Avec 8 millions de personnes touchées, la France connaît une forte augmentation de cas d'obésité. Une tendance qui inquiète les responsables de la santé publique.
Jusqu'ici épargné, l'Hexagone a vu son nombre d'adultes en surcharge pondérale doubler entre 1997 et 2020. Huit millions de Français sont aujourd'hui atteints d’obésité, soit 17 % de la population adulte. Un problème de santé publique qui révèle de profondes inégalités.
« L'autre pandémie »
En juin 2022, dans un rapport d'informations baptisé « Surpoids et obésité, l'autre pandémie », le Sénat s'alarmait de la hausse alarmante du nombre de cas d'obésité. Bien que le taux d'obésité en France reste inférieur à celui des États-Unis (40 %), du Mexique (33 %) ou de la Grande-Bretagne (26 %), la tendance inquiète les responsables français de la santé publique. En effet, l’obésité est aujourd’hui une des causes principales de décès dans le monde. Pour s'attaquer au problème, le gouvernement a mis en place un groupe de travail, sous la direction de Martine Laville, professeur de nutrition à Lyon.
L'obésité est un problème de santé complexe aux causes multifactorielles à la fois individuelles (habitudes alimentaires, activité physique, niveau de sédentarité, génétique, prise de médicaments, maladies dont maladies mentales…) et externes (l'évolution des modes de vie, l’industrialisation de l’alimentation et l’accès à celle-ci...). Maladie chronique, elle représente un facteur de risque aggravant pour d'autres pathologies telles que le diabète, l'insuffisance cardiaque ou encore les problèmes articulaires. On parle alors de comorbidités.
L'obésité est un problème social
Ce problème de santé publique révèle en outre de profondes inégalités. Ainsi, les chiffres révèlent que les personnes à faibles revenus sont plus durement impactées. Selon l'Observatoire des inégalités « L’obésité est deux fois plus fréquente chez les ouvriers et les employés que chez les cadres supérieurs. » Le rapport du Sénat, révèle que le taux d'obésité chez les ouvriers atteignait 18 % en 2020, alors qu'il était inférieur à 10 % chez les cadres. Les pratiques alimentaires, le rapport au corps et en particulier à la minceur ne sont pas les mêmes selon les milieux sociaux. En effet, pratiquer un sport, une alimentation diversifiée et saine où encore la consultation régulière d'un médecin limitent le risque de devenir obèse. Les familles les plus démunies ne disposent pas de revenus leur permettant d’avoir une alimentation de bonne qualité. Elles sont aussi pénalisées sur le plan de l'activité physique n'ayant pas les moyens de s’inscrire dans un club sportif, où vivant dans des régions qui manquent de piscines, de gymnases, etc.
« La grossophobie fait mal »
En plus d'avoir des conséquences graves sur la santé physique des personnes, l'obésité en a également sur la santé mentale (mésestime de soi, sentiment d’exclusion et d’incompréhension, états dépressifs...), l'obésité étant régulièrement stigmatisée dans des sociétés qui célèbrent la minceur. « La grossophobie fait mal », a ainsi déclaré Marianne James, auteure-compositrice-interprète pesant 138 kg, qui a récemment fait la Une du magazine Femme Actuelle. Pour lutter contre la stigmatisation en 2017, la France a ainsi interdit l'utilisation de mannequins trop maigres. Le rapport sénatorial insiste également sur l'aspect éducatif comme moyen de lutter contre l’obésité et préconise d'agir « par l’éducation alimentaire plutôt qu’en culpabilisant les individus. » Il rendra son rapport en mars.
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