champignons hallucinogènes

MDMA et champignons hallucinogènes : l’Australie ouvre la voie aux thérapies psychédéliques

© Iryna Imago

L'Australie autorise désormais la prescription de ces puissants psychotropes à des fins médicales.

La Therapeutic Goods Administration (TGA), l'autorité gouvernementale responsable de la réglementation des médicaments en Australie, annonce que les « psychiatres autorisés » pourront prescrire de la MDMA et de la psilocybine, l'ingrédient actif des champignons « magiques », pour traiter le trouble de stress post-traumatique (SSPT) et la dépression.

Santé : l'Australie légalise deux substances psychotropes

C'est une première mondiale : l'Australie a annoncé qu'elle reconnaîtrait officiellement la MDMA et la psilocybine comme médicaments à compter du 1er juillet prochain. Une décision surprenante puisque fin décembre 2021, le même organisme de réglementation avait décidé de ne pas déclasser les médicaments à utiliser dans un contexte médical. Pour justifier sa décision, l’Agence australienne du médicament mentionne l’absence de solution pour les patients atteints par certaines formes de maladies mentales chez qui les traitements « classiques » restent sans effet, comme le stress post-traumatique dont souffrent par exemple certains soldats de retour du front.

Des prescriptions strictement encadrées

Pour qu'un praticien puisse obtenir le feu vert à la prescription de ce genre de traitements, différentes étapes seront nécessaires. Tout d'abord, les psychiatres devront être approuvés par un comité d'éthique, puis par le TGA dans le cadre du programme australien de « prescripteurs autorisés ». Un agrément nécessaire pour Simon Ruffell, psychiatre et chercheur principal au Psyche Institute de l'université de Melbourne, pour qui tous les psychiatres ou psychologues n'ont pas les compétences pour administrer ce type de thérapies en toute sécurité. « Je pense qu'une grave erreur serait de penser que les qualifications psychiatriques et psychologiques sont transférables aux substances psychédéliques sans formation supplémentaire », a-t-il déclaré.

Notons qu'à ce jour, la TGA n'a pas encore fourni de détails concernant les normes de formation minimales requises pour que les psychiatres deviennent des prescripteurs autorisés. Une fois l'agrément obtenu, le psychiatre devra prouver pour chaque patient concerné qu'il peut justifier et encadrer cliniquement ce type de traitement et qu'il utilisera des mesures appropriées pour protéger les patients. (Le type de mesures n'a pas encore été détaillé par la TGA).

Certains experts comme Simon Ruffel craignent que l'Australie ne mette la charrue avant les bœufs en termes de sécurité et d'effets à long terme de ces traitements : « Les données les plus longues dont nous disposons sont de 12 mois. Nous n'avons même pas encore examiné les données à plus long terme ». D'autres envisagent les bénéfices pour les patients : « En particulier dans le cas de résistances aux traitements, les effets de ces substances pour traiter la dépression pourraient être vraiment énormes », déclare Daniel Perkins, professeur agrégé adjoint au Centre de santé mentale de l'université de Swinburne et chercheur principal à l'université de Melbourne.

États-Unis, Suisse : d'autres pays ont sauté le pas

Notons qu'en Australie ces traitements ne seront pas couverts par l'assurance maladie. Un obstacle financier dans l'accès aux soins selon Daniel Perkins pour qui : « il s'agira donc probablement au départ d'une thérapie pour les personnes relativement aisées. »

Les thérapies psychédéliques ont fait leur entrée dans la pratique thérapeutique il y a plusieurs décennies. L’usage de ces substances provoquant des états modifiés de conscience ont déjà fait l'objet de nombreux essais cliniques. Depuis le début de l'année 2023, l'Oregon est devenu le premier État américain à autoriser l'utilisation de la psilocybine pour traiter des adultes « sous la supervision d'un facilitateur certifié par l'État ». Et si la substance reste à ce jour un médicament expérimental non approuvé aux États-Unis, la Food and Drug Administration a indiqué qu'elle approuvera la MDMA pour le traitement du SSPT en 2024. En Suisse, un nombre limité de psychiatres sont autorisés à utiliser le LSD et la MDMA dans certaines psychothérapies.

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Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier les tendances conso.
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