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Les champignons menacent la sécurité alimentaire mondiale

© The Last of Us / naughty Dog

Les scientifiques lancent l'alerte : les infections fongiques pourraient avoir des effets de plus en plus « dévastateurs » et anéantir les approvisionnements alimentaires mondiaux.

Selon un rapport publié dans la revue Nature, les attaques fongiques à croissance rapide sur les cultures les plus importantes du monde menacent l'approvisionnement alimentaire futur de la planète. Les scientifiques avertissent : « Ne pas lutter contre les agents pathogènes fongiques pourrait conduire à une catastrophe sanitaire mondiale ».

Les cultures du monde entier menacées

On s'inquiète davantage des agents pathogènes qui affectent les humains (virus et bactéries) qu'à ceux qui s'attaquent aux plantes. Et pourtant, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le charbon du maïs ou la rouille noire pourraient avoir des conséquences aussi dramatiques qu’Ebola ou E. coli (Escherichia coli). À ce jour, les pertes concernant cinq des cultures les plus riches en calories au monde sont déjà colossales : riz, blé, maïs, soja et pommes de terre. Au niveau mondial, les agriculteurs perdent chaque année entre 10 et 23 % de leurs récoltes. Soit l'équivalent d'une quantité de nourriture qui pourrait fournir « 2 000 calories par jour à plus de 600 millions de personnes pendant un an », indiquent les experts.

Selon Sarah Gurr, phytopathologiste à l'Université d'Exeter, on est encore loin de la série The Last of Us, où le Cordyceps, un champignon capable de parasiter différents insectes, transforme les humains en zombies. Elle prévient toutefois : « Bien que ce scénario relève de la science-fiction, nous avertissons que nous pourrions voir une catastrophe sanitaire mondiale causée par la propagation rapide des infections fongiques. La menace imminente ici n'implique pas de zombies, mais la famine mondiale. »

Le changement climatique : un facteur aggravant

L'impact des maladies fongiques devrait s'aggraver en raison de la crise climatique. Depuis les années 1990, les pathogènes fongiques se déplacent vers des latitudes plus élevées, à un rythme d'environ 7 km par an. Des températures plus élevées qui entraînent l'émergence de nouvelles variantes de pathogènes fongiques (résistant au traitement classique), tandis que les tempêtes extrêmes propagent leurs spores. Ainsi, des infections par la rouille de la tige du blé, qui surviennent normalement sous les tropiques, ont déjà été signalées en Angleterre et en Irlande. Selon les chercheurs, le réchauffement climatique augmenterait la tolérance à la chaleur de certains champignons, augmentant la possibilité qu'ils changent d'hôtes pour infecter les animaux à sang chaud et les humains. Le professeur Eva Stukenbrock, de l'université de Kiel en Allemagne, coauteur du rapport, alerte : « Alors que notre population mondiale devrait augmenter en flèche, l'humanité est confrontée à des défis sans précédent en matière de production alimentaire. Nous assistons déjà à des pertes massives de récoltes dues à des infections fongiques, qui pourraient subvenir aux besoins de millions de personnes chaque année. Cette tendance inquiétante ne peut que s'aggraver dans un monde qui se réchauffe. »

Les scientifiques réclament des fonds

De nouveaux pesticides sont en cours de développement : une équipe de l'université d'Exeter a récemment découvert des composés qui se sont avérés efficaces pour lutter contre les champignons infectant le blé, le riz, le maïs et les bananes. Les moyens font cependant défaut : 24 millions de livres sterling ont été alloués à la recherche sur les cultures fongiques sur la période 2020-2022 contre 550 millions pour la recherche sur le Covid-19. Le message de Sarah Gurr est sans appel : « Si nous n'avons pas assez à manger, la malnutrition nous tuera avant que nous n'attrapions quelque chose comme le Covid-19. Mais notre domaine de recherche est absolument sans le sou par rapport à toutes les maladies médicales que vous pouvez imaginer. »

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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