
La série documentaire retrace l’histoire mouvementée de la cryptomonnaie, l’idéologie qu’elle contient et le mythe de son inventeur, Satoshi Nakamoto.
Du Bitcoin et du monde des cryptomonnaies, le grand public n’a que des échos cryptiques. On entend parler de spéculation, de monnaies servant à acheter de la drogue, d’arnaques complexes et de NFT basés sur des dessins moches.
Il se cache pourtant derrière cet univers une histoire passionnante ayant connu de nombreux rebondissements, un projet incroyable fomenté par des punks empreints de liberté et la possibilité d’une véritable révolution économique. Alors que le Bitcoin a atteint le 20 octobre 2021 sa valeur record, à plus de 66 000 dollars, Arte diffuse le 17 novembre une série documentaire retraçant les 13 années d’existence de cette cryptomonnaie et le futur qu’elle semble dessiner.
Le projet des cypherpunks
Écrite par Rémi Forte et Julien Goetz, en collaboration avec Leslie Menahem, la série Le Mystère Satoshi - aux origines du Bitcoin se divise en 5 épisodes d’une dizaine de minutes. Alternant des interviews de spécialistes des cryptos avec des séquences animées, les épisodes reviennent sur la figure mystérieuse, presque messianique, de Satoshi Nakamoto, le développeur, ou groupe de développeurs qui a donné naissance au Bitcoin. Contrairement à certains médias mal avisés, la série ne cherche pas vraiment à percer l’identité de cet inventeur génial, mais bien à expliquer l’idée qui l’animait et comment son absence a justement permis à la première cryptomonnaie de devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Avant que la folie spéculative ne s’empare des monnaies décentralisées, le Bitcoin était avant tout un projet des cypherpunks, un groupe informel né sur les réseaux et considérant que seul le chiffrement des données permettait d’assurer une véritable liberté de communiquer, mais aussi de faire circuler de l’argent. Voulant échapper au contrôle des États et des banques centrales, Satoshi Nakamoto publiera en 2009 le livre blanc fondateur expliquant la création du Bitcoin et son principe d'utilisation. Très populaire dans le petit milieu des technophiles de l’époque, la crypto connaît sa première valeur à partir du moment où le développeur américain Laszlo Hanyecz a proposé sur les forums, 10 000 bitcoins contre deux pizzas. Il s’agit de la première transaction officielle. En 2010 et 2011, WikiLeaks proposera à ses fans de faire des dons en crypto tandis que la place de marché illégale TheSilkRoad va elle aussi décoller grâce à cette nouvelle devise qui garantit l’anonymat de ses utilisateurs.
La disparition du messie
C’est à partir de ce moment-là que Satoshi Nakamoto disparaît des écrans radars. Alors qu’il avait l’habitude de communiquer avec d’autres développeurs par mail, ce dernier décide de couper les ponts. Propriétaire du premier million de Bitcoins à avoir été miné, l’équivalent de plus de 60 milliards de dollars, ce dernier n’a jamais dépensé ou déplacé cette somme, ce qui a permis de sceller sa légende à tout jamais. Contrairement aux autres projets de cryptomonnaies comme le Libra de Facebook, l’anonymat et la disparition totale du créateur du Bitcoin ont permis à la devise d’accéder à ce statut presque mythique. Aujourd’hui, la technologie est fortement critiquée pour son coût écologique ou la spéculation folle qu’elle engendre. Mais ce documentaire rappelle à quel point le Bitcoin reste aussi l’un des plus grands projets libertaires de notre ère numérique.
Cet article a été écrit en partenariat avec Arte
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