En Chine, pour 14 000 dollars par an, les entreprises peuvent « embaucher » un salarié virtuel.
En 1968 sortait 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. On y découvrait HAL 9000, un supercalculateur tueur, doté d'une intelligence artificielle. Si ce « sixième membre » de l'équipage du Discovery One semblait alors relever de la science-fiction la plus débridée, travailler avec des employés virtuels est désormais une pratique courante en Chine.
Des employés sans chair ni os mais en 3D
Du service client à l’industrie du divertissement, les entreprises chinoises dépensent beaucoup d’argent pour s'offrir les services d'employés virtuels. Ainsi, l'entreprise technologique Baidu a indiqué que le nombre de commandes d' « avatars numériques » avait doublé depuis 2021. « Les sociétés de services financiers, les offices de tourisme locaux et les médias d'État - tous emploient un certain type de personnes virtuelles », a indiqué Li Shiyan, responsable de l'activité des personnes virtuelles et de la robotique chez Baidu.
Au fil des améliorations technologiques, la rentabilité augmente. Li Shiyan indique que les prix des employés virtuels ont chuté d'environ 80 % depuis l'année dernière. Il en coûte désormais environ 100 000 yuans (14 300 dollars) par an pour embaucher une personne virtuelle en trois dimensions, tandis que celle en deux dimensions coûte environ 20 000 yuans (2 900 dollars).
La Chine accélère le recrutement d'employés virtuels
Et le développement des employés virtuels progresse à grands pas. La ville de Pékin a récemment annoncé un plan visant à étendre l'embauche de personnes virtuelles à hauteur de 50 milliards de yuans d'ici 2025 (environ 7 milliards de dollars). De leur côté, dans la continuité du dernier plan quinquennal qui comprend la numérisation de l'économie et l'utilisation accrue de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, les ministères du gouvernement central prévoient également d'intégrer davantage d'employés virtuels dans leurs services (radiodiffusion, fabrication...). Optimiste, le responsable de Baidu s'attend à ce que l'industrie de la personne virtuelle croît de 50 % par an jusqu'en 2025.
Une tendance sociétale qui s'installe
Notons également qu'à la recherche de porte-parole alternatifs de nombreuses marques chinoises font appel à des avatars numériques. Un choix qui traduit un besoin de sécurité « après que de nombreuses célébrités se soient récemment heurtées à une presse négative à propos d’évasion fiscale ou de scandales personnels », indique Sirius Wang, directeur des produits et responsable du marché de la Chine chez Kantar. Une tendance que la société civile semble également avoir adoptée. En effet, d'après le média CNBC qui mentionne une enquête de Kantar, au moins 36 % des consommateurs ont regardé un influenceur virtuel ou une célébrité numérique se produire au cours de la dernière année.
L'une des plus célèbres d'entre elles n'est autre qu'une employée virtuelle d’Alibaba, connue sous le nom de Ayayi. « Vous pensiez peut-être que les méta humains n’ont pas besoin de travailler ? », a-t-elle lancé à sa naissance en mai 2021. Son visage vous est peut-être inconnu, pourtant la jeune femme est déjà l’égérie de marques comme Guerlain et Bose. Disponibles 24h/24, 7 jours sur 7, avec elle pas de déclaration hasardeuse, pas de scandale de drogue, pas de fraude au fisc... Bref, l'employée idéale.
Selon le rapport Kantar, 45 % des annonceurs ont déclaré qu’ils pourraient en 2023 sponsoriser la performance d’un influenceur virtuel ou inviter une personne virtuelle à rejoindre l’événement d’une marque.
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