
Entre trading, plaisir de collectionneur et stratégie footballistique… Ce jeu au gros potentiel addictif réunit les grandes tendances de consommation du moment.
Un jeu en ligne mêlant cartes virtuelles, fantasy football et NFT, qui parvient à boucler la plus grosse levée de fonds de l’histoire de la French Tech (avec 680 millions de dollars récoltés en série B), cela donne forcément envie de tester. Je me suis donc dévouée pour faire un tour sur Sorare, où l'on peut collectionner, acheter, revendre des vignettes virtuelles en édition limitée à l’effigie de joueurs de foot. De quoi constituer des équipes virtuelles et participer à différents championnats.
Collectionner et spéculer : les nouvelles manies des consommateurs
Le jeu se déroule via une application web. Un petit tutoriel m’explique comment monter mon « club » que je baptise de façon très corporate L'ADN FC. À chaque tâche réalisée, je gagne un petit paquet de cartes virtuelles, façon Panini. Sans être ultra fan de foot, le petit plaisir au moment de dévoiler le pack est quand même là. On trouve pêle-mêle des joueurs des championnats européens, mais aussi des ligues asiatiques et de la ligue nord-américaine. Au total, Sorare a noué des partenariats avec 180 clubs.
Pour le moment je n’obtiens que des cartes dites « communes ». C’est le sort de tous joueurs débutants. Pour accéder aux cartes plus rares, il faut payer (ou jouer de manière déraisonnable). Car Sorare n’est pas un simple jeu, c’est aussi un lieu de commerce et de trading. Et c'est certainement l'une des raisons du succès de cette appli ; elle surfe à la fois sur la démocratisation de l'investissement et le succès des paris sportifs.
Direction donc la section « marché » du site, où l’on trouve des cartes plus ou moins rares : de la catégorie limited (1000 exemplaires) à la catégorie unique (un seul exemplaire). Deux possibilités s'offrent à moi : soit proposer une enchère et tenter de remporter la mise, soit acheter directement des cartes à d’autres joueurs en payant la somme qu’ils proposent.
Je voulais Cristiano Ronaldo, j'ai eu Gabriel Silva
Les prix proposés oscillent entre quelques euros et 2,6 millions d’euros pour la plus chère (oui, oui). Ce n’est pourtant pas une tête d’affiche, mais le propriétaire a décidé de tenter sa chance. Rassurez-vous, pour le moment aucune carte n’est partie à ce prix. La vente la plus importante a tout de même atteint 280 000 dollars, pour une carte à l’effigie de Cristiano Ronaldo.
Pressée de faire mon premier achat, je scrute désespérément une tête connue parmi les cartes à bas prix. Je me rabats sur un joueur de l'AS Saint-Étienne, dont le nom m’évoque vaguement quelque chose : Gabriel Silva, défenseur brésilien, vendu 4,30 euros. Après quelques recherches, je me rends compte que c’était une très mauvaise idée. Car Gabriel Silva, blessé dernièrement, joue peu. Peu de chance donc que sa cote monte vite. Me voilà tout de même détentrice d’une longue suite de numéros, l'identifiant de ma carte sur la blockchain Ethereum. Car chaque carte en édition limitée sur Sorare est associée à un NFT, un jeton unique inscrit sur une blockchain, qui permet d’authentifier un objet de collection virtuelle.
Liée au sort de Marco Verratti
Équipée de mes premiers joueurs – une petite dizaine au total, je peux enfin commencer à jouer. Sorare propose une dizaine de championnats. L’un est destiné aux joueurs de moins de 23 ans, un autre aux joueurs européens, un autre aux meilleurs joueurs… Pour les débutants, la seule ligue accessible est la Rookie League. Le petit trader amateur que je suis doit alors se transformer en coach et sélectionner les 5 joueurs (comprendre les cartes) parmi « mon club » qui auront l’honneur de participer à la ligue. Le score de mon équipe dépend directement des performances des joueurs IRL. Si Marco Verratti (milieu de terrain du PSG, qui fait aussi partie de « l’ADN FC » ) fait un bon match contre Metz mercredi 22 septembre, alors sa note Sorare (un score de 0 à 100) progressera, mon score dans le championnat également. Idem pour la valeur de ma collection de cartes.
Pour suivre les performances de mon équipe qui réunit des joueurs du FC Séoul, de l'AS Saint-Étienne, du PSG et du Las Vegas Lights… Il faudra me connecter régulièrement à l’application pour suivre les résultats des différents matchs de mes joueurs qui ont lieu aux quatre coins du monde… De quoi m'inciter à revenir régulièrement sur l’application. Le jeu fait d’ailleurs déjà quelques accros (à en lire cet article de L'Express). Pas sûr que je sois la cible, mais cela fait déjà cinq fois que je guette fébrilement la cote de ce pauvre Gabriel Silva (qui n’a pas bougé d’un poil).
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