Utérus réalisé avec des fleurs

Le business florissant de la ménopause

Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, douleurs musculosquelettiques... Bonne nouvelle mesdames, votre ménopause attire les investisseurs !

Longtemps, la santé et le bien-être des femmes ont été négligés au sein des communautés scientifiques et médicales. L’exclusion des femmes des essais cliniques aux États-Unis jusqu’en 1993 n’en est qu’un exemple. « On pensait que les fluctuations hormonales affecteraient les résultats des essais », explique Aahuti Rai, conseiller en stratégie auprès des sociétés FemTech. Mais si l'écart entre les sexes en matière de santé persiste (12 % seulement des recherches sur la maladie d’Alzheimer portent sur les femmes), les choses tendent à se rééquilibrer, drivées par de nouvelles thématiques. Si jusqu'à présent une grande partie des progrès médicaux ont été concentrés sur le contrôle des naissances et les traitements de fertilité, les startups et les investisseurs se tournent de plus en plus vers la ménopause.

Fin d'un tabou ou opportunité business ? Les deux. Avec environ 1,2 milliard de femmes susceptibles d’être touchées par la ménopause au cours de la prochaine décennie, le marché mondial de la ménopause devrait atteindre 24,4 milliards de dollars d'ici 2030 (données de Grand View Research). « Les pistes de croissance de la FemTech., telles que la ménopause, les soins gériatriques et la santé mentale, devraient dans une certaine mesure déplacer l'attention du secteur des questions d'âge reproductif vers les questions de vieillesse. La ménopause sera le nouveau moteur de l’industrie », indique Suchismita Das, analyste de recherche en santé et sciences de la vie chez Frost & Sullivan.

Une nouvelle aube pour la FemTech

Aux premières loges de cette révolution, des femmes bien décidées à sortir de l'ombre et à lever les tabous qui entourent la santé et la sexualité féminine. Ainsi, selon une étude McKinsey, l’engagement des femmes dans les startups FemTech (plus de 70 % des entreprises examinées avaient au moins une femme fondatrice) et leur connaissance des besoins féminins améliorent considérablement le développement de produits. Et de la connaissance, il en faut, tant le sujet est complexe. Rien que pour la ménopause, les femmes peuvent ressentir jusqu'à 34 symptômes différents, indique Adrianna Samaniego, du Female Founders Fund. Selon les investisseurs, les plus grandes opportunités de croissance concernent des produits tels que les crèmes et des lubrifiants ou encore des suppléments destinés à cibler le vieillissement. Le marché de la télé santé devrait lui aussi exploser : estimé à 105,5 milliards de dollars, les startups qui proposent des offres virtuelles en récoltent déjà les fruits. C’est le cas de Midi, startup spécialisée dans les soins de la ménopause, qui a levé 60 millions de dollars, (quatre mois seulement après sa dernière levée de fonds de 25 millions de dollars) ou Evernow, qui a levé 28,5 millions de dollars pour aider à lancer des programmes de traitements contre la ménopause et une assistance médicale 24h/24 et 7j/7.

Parmi les autres besoins non pourvus, le soutien et la lutte contre l'isolement. En effet, 33 % des femmes ménopausées se sentent moins extraverties dans les situations sociales et 23 % se sentent socialement isolées. La plateforme Omena, application pour gérer sa santé hormonale, a collecté 858 000 dollars en 2023. Et compte tenu de l'impact économique, d'autres devraient suivre. Selon le média Bloomberg, les pertes mondiales de productivité liées à la ménopause dépassent 150 milliards de dollars par an. Rien qu'au Royaume-Uni, en 2019, environ 900 000 femmes ont quitté leur emploi au Royaume-Uni en raison de la ménopause.

En finir avec le tabou de la ménopause

Sensibiliser, mais aussi informer, un besoin crucial concernant cette étape de la vie qui souffre du tabou social. « Beaucoup de femmes ne comprennent pas du tout la ménopause, quand elle survient. Certaines n'ont même pas conscience d'être ménopausées », indique Adrianna Samaniego. Une étude, baptisée Elisa, menée auprès de 5 000 femmes au CHU de Toulouse dévoile que 44 % des femmes interrogées n'ont jamais évoqué leurs symptômes avec un professionnel de santé, alors qu'elles étaient 87 % à en souffrir. Pour compliquer les choses, les startups ciblant ce public ont souvent du mal à atteindre les femmes ménopausées. En témoigne le blocage par Facebook des campagnes publicitaires vendant des lubrifiants destinés aux femmes ménopausées (bien qu'elles autorisent les publicités pour des produits équivalents de marques ciblant les hommes). Pour changer le regard et libérer la parole, un collectif All for Ménopause réunissant des gynécologues et des journalistes a publié un manifeste.

La sororité au service de la méno(cause)

Mais dans ce combat, quasi militant, les dirigeantes de la FemTech peuvent aussi compter sur des femmes influentes bien décidées à mettre leur notoriété et leur argent au service de la ménopause. Gwyneth Paltrow a dédié un podcast à la périménopause et la ménopause. L'actrice Naomi Watts, confrontée à une ménopause précoce, a expliqué comment elle a dû faire face « seule, honteuse et anxieuse » à des symptômes physiques et psychologiques difficiles à vivre, alors même qu'elle essayait d’agrandir sa famille (l'actrice a été diagnostiquée à 36 ans alors qu'elle essayait d'avoir un enfant). Elle a cofondé Stripes une marque de « bien-être ménopausique » qui promet de chouchouter le corps des femmes « du cuir chevelu au vagin » (From scalp to vag). Signe que le sujet s'impose, le SXSW (festival dédié aux tendances tech) a organisé une table ronde intitulée « Façonner l'avenir de la transition vers la ménopause ». « Je m'appelle Judy Greer. Je suis actrice. Et je vieillis. » C'est ainsi que l'actrice Judy Greer cofondatrice de la marque Wile (produits destinés aux femmes dans la quarantaine et la cinquantaine), a ouvert la table ronde.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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