L'Équateur mise sur sa diversité biologique et ses réserves naturelles pour se développer sans exploitation outrancière des ressources. Un pari prometteur.
« Nous sommes ici, à Naku, partageant nos traditions et nos connaissances avec vous pour préserver notre culture et montrer au monde qu'il est possible de vivre sans extractivisme (ndlr : l'exploitation massive des ressources de la nature). » C'est par ces mots que Gloria, chef indigène Sapara, accueil un groupe de touristes. Les Sapara, qui vivent près de la frontière entre l'Équateur et le Pérou, sont l'une des 11 nationalités amazoniennes de l'Équateur. Le groupe a été déclaré patrimoine culturel immatériel par l'UNESCO. Problème : ils sont menacés de disparition à cause, entre autres, de l'exploitation pétrolière.
Pour résister aux défis auxquels ils sont confrontés, les Sapara ont créé Naku ( « jungle » en Sapara), un centre d'écotourisme dédié à la « protection de la forêt tropicale, au partage de leur vision du monde et à la génération d'activités économiques résilientes. » Certaines communautés amazoniennes tentent ainsi d'assurer la transition écologique en misant sur la bioéconomie : en profitant des richesses de l'Amazonie de manière responsable. À ce jour, le projet emploie plus de 30 familles, et les revenus générés financent l'éducation et la santé de communauté.
Amorcer une transition énergétique vers une société post-extractive
En Équateur, l'industrie pétrolière génère plus de 7 milliards de dollars chaque année. Alors qu'elle représente un tiers de l'économie du pays, les bénéfices économiques n'ont pas profité aux communautés entourant les champs pétrolifères, où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté. En outre, l'extraction de pétrole a causé de graves dommages, comme en témoigne dans El País l'économiste Alberto Acosta. Celui qui a travaillé pour la compagnie pétrolière d'État Petroecuador reconnaît avoir longtemps cru que le pétrole « était la solution pour sortir l'Équateur de la pauvreté ». Jusqu'à ce qu'il soit nommé ministre de l'Énergie et des Mines et qu'il voit « le monstre de l'intérieur ». Témoin de « la destruction causée par l'activité des hydrocarbures », il est désormais convaincu que l'avenir de l’Équateur doit s'inscrire dans des économies alternatives.
La bioéconomie, une solution viable
En Équateur, la bioéconomie est en pleine croissance. D'après El País, elle devrait représenter plus de 330 milliards de dollars d'ici 2027. Pablo Balarezo, coordinateur de La Fondation Pachamama, estime que compte tenu de la richesse de la biodiversité du pays, cette industrie pourrait s'imposer comme réelle alternative à l'activité pétrolière. D'autant plus que les réserves du pays s'épuisent. Pour Carlos Larrea, chercheur à l'Université Simón Bolívar, l'écotourisme, l'agriculture durable, le commerce vert équitable et la transition vers les énergies renouvelables sont autant d'alternatives économiques clés pour le pays. Si le chemin à parcourir est encore long, Belén Páez, directrice de la Fondation Pachamama, est optimiste : « En seulement deux ans, sur un territoire de 400 000 hectares, plus de 1 200 familles ont reçu des revenus qui ont créé un changement significatif dans leurs ménages », dit-elle en référence à la culture de la vanille. Pour elle, la bioéconomie est une solution viable qui connaît une croissance constante et représente l'aube de nouvelles opportunités, « non seulement pour l'avenir de l'Amazonie, mais pour toute l'humanité ».
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