Femmes africaines portant du bois

Comment les pays riches financent-ils la lutte pour le climat ? Ils ne la financent pas

© Annie Sprat

D'après un rapport Oxfam, les pays riches auraient recours à une comptabilité trompeuse pour gonfler leurs contributions aux financements climat adressés aux pays en voie de développement. D’après l'ONG, l’écart entre les contributions déclarées et les contributions réelles aurait atteint 225 % en 2020.

En 2020, les pays développés n’ont pas atteint l’objectif de 100 milliards de dollars à dédier à la transition écologique suite à l'engagement pris en 2009. Selon une évaluation de l’OCDE s’appuyant sur les déclarations des pays contributeurs et reprise par Oxfam, il manque 16,7 milliards de dollars aux montants annoncés.

Les faux-semblants des financements climat

Selon les estimations d’Oxfam, alors que les pays riches ont déclaré avoir dégagé 68,3 milliards de dollars de financements publics, la valeur des financements climat réel oscillerait plutôt entre 21 à 24,5 milliards de dollars. « La vraie valeur des financements destinés à aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique est bien en deçà des chiffres déclarés par les pays riches. Non seulement l’objectif de 100 milliards de dollars par an n’est toujours pas rempli, mais l’atteindre réellement impliquerait de quadrupler les montants actuels », note Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat à Oxfam France.

Un recours excessif aux prêts

D’après l’étude, outre les pratiques de comptabilisation trompeuses, les fonds octroyés aux pays en voie de développement seraient à 70 % proposés sous forme de prêt, alimentant ainsi la spirale de la dette de pays déjà fragilisés.

Les remboursements de la dette extérieure de ces pays les moins développés atteignaient 31 milliards de dollars en 2020. Le Sénégal, qui fait partie des pays les plus vulnérables aux changements climatiques, a reçu 85 % de financements climat sous forme de dette. Des pratiques critiquables selon Guillaume Compain : « Se targuer d’une solidarité envers les pays les plus vulnérables au changement climatique alors que l’on fournit des montants largement insuffisants et que l’on contribue à leur endettement est injuste et contribue à saper la coopération internationale en matière climatique. »

Une comptabilisation décorrélée de la pertinence climatique

Autre élément pointé du doigt par le rapport : la comptabilisation de montants importants en tant que financements climat alors qu'ils soutiennent en réalité des projets ayant une faible composante climatique. Il s'agit ici de projets dont l’objectif principal n’est pas l’action climatique, ou encore des projets manquant d'amplitude et poursuivant des objectifs peu perceptibles en matière d’atténuation ou d’adaptation au changement climatique.

Les pays riches doivent (enfin) prendre leurs responsabilités

Trop de prêts, trop de dettes, trop peu de subventions... Face à ces constats, Oxfam en appelle à des actions immédiates pour restaurer la légitimité de l’objectif des 100 milliards de dollars et tendre vers un nouvel objectif qui soit équitable et solide. « Les pays riches doivent non seulement remplir leur engagement, pris dès 2009, de fournir 100 milliards de dollars annuels aux pays en développement, mais ils doivent le faire de la bonne manière, en priorisant les subventions et en assurant une évaluation plus honnête de l’effort fourni. Lors de la COP27 en novembre en Égypte, les États doivent augmenter leurs financements, s’accorder sur des objectifs et méthodes plus précis, et favoriser les soutiens à l’adaptation ainsi qu’aux pertes et dommages irréversibles dus au changement climatique », explique Guillaume Compain.


*Cet engagement a initialement été présenté dans l’Accord de Copenhague en 2009 et réaffirmé l’année suivante dans le cadre de décisions prises à la COP16 de Cancún.

portrait de femme

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier les tendances conso.
commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    je commence à désespérer de l'humanité. Je pense qu'elle va bien mériter ce qui va lui tomber sur le coin de la ...

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