Lancer un réseau social basé sur l’image dédié aux moins de 13 ans dans le but de mieux les protéger. L’idée est tout sauf pertinente pour ces défenseurs des droits des enfants.
Les enfants ont-ils vraiment besoin d’une version junior d’Instagram, haut lieu de la comparaison sociale ? Non, et cela pourrait même s’avérer dangereux pour leur santé mentale, s’inquiètent des chercheurs et organisations spécialistes des droits des enfants dans une lettre adressée à Mark Zuckerberg jeudi 15 avril. Le courrier signé par des organisations nord-américaines, européennes, africaines et australiennes exhorte le PDG d’arrêter son projet d’Instagram pour les moins de 13 ans. Cette ambition du réseau social - encore à l’état d’ébauche - avait été révélée par BuzzFeed quelques semaines plus tôt.
L’idée de Facebook est de créer un espace plus adapté et sûr que la version classique de la plateforme, faisant le constat que de nombreux utilisateurs contournent les règles du réseau (interdit aux moins de 13 ans) et se créent un compte malgré leur très jeune âge. Cette version junior du réseau devrait être plus soucieuse de la vie privée, explique une note interne.
Utiliser Instagram au moment où l’on se construit une identité : pas une bonne idée
Mais pour les auteurs de la lettre, un « Instagram for kids » n’est pas la bonne solution. « Il est peu probable que les enfants âgés de 10 à 12 ans qui possèdent un compte Instagram migrent vers une version pour "bébés" de la plate-forme après avoir expérimenté l’originale, argumentent-ils. Le vrai public d'une version pour enfants d'Instagram sera des enfants beaucoup plus jeunes qui n’ont actuellement pas de comptes sur la plateforme. » Et ces (très) jeunes nouvelles recrues risquent d’être encore plus vulnérables aux mécanismes du réseau. Les auteurs citent une dizaine d’études ayant démontré qu’Instagram et les réseaux sociaux en général pouvaient être cause de dépression, troubles alimentaires, mal-être psychologique et mauvaise qualité du sommeil chez les adolescents et jeunes adultes.
« L'accent mis par Instagram sur le partage de photos et l'apparence rend la plate-forme particulièrement inadaptée pour les enfants qui se trouvent en plein développement de leur conscience de soi », peut-on lire dans la lettre.
Facebook a sans doute mieux à faire
Pour réellement protéger les enfants, Facebook ferait mieux de concentrer ses efforts à s’assurer qu’aucune personne de moins de 13 ans ne puisse utiliser ses plateformes, estiment les experts... plutôt que de profiter des lois sur la protection des enfants pour monétiser les données des mineurs via de nouvelles plateformes.
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