Des centaines de chercheurs et de spécialistes se sont demandé à quoi pourrait ressembler une vision positive du web d’ici 2035.
Quand on suit de près l’évolution de nos rapports avec les réseaux sociaux, on se retrouve souvent étonné, choqué, blasé, parfois émerveillé, mais assez rarement optimiste sur la suite des événements. Pourtant, inventer le futur demande avant tout de pouvoir l’imaginer de manière un peu plus positive que d’habitude. C’est exactement l’exercice auquel s’est livré le think tank américain Pew Research dans son rapport Vision of the Internet in 2035. Le rapport met en exergue les réflexions, mais aussi les espoirs de plus de 430 chercheurs, entrepreneurs et spécialistes du numérique sur la manière dont les plateformes sociales devraient évoluer pour « faire du monde (virtuel) un meilleur endroit ». Voici quelques pistes de réflexion.
Des plateformes sociales aux règles différentes
Oubliez Facebook, Twitter et le reste. Pour améliorer le web, le rapport du Pew Research estime qu’il faut repenser de fond en comble les plateformes sociales, afin qu’elles puissent être interopérables et qu'elles n’enferment pas leurs utilisateurs avec des algorithmes. Lucy Bernholz, directrice de la Digital Civil Society Lab de l'université de Stanford, estime que les utilisateurs devraient avoir les pleins pouvoirs sur les informations et les données qu’ils génèrent ainsi que sur les règles qui doivent s’appliquer. De manière globale, les plateformes web du futur doivent avoir à cœur de servir l’intérêt des utilisateurs et donner à ces derniers accès aux données récoltées, plutôt que de les vendre dans l’opacité la plus totale à des fins publicitaires.
Des communautés moins toxiques et plus organisées
On sait que le web a tendance à regrouper les gens par communautés et il arrive que ces dernières deviennent parfaitement toxiques ou s’attaquent les unes les autres. Pour éviter cette forme de ségrégation, Stephen Downes, un expert du Digital Technologies Research Centre du Canada, estime que les plateformes doivent permettre plus d'interactions collaboratives entre utilisateurs, à l’image de l’outil duet permettant de faire des comédies musicales sur TikTok par exemple. De son côté, Ethan Zuckerman, directeur de l’Initiative for Digital Public Infrastructure à l’université du Massachusetts à Amherst, imagine que le travail de modération des plateformes pourrait revenir aux internautes les plus impliqués de leur communauté. Jay Owens, un chercheur et consultant sur le sujet de l’innovation, songe quant à lui à des communautés ultra organisées comme celle des fans du groupe de K-pop BTS, mais centrées autour d’enjeux démocratiques locaux (streaming et décryptage du moindre conseil municipal, mobilisation de citoyens par messagerie WhatsApp, responsabilisation de chaque participant au niveau de sa rue, son immeuble, son quartier…).
La fin des influenceurs ?
Ne vous inquiétez pas. Derrière ce titre un peu radical se cache surtout une transformation imaginée par Yvette Wohn, professeure associée et directrice du Social Interaction Lab au New Jersey Institute of Technology. Selon elle, l’économie de la création va poursuivre sa mutation pour permettre le développement du mécénat numérique. Plutôt que de viser une audience toujours plus large, les créateurs de contenu et les makers pourront monétiser leur travail avec un nombre plus réduit de followers.
Des frontières plus floues entre monde numérique et physique
On l’a vu avec l’arrivée des NFT dont la valeur est indexée à des sportifs par exemple ; la frontière entre réel et virtuel se brouille de plus en plus et en 2035, l'émergence du métavers ainsi que de la réalité augmentée devrait permettre une fusion de plus en plus forte entre nos univers numériques et le monde physique. Visite de musée virtuel, concerts live réunissant plusieurs millions de personnes en simultané comme celui de Lil Nas X, ou bien « augmentation virtuelle » des vêtements sont envisagés. Pour cela, il faudra toutefois faire revenir les lunettes connectées permettant de nous relier à cet univers hybride. Google avait déjà essayé en 2011 et on se souvient de la fin de l'histoire…
Participer à la conversation