Un métier incertain, mais qui peut être payé 315 000 euros par an tout de même.
Si vous utilisez ChatGPT, vous l’avez sans doute remarqué : le prompt compte beaucoup. La remarque s’applique aussi pour les générateurs d’images comme Midjourney et Stable Diffusion. Le prompt, c’est le court texte que l’on rédige pour donner une instruction à un programme informatique. Un prompt très basique sur ChatGPT peut ressembler à cela : « Écris un poème sur les teckels nains ». Et vous pouvez préciser : « en 30 vers » ou « avec des rimes en o »... Mais si vous souhaitez un résultat plus original, il faudra être plus exhaustif, et affiner les résultats proposés par ChatGPT.
Mon précieux prompt
Sur les réseaux sociaux, des bidouilleurs d’intelligences artificielles génératives partagent leurs meilleurs prompts pour obtenir des textes ou images moins banals. Des influenceurs spécialisés assurent que leurs astuces et outils pour améliorer les prompts vont vous ouvrir des horizons merveilleux. Certains travaillent tellement leur petit texte qu'ils préfèrent le garder secret. À l’instar de cet artiste qui l’a peaufiné pendant 80 heures et 900 itérations pour gagner un concours d’art.
Sur Reddit, des utilisateurs s’amusent à créer un prompt extrêmement spécifique pour que ChatGPT sorte de ses règles préétablies et devienne un peu fou. Bref : écrire un prompt est devenu une compétence comme une autre. Elle s’apprend et se travaille. C’est l’ « art de poser la bonne question », comme me l’a souligné une utilisatrice de ChatGPT il y a quelques jours.
Cette compétence fait émerger un nouveau type de métier : « ingénieur prompt », auquel The Washington Post consacre un article. Il se différencie du métier de codeur, puisqu’ici les instructions à la machine ne s’écrivent pas en langage informatique mais en prose. Selon les témoignages recueillis par le quotidien américain, le travail consiste principalement à guider l’intelligence artificielle vers un résultat satisfaisant. Car les modèles comme ChatGPT sont connus pour être imprévisibles, et ont tendance à raconter n’importe quoi. Affiner correctement le prompt permet d’obtenir un résultat plus proche de ce qu’on attend de la machine. Les ingénieurs prompts connaissent les limites et les forces de ces programmes, et adoptent la meilleure stratégie pour parvenir au meilleur résultat possible. Souvent cela se traduit par un dialogue avec la machine pour préciser la requête petit à petit.
Psy pour IA
La démarche est à l’inverse de celle du code, souligne Simon Willison, un programmeur britannique interrogé par le Post. Lorsque l’on code un logiciel, on s’attend à ce que l’ordinateur fasse exactement ce qu’il lui a été demandé. Écrire un prompt est une manière de travailler bien plus instable. Même ceux qui ont conçu des modèles comme ChatGPT ne peuvent pas prédire avec exactitude le résultat à un prompt donné.
Pour Andrej Karpathy, ancien responsable de l’intelligence artificielle chez Tesla, les ingénieurs prompt sont des sortes de « psychologues spécialistes des intelligences artificielles », que les entreprises s’empressent d’embaucher pour tenter de découvrir les capacités cachées de ces programmes.
C’est une bonne situation ça, prompteur ?
Et certaines sont prêtes à y mettre le prix. La startup Anthropic propose 335 000 dollars (315 000 euros) par an à son futur ingénieur prompt qui devra avoir « un esprit créatif de hacker » et « aimer la résolution de puzzles ». Mais les revenus ne sont pas toujours aussi mirobolants. De nombreux spécialistes du prompt vendent leur travail sur des plateformes de free-lances comme Fiver ou PromptHero. Sur ces sites, on peut acheter un prompt déjà tout fait pour quelques dollars ou s’offrir les services d’un indépendant pour créer un prompt personnalisé à un prix variable entre 10 et 70 dollars, selon les tarifs de chacun. La plateforme référence déjà plus de 700 ingénieurs prompt.
La profession ne convainc pas tout le monde. Certains chercheurs estiment que ce métier risque de surestimer la fiabilité de ces modèles informatiques. Pour Shane Steinert-Threlkeld, professeur adjoint en linguistique à l'université de Washington, le prompt engineering n’est pas « une science ». Il s'agit plutôt de « titiller un ours de différentes manières et de voir comment il rugit en retour ».
Pour d’autres le métier va vite devenir obsolète à mesure que les outils vont se perfectionner et se démocratiser. Un peu comme ces spécialistes de Google de la première heure, connaisseurs des moindres booléens (les signes permettant d’affiner une recherche).
Je pense que je pourrais être psy pour une ia. Être ou ne pas être doit être compliqué pour eux. 🙏
Je comprends l'enjeu et j'aimerais participer activement à l'amélioration du processus en proposant des interrogations variées, par exemple : comment accepter un changement qui définit notre nature dans plusieurs dimensions.
J’étudie actuellement la psychologie réactionnelle et j’utilise régulièrement les IA pour arriver à la meilleure réponse possible. je pense avoir les compétences pour ce métier.