
Chaque début novembre, une communauté d'écrivains en herbe se retrouve dans des cafés ou des forums pour réaliser un défi : commencer un roman et le terminer avant la fin du mois.
NaNoWriMo ou National Novel Writing Month ( « mois national d'écriture de roman » ) a été lancé aux État-Unis en 1999 par Chris Baty. Alors que la première édition n'avait réuni que 21 apprentis écrivains, la petite collectivité s'est rapidement développée, avec plus de 552 330 participants issus de 90 pays enregistrés en 2020. Pourquoi tant de succès ? Parce que la méthode fonctionne.
C'est quoi NaNoWriMo ?
La philosophie de NaNoWriMo est simple : privilégier la quantité, pas la qualité. Les créateurs du projet partent du principe qu'écrire est un processus long, douloureux et solitaire, rendu plus aisé par le fait de se regrouper. Durant ce mois de novembre, il n'est pas question de se relire, d'éditer ou même de vérifier l'orthographe du mot « rhododendron. » Il s'agit plutôt de terminer un premier texte long d'au moins 50 000 mots (1666,66 mots chaque jour en moyenne). Pourquoi 50 000 mots ? Car c'est la longueur qui fait qu'un écrit peut officiellement prétendre au titre de roman aux yeux de la plupart des maisons d'édition. (C'est par exemple à peu le nombre de mots que compte Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et L'Attrape-cœurs de J.D Salinger.)
La méthode s'avère efficace, puisque près d'un tiers des participants arrivent à atteindre leur objectif. Tout au long du mois de novembre, ces derniers se retrouvent autour de la même table (ou du même forum) pour partager impressions et conseils (certains sont même délivrés par des auteurs reconnus sous forme de « pep talk » via la plateforme), écrire ensemble et s'encourager, mais aussi pester contre ceux qui arrivent négligemment à boucler « 5K » par jour et s'en vantent sur Twitter.
Évidemment, le roman peut être écrit dans n'importe quelle langue et porter sur n'importe quel sujet, l'important étant que son écriture démarre au plus tôt le 1er novembre à minuit et soit terminée à la même heure le 30 du mois. La participation est gratuite et l'écrivain peut s’inscrire (ou pas) sur la plateforme pour suivre l'avancée de son projet et gagner des badges virtuels au fil de ses progrès. Aujourd'hui, le phénomène a pris tellement d'ampleur que certains participants l'étendent à d'autres mois de l'année, avec NaNoFiMo en décembre, pour National Novel Finishing Month, le mois où l'on termine l'écriture de son roman, suivi de NaNoEdMo en mars, pour National Novel Editing Month, le mois où l'on édite son premier jet. Pourquoi 3 mois entre les deux ? On recommande de laisser « reposer » la première version de son roman quelques temps avant d'y apporter les corrections nécessaires avec un regard neuf.

En octobre, il y a aussi « Preptober », issu de la contraction de « preparation » et « October » : c'est le moment pour les aspirants auteurs de se préparer à NaNoWrimo en rassemblant leurs idées et en faisant le plein de bougies parfumées et snacks en tous genres. Car pour bien se préparer à NaNoWriMo, chacun a sa méthode. Et les membres de la AuthorTube (les Youtubeurs écrivains) ont tous un avis bien tranché sur la question.
Êtes-vous un « planner » ou un « pantser » ?
Dans la sphère NaNoWriMo, deux profils d'auteurs s'affrontent et se taquinent volontiers. Les planners (ceux qui font des plans), qui aiment à réfléchir en amont à la structure de leur histoire et à la coucher minutieusement sur le papier (en général, ils sont aussi adeptes de journaling), et les pantsers, néologisme venant de l'anglais « pants » (pantalon), pour évoquer une personne se baladant les mains dans les poches. Pour les planners, les pantsers sont souvent des beaux parleurs qui parlent d'écrire plus qu'ils n'écrivent et ne terminent jamais leur projet ; pour les pantsers, les planners sont des psychorigides incapables de créativité.
À chacun de trouver la formule qui lui convient, sachant que ladite formule se situe probablement à mi-chemin entre ces deux approches. Pour les planners, Preptober sera l'occasion de peaufiner l'esquisse de leurs personnages et l’organisation de leur narration, en s'appuyant généralement sur la traditionnelle structure en 3 actes. Pour cela, de nombreux outils sont disponibles en ligne, à commencer par le logiciel de traitement de texte Scrivener, très prisé par la AuthorTube. Pour ceux qui souhaitent s'essayer au projet, il s'agit de consulter les nombreux Discord locaux dédies au sujet ou de regarder du côté des rencontres Shut up & Write ! (Écris et tais toi ! ) pour rejoindre d'autres participants autour d'un clavier ou d'un flat white.
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