
Certains portent bien un bracelet connecté pour mesurer leur rythme cardiaque, donc pourquoi pas des écouteurs pour analyser les signaux émis par leur cerveau ? C’est le pari de NextSense, une startup née chez Alphabet, la maison-mère de Google.
Le cerveau est un terrain à conquérir pour le secteur de la tech. Elon Musk envisage sérieusement de commercialiser des implants cérébraux. Mark Zuckerberg songe à des lunettes de réalité augmentée contrôlables par la pensée... Dernier exemple du genre : NextSense, une jeune entreprise qui souhaite analyser les signaux émis par le cerveau en passant par les oreilles.
Le Fitbit du cerveau
Cette startup née en 2016 dans la division X d’Alphabet (maison-mère de Google), met au point des écouteurs capables d’enregistrer un électroencéphalogramme, c’est-à-dire l’activité électrique du cerveau. Un peu à la manière d’une montre connectée ou d’un bracelet Fitbit qui enregistre l’électrocardiogramme de son propriétaire.
Lors d’une conférence en mars 2022, Jonathan Berent, le fondateur de NextSense, expliquait vouloir créer un moyen d’ « auto-monitorer » son cerveau.
NextSense compte s’attaquer à différentes pathologies : crise d’épilepsie, maladies liées au sommeil, déclin cognitif lié à l’âge, mais aussi dépression… Son application la plus avancée est la prévention des crises d’épilepsie. En analysant les signaux envoyés par le cerveau, l'algorithme de NextSense serait capable de prédire les crises d’épilepsie, et donc de les prévenir. Concrètement, l’appli reliée aux écouteurs pourrait être ainsi capable de transmettre à un patient atteint d’épilepsie le message suivant : aujourd’hui vous encourez un haut risque de faire une crise. Et celui-ci pourrait adapter sa journée en fonction, en évitant d’escalader une montagne ce jour-là par exemple, et en ajustant son traitement en conséquence.
Une commercialisation prévue en 2024
Pourquoi passer par les oreilles ? Car elles seraient « la clé USB du cerveau », avance Jonathan Berent. L’entrepreneur parie aussi sur l’utilisation déjà massive des écouteurs car des centaines de millions de personnes en ont déjà un usage quotidien. Le dispositif s’avère donc nettement moins invasif que les dispositifs utilisés par les services médicaux, qui sont de plus très chers et complexes à manipuler. Et il est censé être plus agréable que les casques grand public équipés de capteurs pour mesurer l'activité cérébrale – des équipements qui existent déjà sur le marché, mais qui sont loin d’être démocratisés. « Si les écouteurs arrivent à des résultats aussi satisfaisants que les appareils à électroencéphalogramme classiques, cela serait fantastique », estime Arshia Khan, une neurologue interrogée par Wired, qui consacre un long article à NextSense.
NextSense, qui est aujourd’hui indépendante d’Alphabet, a réussi à lever 5,3 millions de dollars, rapporte Wired. La startup a signé plusieurs partenariats avec des entreprises de l’industrie pharmaceutique et des universités. La jeune pousse espère obtenir un accord de la FDA en 2024 pour pouvoir se lancer commercialement. Au-delà de l’aspect médical, Jonathan Berent veut faire de ses écouteurs un produit grand public : en plus d’écouter de la musique, ils permettraient d’augmenter ou de réduire un son, et de collecter des données sur son activité cérébrale pour obtenir des informations sur son humeur, son sommeil, sa concentration…
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