
Et si la nouvelle valeur à suivre en manière de management était l’humilité ? Dans son ouvrage The Extraordinary Power of Leader Humility, l’universitaire américaine Marilyn Gist l’affirme : les dirigeants arrogants sont de vrais dangers.
Qu’on parle de politique ou de business, les leaders du XXIe siècle l’ont bien compris : pour réussir, il faut être autoritaire, sûr de soi, voire un poil narcissique. Question ego, la taille, ça compte pour sortir du lot. Mais tandis que cette confiance absolue en eux-mêmes peut forger l’inspiration, elle suscite aussi son lot d’inquiétudes. Depuis 20 ans, les théories sur les dangers liés à un management arrogant se multiplient, révèle l’universitaire américaine Marilyn Gist. Dans son ouvrage, The Extraordinary Power of Leader Humility ( « Le Pouvoir extraordinaire de l’humilité chez les dirigeants », en français), elle regrette que des personnalités quasi-dictatoriales représentent encore l’efficacité là où des caractères plus humbles sont – à tort – associés à de la mollesse ou de l’indulgence.
Une question de dignité
Qu’il s’agisse de gouverner un peuple ou de diriger une entreprise, Marilyn Gist explique que la première des choses à faire pour être un leader humble est d’apprendre à considérer la « dignité » des gens dans leur ensemble. Dans un gouvernement, il s’agit de ne pas s’intéresser qu’à une seule classe de la population, mais toutes celles qui la composent, y compris les plus marginalisées. Dans une entreprise, cela peut passer par la consultation de toutes les personnes qui y travaillent – et pas juste les plus hautes fonctions –, de verser des salaires équitables, de ne pas inciter des comportements négatifs par des avantages malvenus, de ne pas sur-récompenser le top management, d’accepter que chaque expérience soit différente et surtout d’en tirer des leçons.
Y a pas qu’Elon Musk et Jeff Bezos dans la vie
Soucieuse de montrer que le succès existe au-delà des dirigeants ultra-médiatisés qu’on veut bien nous montrer, Marilyn Gist donne la parole à 12 CEO dont les qualités sont vantées par leurs équipes, qui s’estiment respectées et valorisées. Parmi eux, Alan Mulally, l’ancien CEO de Ford Motor Company, ou Jim Sinega, co-fondateur de Costco. On est donc plutôt sur du gros calibre, des modèles qui réussissent à grande échelle, et qui sont – à l’inverse de certains succès made in Silicon Valley – rentables.
Un guide utile en cas de crise
Dans les colonnes de Quartz, Marilyn Gist précise qu’elle n’est pas là pour livrer une nouvelle théorie sur le leadership. Son ambition est plutôt de guider les dirigeants et dirigeantes sur la voie de l’humilité. Sa méthode consiste à adresser trois questions aux leaders : qui êtes vous ? Où allons-nous ? Me voyez-vous ?
Niveau timing, Marilyn Gist aurait pu difficilement faire plus utile. Alors que le monde est en crise et que celles et ceux qui nous dirigent peinent parfois à s’en sortir, l’humilité pourrait être un atout de mise. L’auteur et conférencier spécialiste du chaos Bruno Marion estime d’ailleurs que faire preuve d’humilité dans nos discussions et échanges pourrait faire émerger les meilleures solutions. « Les bonnes idées peuvent venir de partout, de tout le monde et pas forcément des spécialistes ou des chefs », estime-t-il. Des règles que la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a appliqué à la lettre dès le moins d’avril. Résultat : il n’aura fallu que quatre semaines au pays pour éliminer quasiment totalement le coronavirus.
Allez, on refait rimer « humilité » et « efficacité » ?
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