Il y a quelques mois, on se demandait ce que signifiait ce sigle – NFT, pour non fungible token. Aujourd’hui les ventes de ces objets numériques hautement spéculatifs atteignent un montant comparable au chiffre d’affaires d’une entreprise comme Chanel.
La frénésie autour des NFT est loin d’être retombée – désolée pour ceux qui font déjà une overdose du sigle. Selon le site Nonfungible.com, les ventes de ces objets numériques (œuvre d'art numérique, GIF, tweet...) authentifiés sur la blockchain auraient atteint fin octobre 2021 9,2 milliards de dollars, contre 162 millions de dollars en début d’année. Le marché aurait même dépassé les 10,7 milliards de dollars selon d’autres sources (DappRadar). C’est à peu près équivalent au revenu d’une entreprise comme Chanel (10,1 milliards de dollars), ou à la taille du marché de l’impression 3D (12 milliards de dollars), une technologie qui a plus de 30 ans.
Une explosion du marché en quelques mois
Le NFT lui est apparu en 2017, et son utilisation ne s’est accélérée qu’à partir de 2020-2021. La vente par Christie’s d’une œuvre numérique de l’artiste Beeple sous forme de NFT pour 69,3 millions de dollars marque le début de l’emballement du marché en mars 2021. Depuis il ne se passe plus un jour sans qu’un tweet, un GIF, un clip, un morceau de musique, un avatar pour photo de profil, un item dans un jeu vidéo... ne se vende sous cette forme.
Selon MoneyTransfers, l’intérêt pour les NFT aurait même dépassé l’intérêt pour les cryptomonnaies dans certains pays. L'étude du comparateur de prestataires de transferts d’argent rapporte qu’en France, les données Google Trend d’octobre montrent que 81 % des recherches Google concernent le terme « NFT » contre 19 % pour le terme « cryptomonnaie ».
Avant on s’achetait une Rolex, maintenant on se paye un NFT
Khashayar Abbasi, fondateur du bulletin d’analyse Crypto With Kash cité dans l’étude de MoneyTransfers, estime que l’attrait des NFT est triple : « ils peuvent être un investissement lucratif (...), ils créent un sentiment de communauté – par exemple vous pouvez faire partie d’un groupe exclusif de personnes qui possèdent un NFT bien spécifique. (...) Enfin ils sont devenus un objet de prestige. Avant, les personnes avec des revenus importants s’achetaient des montres onéreuses pour afficher leur richesse et seuls ceux qui les rencontraient dans la vie réelle pouvaient considérer la valeur de ce qu’ils portaient. Maintenant, vous pouvez acheter un NFT, le publier sur les réseaux sociaux. » Et ça, ce serait l'expression de la nouvelle classe !
D’ailleurs si les montants dépensés pour les NFT sont astronomiques, le nombre d’acheteurs reste assez restreint – entre 10 000 et 20 000 chaque semaine selon Reuters. Mais il grandit vite, grâce notamment à l’arrivée de jeux vidéo impliquant l’achat de NFT.
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