Psychopathe à bretelles ou dandy en redingote, l'acteur Christian Bale fait battre le cœur des moins de 25 ans. Pourquoi ? Difficile à dire.
Il n'y a pas que le morceau Running Up That Hill (A Deal With God) de Kate Bush auquel les Z ont redonné vie après la sortie de la dernière saison de Stranger Things. Il y a aussi la scène du film culte American Psycho dans laquelle le tueur en série yuppie Patrick Bateman débarque au bureau, walkman sur les oreilles, au son de Walking on Sunshine.
Icône pop culture et sex-symbol
Depuis quelques mois, l'extrait tourne en boucle sur TikTok, agrémenté de chansons qui n'ont rien à voir avec l'adaptation du roman de Bret Easton Ellis. Les dernières en date : le morceau hip-hop 212 d'Azelia Bansks ou le Dancing Queen d'Abba. Pourquoi ? D'après le média The Cut, aucun lien avec le film ou la bande originale du film sorti en 2000. C'est juste que la génération Z a un crush sur Christian Bale. Aujourd'hui âgé de 49 ans, l'acteur anglo-américain s'est illustré aussi bien dans des films à gros budgets comme la trilogie The Dark Knight ou des films plus indépendants comme The Fighter. Mais peu importe : pour ses fans vingtenaires (qui s'autobaptisent carrément les Baleheads), l'acteur est surtout très sexy. Sur Instagram, les comptes dédiés à l'acteur oscarisé ne manquent pas, et nul besoin de chercher bien loin les tweets de Baleheads émoustillés. Mais c'est sur TikTok que la passion pour Christian Bale a trouvé le meilleur exutoire, à base de mèmes vidéos agrémentés de chansons tristes de Lana del Rey et d'adolescents faisant mine d'embrasser la star. Sur le #BaleTok, le #patrickbateman dépasse les 6,7 milliards de vues. Mais le personnage qui découpe des femmes en morceaux et s'achète des costumes Armani très chers n'est pas le seul à exciter les Z. Pour The Cut, Patrick Bateman sert surtout de drogue passerelle (gateway drug) conduisant les internautes à d'autres aphrodisiaques, comme le personnage de Laurie dans Les Quatre filles du Docteur March ou encore d'Arthur Stuart dans Velvet Goldmine.
L'anti Harry Styles et l'opposé de Timothée Chalamet
À l'heure où les Harry Styles et Timothée Chalamet de ce monde s'imposent comme les nouveaux sex-symbols, Christian Bale et son aura de dilf (à traduire par : dad i would like to fuck) tranche singulièrement. Parmi les raisons avancées par le média américain pour expliquer la passion des Baleheads : la nostalgie des années 90, qui conduirait les Z à s'emparer de la pop culture d'il y a 30 ans après avoir été séduite par des rôles comme Batman ou Michael Burry de The Big Short sorti en 2015. Autre argument en faveur de Bale : sa réputation impeccable et sa grande versatilité, qui lui permet de passer du rôle d'un joueur de boxe américain lessivé (The Fighter) à celui d'un journaliste britannique gay (Velvet Goldmine) : « Il n'a pas peur de choisir des rôles qui pourraient le démasculiniser. Il semble très mature et confiant en qui il est et en ses convictions. J'ai l'impression que ça joue, même inconsciemment », a expliqué l'une de ses fans à The Cut.
Indiscutablement, le nouvel engouement stylistique autour de la figure du yuppie, ce spécimen des années 80 obsédé par le travail, les Rolex et le squash, dope aussi la popularité de l’acteur sur les réseaux. Forcément, puisque Patrick Bateman est la parfaite exacerbation de l'acronyme anglophone Young Urban Professional forgé dans les années 80. En témoignent les nombreux tutos disponibles en ligne permettant de reproduire le look du golden-boy banquier d’affaire. Lors de la dernière soirée d’Halloween, Wiktoria, 21 ans, Balehead assumée, se souvient avoir dénombré près d’une dizaine de Patrick Bateman, chacun repensé selon les inspirations des invités. Non pas pour sa qualité de tueur en série. Mais car selon The Cut, Bateman est « celui qu’on veut qu’il soit. » S’il est toutefois vrai que le personnage de Bateman, symbole du darwinisme social et du capitalisme échevelé des années Reagan, s’est récemment fait alpaguer par les masculinistes se revendiquant hommes sigmas (des loups solitaires intellos trop cool pour être populaires), Christian Bale, dans toutes déclinaisons, appartient quant à lui à tout le monde.
Participer à la conversation