
En tout cas, c’est l’avis de Brian D. Earp et Julian Savulescu, philosophes spécialistes de la bioéthique.
Il n’y a qu’à voir le succès de Marriage Story, le film de Noah Baumbach nommé aux Oscars, pour se convaincre que les couples en crise continuent de nous fasciner. Passage obligé d’un moment de vie douloureux : la thérapie de couple. Dans ce domaine, les figures imposées sont toujours les mêmes : on parle, on communique, on extériorise, on verbalise. Parfois, ça fonctionne.
Pour renforcer l’efficacité des thérapies de couple, Brian D. Earp et Julian Savulescu misent sur la drogue. Le premier est spécialisé en sciences cognitives, le second en neurosciences. Tous les deux sont philosophes à l’Université d’Oxford, membres du Uehiro Centre for Practical Ethics, et s’intéressent aux questions de bioéthique. Dans leur ouvrage Love Drugs: The Chemical Future of Relationships paru début 2020, ils s’interrogent sur les bienfaits des drogues sur nos relations sociales. C’est vrai qu’à l’heure où l’on fait des retraites entre collègues à l’ayahuasca, et du microdosing au bureau, pourquoi ne pas aussi mixer drogues et vie amoureuse ?
L’ecstasy, des rave parties au cabinet de psy
Les deux philosophes, qui disposent d’un sérieux background en sciences, fondent leur argument sur le fonctionnement de notre cerveau. D’un point de vue neurologique, l’amour n’est qu’un cocktail d’hormones. Testostérone, oestrogène, ocytocine, sérotonine, dopamine et leurs amies sont responsables de nos émotions. Et peuvent donc être contrôlées chimiquement.
Les deux chercheurs notent d’ailleurs que la recherche sur les effets thérapeutiques de drogues progresse. Les champignons hallucinogènes, l’ectasy et le LSD font déjà l’objet d’études. Et comme nous le rappelait le sociologue Fabrice Nadjari, « dans les années 1950, le LSD était prescrit aux patients atteints d’alcoolisme ou de dépression avant de devenir un symbole emblématique de la contre-culture et d’être classé comme stupéfiant ».
Aujourd’hui, la MDMA, un dérivé de l’ecstasy plutôt consommé dans les soirées que dans les cabinets de psychologues, est testée dans le cadre de psychothérapies de stress post-traumatique. Et les résultats sont prometteurs. En Angleterre, une psychologue de l’Imperial College London a déjà mis au point en une thérapie assistée par champignons hallucinogènes.
Dans une tribune publiée sur Vox, les deux chercheurs affirment donc l’importance « d’étudier les effets de ces drogues sur l’expérience relationnelle. » Grâce à la sérotonine qu’elle permet au cerveau de relâcher, la MDMA est d’ailleurs appelée drogue de l’amour. Il n’y a donc qu’un pas avant qu’elle ne devienne une adjuvant à la thérapie de couple.
Prendre de la MD, c’est tricher ?
Spécialistes de la bioéthique, les deux auteurs se penchent longuement sur les dangers d’une telle thérapie relationnelle. Ils insistent sur l’importance de bien de distinguer l’adjuvant de la thérapie. La drogue, quelle qu'elle soit, ne remplace pas le travail du psychothérapeute mais vient renforcer son effet.
Autre problème éthique posé par l’usage de stupéfiants lors d’une thérapie de couple : la vulnérabilité de chaque individu lors de la prise d’un produit qui modifie les perceptions du sujet. Brian D. Earp et Julian Savulescu préconisent donc de débattre et définir précisément les situations et personnalité qui rendent l’usage de drogues thérapeutiques dangereux. Un encadrement rigoureux pour éviter les dérives, donc.
Enfin les deux philosophes s’interrogent sur un point de leur domaine de prédilection. Utiliser une drogue pour rester amoureux, ça ne serait pas un peu de la triche ? Pas pour Brian D. Earp et Julian Savulescu qui rappellent qu’on ne parle pas d’un philtre d’amour miracle pour faire fondre son crush mais plutôt d’un moyen de se reconnecter à l’autre sous le contrôle d’un thérapeute formé à la pratique. L'amour n'est pas mort, mais a juste besoin d'un petit shoot.
L'Amour le véritable où donc est-il passé ? Notre couple a traversé en plusieurs décennies des périodes de toutes les couleurs, sur toutes les gammes, via l'extrême pauvreté, via des malheurs affrontés ensemble, sans drogues. Nous acceptons les périodes "creuses" même durables, il suffit de parler d'Amour pour se rendre compte que c'est bien cela l'Essentiel. Et tant de choses nous intéressent en commun et tant de câlins. Autour de nous, que des divorces surtout justement après consommation de drogues ou d'alcool de l'un des conjoints, autour de nous de jeunes célibataires qui ne savent plus ce qu'est l'Amour et donc qui ne le cherchent même plus mais recherchent pour beaucoup de plus en plus hélas plus assidûment la drogue. Pour trouver ce que l'on cherche il faut en avoir une juste définition et plus personne ne semble prendre la peine de ressentir une définition. J'ajouterais aussi que je suis une survivante d'un trauma trés grave de jeunesse et en aucun cas je ne m'orienterais vers ce genre de solution à base de drogues : tout simplement parce qu'il est nécessaire de fortifier son psychisme de la manière la plus saine possible et non pas artificiellement, et donc il faut accepter les durs moments et les gérer en toute lucidité et non à travers des neurones transformées en lucioles. Si j'avais pris de la drogue après mon trauma, pour sûr je serais complètement foutue car un trauma est essentiellement un contenu volcanique. De même je rétorque à d'autres spécialistes qui disent qu'il faut oublier pour s'en sortir après un trauma jusqu'à préconiser une hypnose pour l'oubli : non, justement, pour s'en sortir, il faut bien s'en souvenir et savoir vivre avec même si ce n'est pas évident. J'avais oublié la scène de mon traumatisme et c'est justement lorsque la mémoire m'est revenue que j'ai mieux vécu plus solidement ma vie malgré des séquelles durables qu'il faut justement accepter et non pas occulter. Si l'on décrète qu'il faut oublier pour mieux vivre alors jetons tous les livres d'Histoire à la poubelle et nous verrons où va l'Humanité. Nous sommes tous construits individuellement ou socialement sur du passé personnel ou collectif et cela comporte des moments difficiles qui font justement partie de notre réalité. Nous ne sommes pas des êtres virtuels et nous ne vivons pas dans une société virtuelle et nous n'avons pas à devenir du virtuel anesthésié de tout.