On se doutait bien que la crise sanitaire et le confinement allaient avoir un impact sur notre santé mentale. Grâce à une étude de l'Ifop et de la Fondation Jean Jaurès, on a les chiffres et ils font froid dans le dos.
Dès le premier confinement, en même temps que les conséquences économiques de la crise sanitaire, une question nous occupait l’esprit. Quel allait être l’impact sur notre santé mentale ? En version pro comme du côté perso, difficile de chiffrer ce « coût psychologique » de la crise. Alors que la France vit son deuxième confinement de l’année, l’Ifop et la Fondation Jean-Jaurès dévoilent les résultats d’une enquête sur les risques suicidaires liés au Covid.
Les chiffres importants de l’étude
Parmi les chiffres dévoilés par cette étude, il y en a un qui est particulièrement impressionnant. En 2020, une personne sur cinq a sérieusement envisagé de mettre fin à ses jours. Parmi elles, 27% ont fait une tentative de suicide qui a entraîné une hospitalisation. C’est 5% de plus qu’il y a quatre ans.
Autre enseignement important de l’enquête, c’est la période du déconfinement qui a été la plus dangereuse. Parmi les personnes ayant envisagé le suicide, 11% ont eu ces idées noires pendant le confinement contre 17% après cette période. D’après Michel Debout, professeur de médecine légale et membre de l’Observatoire national du suicide, qui a dirigé cette enquête, la période du confinement a été relativement protectrice quant aux risques suicidaires, empêchant notamment pas mal de passages à l’acte.
Enfin, nous ne sommes pas tous égaux face aux pensées suicidaires. L’étude distingue ainsi trois catégories de Français et Françaises surexposées : les artisans, les chômeurs et les chefs d’entreprise. Plus d’un quart d’entre eux ont imaginé sérieusement en finir.
Une deuxième vague, pire que la première ?
En pleine deuxième vague épidémique, cette étude ne laisse rien présager de bon. Ce deuxième confinement – et le déconfinement qui suivra – pourraient même être bien plus violents que les premiers, note l’étude. Lors du premier confinement dominé par l’urgence sanitaire, on avait vu une grande vague de solidarité, notamment à l’égard des professionnels qui devaient continuer d’assurer leur travail. Mais ce deuxième confinement n’a rien à voir, insiste Michel Debout. Cette fois-ci, il s’agit de limiter les contacts humains tout en maintenant l’activité des entreprises, c’est-à-dire « vouloir réussir deux objectifs opposés en même temps ».
Entre colère et incompréhension, les artisans et dirigeants de TPE subissent ce nouveau confinement de plein fouet alors même que c’est parmi eux qu’on observe « la plus forte proportion de pensées suicidaires », s’inquiète l’étude. Même si aux quatre coins du pays, des initiatives pour sauver les commerces indépendants émergent, d’après l’étude, en matière de santé mentale, le pire reste à venir.
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