont les plus nombreuses mais la prospective vers un monde souhaitable mais réaliste est plus compliquée à faire émerger. C'est ce qu’on veut mettre en avant. L’objectif est de valoriser la parole des entrepreneurs et des experts pour incarner une vision de l’économie « nativement » durable. On leur proposera de se projeter dans un monde futur dans lequel leur projet entrepreneurial aura pris de la consistance et aura une influence réelle sur le nouveau système économique.
Qu'est-ce qu'une économie « nativement » durable ?
V. L. : Le concept d'économie durable est connu et a même été inscrit dans les objectifs de développement durable de l'ONU. Pour faire simple : le capitalisme a des effets indésirables qu'il faut réguler. La notion d'économie « nativement » durable est quant à elle une démarche entrepreneuriale qui s'inscrit au niveau de la conception des produits, dans une mise en perspective avec un futur souhaitable. Aboutir à cette économie nativement durable passe par l’innovation. Des innovations qui, mises bout à bout, permettent de construire une vision collective désirable.
Qu'est-ce qui bloque concernant le passage à la mise en pratique du métavers et du Web3 ?
V. L. : La technologie et l'innovation sont toujours une transgression au départ. Personne ne rêve d'avoir du big data médical. Ce que les gens veulent, c’est être en meilleure santé. La technologie ou l'innovation en tant que telle sont le plus souvent reçues négativement a priori car elles suscitent des craintes. Elles ne trouvent pas toujours leur public instantanément. C'est un phénomène constant. On le voit actuellement concernant l'intelligence artificielle qui fait face à un rejet massif. Ça nourrit les vendeurs d'apocalypse et ceux qui aiment le catastrophisme mais ça ne fait pas avancer le débat public. Pourquoi ? Parce que la notion d'intelligence artificielle entre en opposition avec celle d'intelligence humaine. Souvenons-nous du rapport de Cédric Villani « Donner un sens à l'intelligence artificielle, pour une stratégie nationale et européenne » qui s'est terminée par un flop. Si on avait organisé les débats autour de la notion d'informatique statistique, comme un outil au service de l'intelligence collective on aurait dédramatisé le sujet. La période entre l'émergence d'une technologie et son usage en tant que nouvel outil est un moment critique. Une fois que les bénéfices se font ressentir, on se focalise sur les usages et on oublie les technologies. Dans ce moment intermédiaire, il est nécessaire d'organiser le débat.
Comment organiser un débat public serein ?
V. L. : En réfléchissant aux usages et à la société qui émerge de ces usages. C'est l'objectif de la série de vidéos Hacker le capitalisme : se projeter vers un futur désirable et incarner une vision collective grâce à la parole des entrepreneurs qui en tant qu'acteur social, ont pour rôle de transformer une technologie en bénéfices pour la société.
Il y a un combat quotidien à mener contre l'immobilisme des institutions, contre la toute-puissance et l'hubris de certains « gourous » de la tech ou contre la « morgue » de certains technophobes. Hubris et morgue sont inutiles. Il faut toujours se mettre dans une perspective de progrès sociétal. Aujourd'hui, la vision collective concernant le Web3 est en panne. C'est précisément ce à quoi nous voulons contribuer avec nos deux projets. Nous donnons donc rendez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent participer à cette vision en tant que co-constructeurs le jeudi 04 mai pour la soirée de lancement. C'est également lors de cette soirée que commencera le tournage de notre série et que les premiers entrepreneurs seront interviewés. Inscription gratuite.
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