Illustration homme dépité devant son miroir

Arnaque à l'amour : le stalking en ligne se propage

© Felipe Novoa

Harcèlement, escroquerie et espionnage obsessif... Les arnaques sentimentales en ligne se portent bien, merci pour elles.

Selon la dernière étude de Norton, spécialiste de la cybersécurité, les arnaques sentimentales sur les sites et applications de dating constituent une menace croissante. En effet, un quart des adultes français interrogés ont déjà été victimes d'une arnaque sentimentale. Une mouvance qui suscite une grande défiance, dans un contexte de propagation du stalking en ligne. Une réalité qui complexifierait encore un peu plus le parcours dans la quête de l'amour. « Après le phénomène Netflix, L’arnaqueur de Tinder, en 2022, Norton s'est penché sur les conséquences des arnaques amoureuses. Des conséquences qui modifient profondément notre rapport à l'amour, dans un contexte de grande méfiance : pertes financières, perte de confiance et harcèlement en ligne », explique Stéphane Decque, Norton Senior Manager France chez Gen.

L'amour a-t-il un prix ?

Alors que 25 % des sondés indiquent avoir déjà été victimes d'une escroquerie sentimentale en ligne, 55 % d’entre eux déclarent avoir subi des pertes financières à hauteur de 139 euros en moyenne. Pourtant, peu de Français ont recours à des mesures préventives pour les éviter : seuls 13 % des personnes interrogées utilisent un autre nom que leur patronyme complet sur une application ou un site de rencontre, et 7 % d'entre elles ont partagé leur localisation avec un ami avant une première rencontre. Selon Catherine Lejealle, sociologue et chercheuse à l'ISC Paris, les arnaques à l'amour sont désormais ancrées dans notre réalité. « Les adultes français ont un usage massif et intensif du numérique tout au long de leurs relations amoureuses. Stalker, harceler, voire parfois escroquer. 10 % des Français ont déjà refusé de rencontrer un potentiel partenaire à cause de lourdes suspicions d’arnaques contre 44 % après avoir découvert des informations troublantes au sujet de leur potentiel partenaire. Des chiffres qui démontrent que nos informations personnelles en ligne peuvent dépasser le public initialement prévu, d'où l'importance de prendre des précautions en protégeant sa vie privée et ses données », souligne-t-elle.

Le stalking prend de l'ampleur

Un sentiment de méfiance qui contribue à l'apparition du stalking en ligne chez les personnes ayant déjà utilisé une application ou un site de rencontre. Ainsi, 63 % des adultes sondés admettent avoir espionné un partenaire potentiel en ligne. Comment ? En consultant son profil sur les réseaux sociaux (34 %), en tapant son nom dans un moteur de recherche (26 %), en consultant son profil professionnel sur les réseaux sociaux (22 %), ou en recherchant ses amis ou sa famille sur les réseaux sociaux (18 %) ; 8 % ont même déjà payé pour une vérification des antécédents.

Notre empreinte en ligne pourrait d'ailleurs faire obstacle à la construction de relations amoureuses. La recherche d'information a déjà conduit 44 % des utilisateurs de sites de rencontres en ligne à annuler un rendez-vous après avoir découvert des informations considérées comme troublantes. Lesquelles ? Mensonge sur ses informations personnelles (17 %), photos en ligne qui ne correspondent pas à leur profil (12 %), découverte d'informations troublantes sur leur famille (8 %), photos en ligne dérangeantes (8 %), affiliation politique (8 %), ou même leur casier judiciaire (8 %).

La fin de l'amour ?

Les adultes vivant une relation amoureuse se livrent également au stalking en ligne. Ainsi, 35 % des personnes interrogées admettent avoir pris des nouvelles de leur partenaire ou ex-partenaire à leur insu ou sans leur consentement. Comment ? Le plus souvent en vérifiant les messages, appels téléphoniques, messages directs, courriels ou photos sur leur téléphone (15 %) et en consultant l'historique de leurs recherches sur l'un de leurs appareils (9 %). 7 % avouent avoir utilisé les mots de passe de leur partenaire/ex-partenaire pour accéder à leur appareil ou à leurs comptes en ligne.

Enfin, même si les chiffres restent relativement faibles, de nouveaux types de comportements émergent. En effet, 7 % des personnes interrogées admettent avoir créé un faux profil pour espionner leur partenaire sur les réseaux sociaux, ou les suivre via une application de partage de localisation. Parmi les raisons invoquées : la méfiance ou le soupçon (27 %) et la curiosité (26 %). Mais aussi l’identification d'un changement de comportement chez leur partenaire (20 %). Dans certaines relations, ce sentiment de méfiance semble réciproque : 7 % de ceux qui ont essayé de prendre des nouvelles d'un ex disent l'avoir fait après avoir découvert que leur partenaire le faisait de son côté.

GenZ et millennials accepetent le stalking en ligne

Enfin, si la familiarité avec les « stalkerware » ou « creepware » (applications de stalking) reste relativement faible parmi les Français en général, 69 % n'en ont jamais entendu parler, l'étude révèle d'importantes différences générationnelles. En effet, si dans une large majorité les Français condamnent le stalking en ligne, la GenZ et les millennials semblent plus enclins à ce type de comportements.


Méthodologie : étude réalisée en ligne en France, du 29 novembre au 19 décembre 2022, par The Harris Poll pour le compte de Norton LifeLock auprès de 1 002 adultes (âgés de 18 ans et plus).

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Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier les tendances conso.
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