Des yeux sur fond jaune

6 livres pour comprendre les drôles de passions de vos contemporains

© 3 quarks

Sélection des meilleurs livres à dévorer pour avoir les deux pieds dans l'époque et être paré pour la nouvelle année.

Envie de se lover chez soi sans voir personne, de travailler sa musculature, d'acheter des brosses à dents en bambou ou de devenir chamane... Rien que de très normale, vous n'êtes pas seul dans ce cas. Ces sociologues, anthropologues et journalistes vous expliquent pourquoi.

Homo confort de Stefano Boni

Fatigue existentielle, flemme, retrait social et vie dans un cocon... Notre époque semble être obsédée par la recherche du confort. Une inclination qui n'est pas sans conséquences pour l’anthropologue italien Stefano Boni. Dans Homo confort (Éditions l’échappée), il souligne combien notre léthargie collective ne résulte pas uniquement de la pandémie mais également du système technologique et institutionnel. En plus d'avoir des effets néfastes sur notre sensualité et notre moralité, ce système valorisant l'évitement de l'effort et de la fatigue aurait aussi des conséquences délétères pour notre économie et notre environnement.

Les enfants gâtés de Fanny Parise

Coque de téléphone biodégradable, bocaux en verre, et sac en toile à gogo... Pour l'anthropologue Fanny Parise, les achats de produits dits durables ne sont pas uniquement responsables... Ils nous serviraient aussi d'alibi pour ne pas renoncer à l'hyper-consommation. Dans Les Enfants gâtés : Anthropologie du mythe du capitalisme responsable (Payot) et Le mythe de la consommation responsable : vers un nouvel âge d'or de la société d'hyper-consommation (Marie B), la chercheuse entend déconstruire le mythe de la consommation vertueuse et expliquer pourquoi ce modèle collectivement plébiscité est délétère.

La Fabrique du muscle de Guillaume Vallet

Mais pourquoi valorisons-nous désormais autant les corps musculeux et bien ciselés ? Réponses du sociologue Guillaume Vallet, spécialiste de l'histoire de la pensée économique, du genre et du corps, et culturiste depuis 25 ans. Dans La Fabrique du muscle (Éditions L'échappée), il explique pourquoi la musculation fait de plus en plus d'adeptes, à une époque où se multiplient les salles de sport et où les macronutriments s'invitent dans notre alimentation. En ligne de mire : le façonnement d'un corps dit parfait, mais pas seulement. Pour l'auteur, il est aussi question de valoriser notre souveraineté au travers d'un capital (notre corps) à faire fructifier dans un monde au futur anxiogène et incertain.

Les nouvelles routes du soi de Marc Bonomelli

Les nouvelles spiritualités sont partout, des open spaces parisiens aux campagnes auvergnates. Un engouement pour les néospiritualités stimulé par le recul des religions traditionnelles et nos systèmes de production que décrypte le journaliste Marc Bonomelli dans Les nouvelles routes du soi (Éditions Arkhé). Après avoir passé plus de deux ans en immersion chez les apprentis chamanes, cartomanciens et énergéticiens, l'auteur décrit une nébuleuse complexe, dans laquelle infusent différentes forces, entre quête de sens, capitalisme et besoin de reconnexion à la nature.

Odyssées ordinaires de Blanche Leridon

Salutation au soleil, tranche d'info et bol de céréales... Que disent de nous nos matins ? Plein de choses, selon Blanche Leridon. Dans Odyssées ordinaires, sous-titré Le matin mode d'emploi (Éditions Bouquins), l'essayiste raconte comment ce moment de la journée déborde d'injonctions sociales et de mantras capitalistes, tout en cristallisant différentes normes de genre. L'ouvrage montre comment ces représentations qui évoluent dans le temps sont aussi reprises dans la littérature, la peinture et les séries télé, d'Albert Cohen à Michel Houellebecq, de François Truffaut à Sex and the City.

Pourquoi sommes-nous capitalistes (malgré nous) ? de Denis Colombi

Le capitalisme est-il inéluctable ? Pas pour le sociologue Denis Colombi. Dans Pourquoi sommes-tous capitalistes ? (Payot), il nous explique que même si peu d'individus témoignent d'une adhésion réelle à notre système économique, celui-ci se maintient néanmoins. Non parce qu'il est inexorable, mais parce qu'une économie capitaliste n'a pas besoin d'individus convaincus de l’utilité et de la supériorité du système. Et ce, pour une raison très simple : notre tendance (un peu stupide) à naturaliser le système, à penser qu'il est immuable alors qu'il reste, même à l'échelle de l’humanité, relativement récent...

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire