
La crise, ils s'y préparaient depuis longtemps et ça leur a plutôt bien réussi. Les collapso racontent leur confinement, calme et serein.
Début 2019, la collapsologie étaient sur toutes les lèvres. Ça craquait de partout et ça commençait à se voir, vraiment. Nous, on commençait doucement à comprendre que oui, tout allait sûrement s’effondrer si on n’agissait pas. Ce n’est pas le ciel qui nous est tombé sur la tête, mais c’est le Covid-19. Et selon les scientifiques, la pandémie ne sort pas de nulle part mais est bien la conséquence de l’activité humaine sur la planète. Alors à mesure que le monde se confinait et qu’on se battait pour du papier toilette au supermarché, difficile de ne pas y voir les premiers signes du fameux effondrement.
Pablo Servigne, agronome et père de la collapsologie, a la « collapso heureuse » et il affirme que le confinement a été l’une des meilleures périodes de sa vie. Alors plutôt que de répondre à la fameuse question qui nous taraude ( « Alors Pablo, l’effondrement c’est maintenant ou pas ? » ), il a préféré donner la parole à sa communauté sur Facebook. Sans occulter les difficultés matérielles ou psychologiques, il a invité ses abonnés à partager leur expérience positive du confinement. Et les collapso ont beaucoup à nous apprendre sur la façon d‘appréhender les crises.
Le grand retour à l’essentiel : famille, nature et sobriété
Parmi les 2 000 témoignages reçus sur la page Facebook du chercheur, un sentiment revient souvent : la honte. La honte d’avoir « bien vécu » le confinement, avec sérénité et même d’avoir apprécié cette période. Passé cette sensation désagréable, les langues se délient. Dans la communauté des collapso, cet enfermement forcé a globalement été vécu comme un retour à l’essentiel, « une reconnexion aux vrais besoins » écrit Sébastien. Pour ces adeptes de la science de l’effondrement, ce retour aux sources prend une forme moins spirituelle que concrète. « Repenser sa vie, sa façon de consommer, revoir ses besoins à la baisse, apprécier de retrouver ses proches » raconte Annie, qui qualifie le confinement d’aventure « inédite et formatrice.
On aurait vite fait d’imaginer ces bienheureux de la crise comme des gens à l’abri de tout besoin matériel vivant leur confinement comme des vacances – les commentaires ne sont d’ailleurs pas exempts de critiques sur la démarche de Pablo Servigne. Mais la communauté des collapso n’abrite pas que des CSP+ aux revenus confortables. Ainsi, Cécile qui a perdu son travail et indique vivre avec à peine un SMIC pour 3 se souvient du confinement comme « un temps suspendu où on a retrouvé ce qui nous tenait à coeur et qu'on avait perdu dans la tourmente d'un quotidien stressant et enfermant. » Elle est même la première étonnée de n’avoir pas connu la « peur viscérale du manque » qui l'effrayait pourtant avant la pandémie.
Même constat pour Sandrine. Indépendante, elle a perdu toutes ses sources de revenus et a dû composer avec de quoi tenir tout juste 3 mois. Ce ne sont pourtant pas les pertes financières qui marquent son témoignage mais « la qualité de l'énergie environnante, le Silence et le Temps de faire les choses en pleine conscience, en lente saveur. »
Un nouveau rapport au temps
Le temps, suspendu ou modifié, c’est justement l’un des éléments qui revient le plus souvent dans ces retours d’expérience. Le confinement a été l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Surtout les horloges internes avec un meilleur respect des rythmes biologiques qu’on retrouve dans le témoignage de Cécile qui a goûté au plaisir de « ne plus mettre de réveil, ne plus être fatiguée du matin au soir, ne plus réveiller son enfant à contrecoeur et l'arracher du lit et manger quand on a faim en prenant tout son temps. » Pour beaucoup, c’était également l’occasion de vivre au rythme de la nature et de prendre le temps d’observer le printemps s’installer.
Une pause bienvenue dans la performance sociale
Cette pause forcée a aussi eu pour conséquence de mettre toute la société au même rythme – lent. Pour les collapso, ce confinement a grande échelle était une sorte de bénédiction qui leur a permis de se délester des obligations sociales. « Pendant le confinement, je n'étais pas obligée de sourire et de parler à des gens que je n'aime pas. Je n'étais pas tenue à ce jeu social obligatoire sous peine d'être traitée d'asociale et de malpolie », explique une adepte anonyme des enseignements de Pablo Servigne. Quelques commentaires plus loin, Jennifer abonde en son sens : « Je me suis habillée comme je voulais, je ne me suis pas maquillée, pas parfumée, pas épilée... Je n'avais pas à jouer un rôle, puisque je pouvais m'autoriser à être moi-même en permanence. »
Ce n’est pas seulement le regard de la société mais toute sa mécanique qui s’est mis en pause pendant le confinement. Pour Sonia, « ne plus avoir à répondre aux injonctions permanentes de notre société qui nous amènent, même quand on résiste, à consommer des marchandises, du lien social, du divertissement... » lui a permis d’apprécier cette période de crise. « Ne plus n'être qu'un mouton, vivre enfin selon ses valeurs », lâche Elodie, plus concise.
