Sur fond jaune des adolescents et deux verres colorés

Faux gin et thé pétillant, l'apéro des Z se boit sans alcool

© Rodnae Productions et rawpixel

De New York à Zurich, les bars et restos passent au zéro degré pour attirer ceux qui ont décidé de freiner leur consommation.

C'est le constat formulé par différents médias qui, de Londres à Paris, rapportent que Martini au litchi et thé à la racine de kava ont remplacé gin tonic et shots de tequila. En cause : une aversion de plus en plus prononcée pour l'alcool.

Ils reprendront bien un verre, mais de thé pétillant SVP

Les Z continueront de trinquer, mais sans alcool cette fois. « Les consommateurs repensent leur façon de boire de l'alcool. Que ce soit par crainte de la gueule de bois ou par engouement pour de nouvelles boissons peu alcoolisées », précise Pinterest dans son rapport Predictions 2023. Résultat : une hausse des utilisateurs qui ont soif de « boissons fantaisie sans alcool » (+ 220 %) et de « bar mocktail » (+ 75 %). Une prédiction confirmée par la nouvelle étude de l'association caritative The Mix, qui témoigne d'une consommation d'alcool en baisse : 64 % des sondés ont déclaré avoir consommé de l'alcool au cours de la dernière année, soit plus de 10 % de moins qu'en 2021 (74,6 %).

Une tendance qui s'exprime également dans l'Hexagone où Santé Publique France enregistre une consommation régulière plus faible. « Plutôt que de faire le plein de Doliprane, de plus en plus de jeunes préfèrent s’épargner la gueule de bois et rester sobres », souligne The Daily Telegraph. Un usage qui fait son chemin jusque dans les relations amoureuses sous la forme du dry dating, soit le fait de ne pas boire d'alcool lors de ces dates (rendez-vous amoureux). Selon le rapport de l'application de rencontre Bumble, 54 % des sondés se déclarent plus mindful (conscients) quant à l'organisation de leur rendez-vous amoureux, ce qui influence directement leur consommation. Et cela n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

Faux gin, bière sans alcool : les marques s'adaptent

Selon le média suisse Watson, même les restaurants Gault & Millau ont pris le pli : thé pétillant au lieu du Prosecco, vin sans alcool dans les sauces des plats proposés et faux gin dans les cocktails, le tout agrémenté de la mention « sans alcool. » Même ambiance à Londres où a ouvert en décembre dernier le premier bar de dégustation sans alcool. À New York, « une nouvelle tendance a vu se multiplier les bars, les soirées et autres évènements sans alcool destinés aux esprits "tentés par la sobriété" » et en recherche d'un « autre choix que celui de la fête alcoolisée », précise The New York Times. Comme l'observe le RedaktionsNetzwerk Deutschland, l'histoire se répète aussi en Allemagne, où pourtant – rappelons-le – la bière coûte moins cher que l'eau en bouteille.

Et en France ? C'est le pays où le marché des boissons sans alcool grandit le plus vite, note The Guardian. De plus en plus de grands vignobles produisent des formules sans alcool à côté de leur production traditionnelle tandis que les grandes entreprises comme Pernod Ricard investissent dans le secteur et que de jeunes entrepreneurs inventent de nouvelles formes de rhum et de gin sans alcool. C'est le cas d'Augustin Laborde, qui a ouvert Le Paon qui boit dans le nord de Paris. « Environ 80 % de nos clients boivent encore de l'alcool, mais ils souhaitent alterner avec du sans alcool. Au début, les gens pensaient que nos clients seraient principalement des musulmans ou des femmes enceintes (...) mais ils ne représentent que 20 % de nos consommateurs », a-t-il expliqué au Guardian.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.
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