Femme avec un masque de loup^et un shaker à cocktail dans une main

Augmenter le prix de l'alcool sauve des vies

© Thiago Miranda

En Europe, les maladies chroniques du foie sont à l'origine de 1,8 % des décès. Selon les scientifiques, sans politique visant à atténuer la consommation d'alcool, cette proportion continuera d'augmenter.

Depuis 1990, les décès dus aux maladies chroniques du foie ont augmenté de 25 %, ceux dus au cancer du foie de 70 %. Si les causes sont multiples (mauvaises habitudes alimentaires, mode de vie sédentaire…), l'alcool s'impose comme facteur aggravant. Selon une étude présentée au Congrès de l'Association européenne pour l'étude du foie (EASL), la mise en place de prix plus élevés combinée à une hausse des taxes pourrait d'ici 2023 réduire les cancers du foie d'environ 5 % et les maladies chroniques du foie de 7 %.

Taxer plus l'alcool : un enjeu de santé publique

La recherche est basée sur un modèle issu des données épidémiologiques et de consommation de trois pays : France, Pays-Bas et Roumanie. Selon María Buti, conseillère en santé publique de l'EASL interrogée par El país, les chiffres peuvent être extrapolés : « C'est en Europe qu'on observe les taux de consommation d'alcool les plus élevés au monde ». Le modèle présenté dans l'étude calcule les baisses de consommation prévisibles selon 3 modèles* et projette leur impact sur les maladies du foie. Si toutes les politiques ont eu un impact important, le modèle de 1 euro MUP (pour Prix ​​Unitaire Minimum, le prix correspondant à une « unité standard d'alcool », soit 12,7 ml d'alcool pur, ou 10g d'alcool) procure les meilleurs résultats. Si ce modèle de tarification était appliqué, une bouteille distillée à 40% de volume alcoolique ne pourrait pas être vendue à moins de 24 €, ni une bouteille de vin à moins de sept.

Dans les trois pays combinés, il provoquerait une baisse de 11 550 Congés Longue Durée (CLD) et de 7 921 cancers du foie d'ici 2030. Selon les chercheurs, l'application de cette mesure « pourrait réduire le nombre de personnes atteintes d'une maladie chronique du foie ou d'un cancer de 4 à 7 % en Europe ». María Buti explique que ce type. de mesure fonctionne très bien, en particulier parmi la population qui consomme de grandes quantités d'alcool : « Chez les personnes qui boivent peu, il n'y a pas de changement significatif, mais cela réduit considérablement le fardeau de la maladie pour ceux qui consomment plus. »

Les industriels de la bibine pas contents

À ceux qui condamnent ces mesures qualifiées alors d' « intrinsèquement régressives » (les ménages à faibles revenus paient une proportion plus élevée de leurs revenus à tout impôt supplémentaire), la conseillère en santé publique oppose que les problèmes liés à l'alcool sont également régressifs. « Les industries de l'alcool utilisent souvent cette idée comme argument contre la mise en œuvre de telles politiques. Ils affirment que ces taxes auront un impact négatif sur les couches les plus pauvres de la population, et qu'elles sont donc injustes. Le contre-argument à cela, cependant, est que les problèmes de santé liés à l'alcool et à l'alimentation sont également régressifs, et affectent de manière disproportionnée les populations à faibles revenus. Ils sont généralement plus sujets aux maladies chroniques du foie et seraient donc affectés positivement par une telle taxation », indique María Buti.

Taxer l'alcool pour sauver des vies

L'Écosse et le Pays de Galles attestent de l'efficacité de la proposition. Dans ces pays où une politique de prix minimum a été mise en œuvre en 2018 et 2020, les ventes ont chuté de 3,5 % l'année suivant la hausse des prix. Une étude publiée dans The Lancet évaluait à environ 150 le nombre de décès liés à l'alcool évités chaque année en Écosse, où un prix minimum de 50 pence (57 cents) par unité d'alcool a été fixé. Selon Dr Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé : « C’est mathématique. L’augmentation du prix entraîne une réduction de la consommation. » C'est le cas avec le tabac. Selon France Assos Santé, « les hausses successives de prix, l’adoption du paquet neutre et le remboursement des substituts nicotiniques, ont permis d’amorcer une baisse de la consommation de tabac, notamment chez les jeunes. »

*Trois modèles de tarification ont été analysés : 1 € de prix unitaire minimum (MUP) sur l'alcool ; une combinaison de 0,7 € de MUP et d'une taxe sur les boissons sucrées ; une combinaison de 0,7 € MUP, taxe SSB et une taxe volumétrique sur l'alcool.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    c'est surtout le mélange avec les drogues de tous genres testées lors des guerres et cela depuis la 2ieme guerre mondiale et à la portée de tout le monde qui met un joyeux bordel.Je suis septuagénaire,j'ai bien vécu
    même si l'alcool est également une drogue je suis en très bonne santé,je n'ai jamais occasionné d'accident aimant trop la vie pour cela
    Maintenant,les limitations de vitesse insensées,les radars bien planqués me font vomir!!!

