Un jeune père et son fils dans les bras

Étude : on ne naît pas père, on le devient... et c'est dans le cerveau que cela se passe

© Derek Owens

De nombreuses études ont démontré que la maternité a le pouvoir de modifier la structure du cerveau des mères. Mais selon une étude, la paternité modifierait aussi le cerveau des hommes.

Malgré la participation croissante des pères aux soins et à l'éducation des enfants, il existe étonnamment peu de recherches sur la façon dont la paternité affecte les hommes. La paternité remodèle-t-elle le cerveau et le corps des hommes de manière à motiver leur rôle parental ? C'est ce que révèle une récente étude qui a démontré que le cerveau des papas change aussi.

Chez les hommes aussi la parentalité est transformatrice

Les effets de la grossesse sur le cerveau des mères sont prouvés. Dans une récente étude, des chercheurs espagnols ont scanné le cerveau de femmes avant leur grossesse puis à nouveau deux mois après l'accouchement. Constat ? Les changements cérébraux étaient si prononcés qu'un algorithme pouvait facilement différencier le cerveau d'une femme qui avait vécu une grossesse de celui d'une femme sans enfant. Mais qu'en est-il des pères qui ne vivent pas physiquement la grossesse ?

Selon une étude réalisée dans le cadre du projet BeMother par l'université de Californie du Sud à Los Angeles et de l'Institut de recherche en santé Gregorio Marañón de Madrid, la paternité impacterait également le cerveau des hommes. Menées sur un groupe de 40 hommes (20 vivants en Espagne et 20 en Californie), les analyses ont permis d'observer « plusieurs changements significatifs dans le cerveau des pères, de la période prénatale à la période postnatale, qui ne sont pas apparus chez les hommes sans enfant que nous avons suivis pendant la même période », ont indiqué les chercheurs.

Les changements cérébraux sont apparus dans des régions du cortex qui contribuent au traitement visuel, à l'attention et à l'empathie envers le bébé. Ce que les neuroscientifiques appellent la plasticité cérébrale induite par l'expérience (comme les changements cérébraux qui se produisent lorsqu'on apprend une nouvelle langue ou à jouer d'un instrument de musique). L’étude a même révélé que les pères pouvaient être touchés par la dépression post-partum.

Qu'est-ce qui remodèle le cerveau d'un nouveau père ?

Le degré de plasticité cérébrale chez les pères pourrait être lié à la façon dont ils interagissent avec leur bébé. Or, si l'implication des pères n'a jamais été aussi prédominante, elle reste toutefois moindre que celle des mères. C'est pourquoi les changements cérébraux observés chez les hommes sont plus subtils (presque deux fois moins importants) que ceux observés chez les mères.

L'étude a également révélé que le groupe de pères espagnols, qui bénéficient en moyenne de congés paternité plus longs que les Américains, « a affiché des changements plus prononcés dans les régions du cerveau qui soutiennent l'attention dirigée vers un objectif, ce qui peut aider les pères à s'adapter aux signaux de leurs nourrissons, par rapport aux pères californiens. » Toutefois, à ce stade, l'équipe de chercheur a indiqué être dans l'incapacité de déterminer si c’est le temps consacré aux soins du nouveau-né qui explique ces changements cérébraux, ou si ce sont ces changements cérébraux qui poussent les jeunes pères à être davantage impliqués auprès de leur bébé.

Si d'autres recherches sont nécessaires pour affiner ces découvertes, cette étude soulève toutefois la question du rôle des politiques familiales dans l'implication des hommes et plus spécifiquement celui du congé paternité comme facteur d'engagement des pères.

portrait de femme

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier les tendances conso.
commentaires

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  1. Avatar Laurent dit :

    Il serait intéressant de savoir ce que cela donne si le père prend son congé parternité seulement à partir du moment où la mère retravaille et que le père se retrouve seul à s'occuper du bébé. Est-ce un moyen par cette relation plus étroite d'avoir un lien plus fort entre le père et son enfant ?

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