Un homme qui pêche

Le wokefishing, le nouveau fléau des apps de dating ?

© Çağatay Demir via Unsplash

Sur Internet, on connaissait le catfishing, cette technique qui visait à se faire passer pour quelqu'un d'autre notamment sur les sites de rencontres. Il va falloir apprendre à composer avec le wokefishing.

« Jolie nana recherche joli djo », a chanté Aya Nakamura tout l’été. Mais sur les applis de rencontres, c’est plutôt : féministe engagée recherche amour eco-friendly. Les jeunes générations affichent leurs opinions et convictions sociétales jusque dans leur bio Tinder. Certaines applis permettent même de trouver des profils compatibles grâce à leurs opinions sur divers sujets. En janvier dernier, OKCupid avait inauguré son filtre anti-climato-sceptique. Mais certains utilisateurs à la recherche de l’amour n’hésitent pas à mentir sur leurs engagements dans un seul but : récolter plus de match.

L'engagement de façade

Tout le monde n’est pas toujours qui il prétend être derrière son écran, ça, on le savait déjà. Mais le phénomène décrit par la journaliste Serena Smith dans Vice est un peu plus précis. Elle lui a même donné un nom : le wokefishing. Concrètement, il s’agit d’afficher des opinions progressistes dans le seul but de draguer. Féminisme, racisme, écologie, régime alimentaire, et mesures sanitaires à prendre contre la pandémie de Covid-19… les sujets de discorde ne manquent pas et les débats sont de plus en plus clivés et minés. Sauf que l’égalité femme-homme et son empreinte carbone, le wokefisher s’en fiche en réalité complètement.

Pour illustrer ce phénomène, la journaliste britannique partage l’une de ses expériences amoureuses. En annonçant à son petit ami de l’époque qu’elle souhaitait adopter un régime végétalien, elle a fait face à une réaction inattendue. Alors qu’il avait tout du woke boyfriend de ses rêves, il lui rétorque « mon Dieu, tu ne vas pas devenir l’une de ces féministes vegans quand même ! » Pourtant, jamais son petit ami n’avait exprimé d’opinion négative envers les féministes ou les vegans. Serena Smith se rend à l’évidence, elle a été wokefishée. Et elle n’est pas la seule !

La version subtile du catfishing

Dans Vice, les témoignages d’hommes et surtout de femmes victimes de wokefishing s’enchaînent. Et la pratique ne reste pas cantonnée à l’autre rive de la Manche. Dans les colonnes du HuffPost, la journaliste Elisa Samourcachian fait état du même phénomène en France. Un peu plus subtil que son grand frère le catfishing – qui consiste à utiliser une photo de profil qui n’est pas la sienne pour appâter les « match » –, le wokefishing semble se répandre à vitesse grand V dans le monde de la drague. Et à l'échelle de la société, c'est peut-être le signe qu’en matière de débat d'idées, la communication est rompue ?

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