
Pour savoir qui pèse dans le game sur Twitter, TikTok ou Instagram, la startup Favikon lance son Observatoire des politiques. Parmi eux : plusieurs candidats à la Présidentielle.
Amené à être remis à jour tous les mois, ce classement de 65 personnalités politiques pourrait donner de sérieuses indications sur la direction de la prochaine Présidentielle. On vous explique pourquoi.
J'fais repérage de politiques sur les réseaux
Sans grande surprise, les premières places du podium sont raflées par Emmanuel Macron (La République en Marche!), Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) et Marine Le Pen (Rassemblement National), suivis de près par Bruno Le Maire, Marion Maréchal Le Pen, Édouard Philippe, Laurent Wauquiez (Les Républicains) et Florian Philippot (Les Patriotes). Parmi les plus mauvais élèves des réseaux sociaux : Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Jean-Christophe Lagarde (Union des démocrates et indépendants), et Olivier Besancenot (Nouveau Parti anticapitaliste).
Audience, engagement et appuis
Pour établir depuis Station F son classement de ces hommes et femmes politiques, Favikon a passé au crible les 6 plus grandes plateformes sociales que sont Facebook, Twitter, TikTok, YouTube, Instagram, LinkedIn, en s'attardant sur 4 volets :
- La portée de l'audience : l’audience cumulée sur tous ses réseaux sociaux, c'est-à-dire le nombre d’abonnés au total.
- La qualité des réseaux : le taux de croissance (combien d'abonnés en plus chaque mois), le taux d'engagement (combien de likes, partages et commentaires génèrent les publications) et l'activité (la récurrence des publications). Malgré ses quelques 300 000 abonnés sur Facebook, Christiane Taubira, qui n'a pas posté depuis près d'un an, ne peut guère se targuer d'être influente...
- La diversité des réseaux : la quantité de réseaux sur lesquels sont présents les personnalités, qui sert à mesurer leur capacité à élargir leur cible. Sur 65 politiques, seuls Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sont présents sur les 6 plateformes, tandis que les autres se contentent globalement de Twitter et Facebook, avec tout de même près de la moitié des concernés sur Instagram. Mention spéciale pour le leader de la France Insoumise, qui s'aventure même sur Twitch.
- La puissance du parti, ou le phénomène de l'amplification : au-delà de l'audience, la capacité qu'ont ces personnes à être relayées par des alliés, par d'autres personnes influentes, à l'instar de Marlène Schiappa sur Twitter. À l'inverse, Florian Philippot, isolé politiquement, ne bénéficie que de très peu de relais.
Dis-moi quel est ton réseau, je te dirai quel politique tu es
À noter : plus que l'audience, c'est bien la qualité des réseaux qui compte... « De par leur position au sein des précédents gouvernements, Emmanuel Valls, Nicolas Sarkozy ou encore François Hollande jouissent d’une très large audience, mais leurs publications sont rarement reprises ou commentées, ou si c’est le cas c’est souvent pour être raillées. En termes de réseaux sociaux, ils sont has-been… » souligne Jeremy Boissinot, fondateur de Favikon passé par Sciences Po.
Pour ce dernier, les affiliations politiques se reflètent grandement dans l'usage et le choix des réseaux. « La République en Marche, plutôt centre-droite et corporate, adore LinkedIn, tandis que l'extrême gauche, qui déteste le grand capital est très frileuse à l'idée d'utiliser des géants de la Silicon Valley comme Facebook », rapporte Jeremy Boissinot. À l'inverse, Marine Le Pen répugne à utiliser LinkedIn : « Probablement pour faire proche des classes populaires, peu présentes sur ce réseau », explique le jeune homme.
Faire bon usage des réseaux sociaux, la chose est périlleuse. Ce n'est pas une coïncidence si la plupart des politiques se contentent de diffuser leurs communiqués de presse sur Twitter et Facebook. Ce n'est pas le cas de Bruno Le Maire en revanche, qui a su mettre en place une réelle stratégie. « Il ne se contente pas d'y relayer des informations, il en a adopté les codes, il fait des vidéos, des selfies, jongle avec les formats... C'est important car il y a une vraie différence entre être sur les réseaux sociaux et les utiliser comme un levier à part entière. À terme, c'est ce qui fera selon moi toute la différence. »
Youtube, le boulevard des politiques
Certains l'ont bien compris pourtant, comme Florian Philippot qui n'aurait selon le fondateur de Favikon aucune carrière politique s'il n'était pas présent en ligne. Dans la même veine, Eric Zemmour, d'ores et déjà en pré-campagne pour l'élection présidentielle et évincé de CNews, lance sa chaîne Youtube. « Évidemment ce type de candidat comprend bien que Youtube et les autres réseaux vidéos représentent des boulevards, des voies royales pour contourner les limites imposées par le CSA à la TV, en termes de temps de parole. »
À voir maintenant comment les candidats se débrouilleront par la suite et comment évolueront leur taux d'engagement au cœur de la campagne...
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