Les collapso avaient raison
Effondrement ou pas, la pandémie de Covid-19 était bien une crise. Pour les collapsologues, c’est surtout le signe, visible de tous, qu’ils ne se sont pas trompés. Christophe se souvient qu’on l’a pris pour « un farfelu original » lorsqu’il s’est retiré en Ardèche il y a un an. Pour lui, le confinement n’a pas été une épreuve mais une preuve qu’il avait fait les bons choix. Tout comme Anne, qui après s’être sentie privilégiée, s’est rendu compte que son mode de vie Covid-compatible était avant tout un choix idéologique. Plus loin, Adeline partage la même analyse : « ce confinement nous a fait prendre conscience de nos choix et de ceux que nous devrions faire. » Pour Bérénice, qui se considère comme une confinée privilégiée, ces deux mois d’enfermement sont surtout la preuve que « si on arrête de consommer, de travailler, et de travailler pour consommer, le monde ne s'effondre pas. »
Un nouveau souffle pour se lancer dans de nouveaux projets
Temps suspendu, parenthèse enchantée, société à l’arrêt… le confinement a effectivement été un temps de pause. Pour la communauté des collapsologues, c’était aussi l’occasion de retrouver un nouveau souffle. Dans les témoignages, ça transpire la motivation. Julie en est convaincue, après le « premier avertissement concret et tangible » qu’était le confinement, « une réaction en chaîne » va suivre. Et ça lui donne de l’énergie pour « mettre un coup d’accélérateur » à tous ses projets, petits ou grands. Florent, lui, a continué à travailler à Lyon pendant le confinement, mais il a adoré le calme et l’absence de voiture. Il est persuadé d’avoir eu un aperçu de « la ville du futur » qu’il désire.
Au milieu des changements de vie perso, on trouve aussi de nombreuses réflexions plus larges sur notre société. Après plus d’une économie quasiment à l’arrêt et des millions de Français et Françaises au chômage, on voit, par exemple, le débat sur le revenu universel revenir sur le devant de la scène. Malgré quelques collapso-pessimistes, les envies pour le « monde d’après » ne manquent pas dans les témoignages recueillis par Pablo Servigne. L’illustration de ce qu’il appelle « l’effet an 01 ».
Vers une déprime post-confinement ?
L’étonnante communauté des collapsologues prouve donc que malgré la crise sanitaire, économique et sociale, le confinement porte aussi en lui des aspects positifs. Et peut-être même l’espoir d’une prise de conscience collective suivie d’effets. Mais, en attendant, attention à la déprime post-confinement.
Bonjour
Confinement confinement .... nous devrions dire ; avertissement, image de ce qui nous attend, si nous continuons à refuser de voir la réalité de cet avenir que nous avons construit.
Voici le résultat du toujours plus, alors que nous ne devrions rechercher que le toujours mieux.
Il est intéressant de constater que la planète, notre environnement, tous les êtres vivants se sont remis à vivre normalement, uniquement car la société des hommes a du cesser de fabriquer tout ce qui est superflu au bonheur de l’humanité. Puissions nous tous être conscients de ce merveilleux constat.
Nous en sommes arrivés là ( au confinement) uniquement car l'argent est devenu une fin alors qu'il ne devrait n'être qu'un moyen.
voir ces notions du juste prix http://ses.ens-lyon.fr/articles/les-grands-themes-25448
Si nous n'avons pas compris, nous aurons d'autres virus, d'autres confinements certainement moins anodins que celui que nous venons de vivre.
Alors, amis terriens, sachons revenir à l'essentiel du vrai bonheur
Je suis tomber par hasard ici!
Que dire ? Les bras m'en tombent.
Sévigné et ses adeptes collapsologues le font marrer.
Ils ont bien vécu le confinement car la société ne s'est pas effondrée et l'essentiel marchait comme l'habitude.
Notamment les services publics de santé, finances par les cotisations de ceux qui travaillent, pas de ceux sui veulent se planquer dans des refuges imaginaires, hors du temps, en refusant de participer, quitte à militer pour le changer,à ce monde,
Des pandémies il y en a eu depuis toujours et il y en aura encore.
Cela n'a rien à voir avec l'impact de l'homme sur la nature et un quelquequone effondrement.
On ne veut pas changer le monde, on veut le sauver. Le sauver de cette folle frénésie de la surconsommation à outrances qui nous déconnecte de ce qu'est l'essentiel. Contrairement à vous, nous avons compris que tout vient de la nature et que sans elle plus rien ne peut exister... Même pas vous, désolée...