    Quand j'ai passé mon permis ,l'inspecteur m'a fait monter la voiture à 140 km/h sur route nationale et prendre la route à droite 200mêtres plus bas .Là j'ai appris la maitrise du véhicule et de moi !!!
    A disserter

  2. Avatar Anonyme dit :

    Encore et toujours cette morale à deux balles ! Quand vont-ils enfin s'occuper de leurs affaires ?

  3. Avatar Anonyme dit :

    entierrement d accord

  4. Avatar Clément Bennett dit :

    allez vous faire ******, rendez la société meilleure, dépolluez ET ARRETEZ DE TAXER LES PAUVRES

  5. Avatar dilaj dit :

    Bonjour,

    Les taxes , raquettes... Ne feront rien ,bien au contraire , cela ouvrira un marcher parallèle , comme pour les cigarettes...

    Comme beaucoup de chose dans nos sociétés , les choses doivent ^etres abordées différemment.

  6. Avatar Anonyme dit :

    Pour ceux qui consomment peu, la grande majorité donc, cela reviendrait à baisser encore un peu plus leur pouvoir d'achat. C'est vrai que taxer plus est une idée nouvelle, alors il faut essayer ! Et si cela ne change rien, l'augmentation de la taxe serait annulée, n'est-ce pas ?

  7. Avatar Anonyme dit :

    Précariser encore plus la grande majorité des alcooliques, quelle bonne idée. Alors oui, on fait baisser le chiffre global de consommateurs mais on empire les choses pour les personnes les plus atteintes par l'addiction, qui relève de la pathologie, on le rappelle, ce n'est pas si simple d'en sortir.
    C'est comme d'habitude une lecture libérale d'un enjeu politique : répercuter sur les plus pauvres puisque les plus nantis n'ont pas grand chose à faire d'une augmentation des taxes sur l'alcool, tout en promulguant le "quand on veut on peut".
    Mais les arbres ne poussent pas jusqu'au ciel, poussez la taxation trop loin et vous ferez le lit d'un marché parallèle, de l'alcool comme du tabac, avec son cortège de criminalité et de conséquences funestes pour la santé (alcool frelaté).

  8. Avatar Booboo dit :

    Votre expérience personnelle n'est pas représentative. Les statistiques nous indiquent d'autres choses bien plus équivoques sur votre génération. A disserter 😉

  9. Avatar Anonyme dit :

    Continuez à taxer les pauvres, moi-même j'ai perdu des proches à des accidents à cause de gens alcoolisés. Mais n'est-ce pas là la preuve du mal-être de la société dans laquelle on vit?? Taxer les consommateurs pourquoi faire? Une baisse de 3,5% d'achat d'alcool?? Ça ne représente rien!! Les taxes on sait où elles vont, dans la poche des riches et des grandes sociétés comme Blackrock qui ne pensent qu'au profit et pas à la bienveillance des gens!! Rendez la société meilleure au lieu d'amoindrir les portefeuilles des classes pauvres et moyennes!! Ça ne fera qu'empirer les choses! Du bon sens s'il-vous-plaît.

  10. Avatar Sthete dit :

    Pourquoi faire payer aussi la majorité des gens qui aiment boire de l'alcool mais modérément????
    Dans cette société c'est toujours la même chose, on fait payer à la majorité les excès d'une minorité!!!
    On fait cela pour tout. Résultat : La liberté diminue de jour en jour aussi pour les gens bien éduqués et qui savent se tenir.
    Politiques, journalistes et pseudos personnes de bonne foi sont tous responsable de cet état de fait.
    Le problème de la société française, c'est de ne plus savoir punir fermement les excès. C'est politiquement incorrect depuis des décennies.

  11. Avatar Aurelien Terrassier dit :

    Trop taxer l'alcool je ne sais pas si c'est efficace comme pour le tabac mais tant que le tabagisme et l'alcoolisme stagnent et que les achats frontaliers car c'est moins cher ne baisseront pas alors ça ne fera qu'empirer. Pauvre ou non, acheter du tabac et de l'alcool à la frontière, c'est ne pas contribuer à la lutte contre le cancer donc moins de soins médicaux remboursés au final. Si je pense que le tabac a un avenir moindre avec ses substituts naturels de meilleur qualité qui s'imposeront dans les années à venir pour l'alcool, il faut plus d'alcool de meilleur qualité, moins boire ou de quantité raisonnable et mieux.

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