C'est la coquette somme perdue par les réseaux sociaux suite à l'implémentation en 2020 de la nouvelle politique de confidentialité d'Apple. Et c'est surtout Snapchat qui trinque.
L'objectif de cette politique : mettre en place un ciblage publicitaire en ligne beaucoup plus encadré sur iOS 14 afin de protéger la vie privée des utilisateurs. Au grand dam de Facebook et consorts.
Moins de publicité, moins de dollars
Entrée en vigueur il y a quelques mois suite à une mise à jour d'iOS, la nouvelle réglementation d'Apple se baptise ATT, pour App Tracking Transparency (transparence du pistage des applications.) Cette dernière oblige les développeurs d’applications à demander de manière explicite le consentement des utilisateurs avant de filer les pérégrinations des internautes entre app et sites web. Si les utilisateurs refusent de donner leur autorisation, le ciblage publicitaire sera rendu plus hasardeux, et générera donc moins de bénéfices. Selon le Financial Times, cette réglementation aurait provoqué une perte globale de revenus de 9,85 milliards de dollars au second semestre pour Snapchat, Twitter, YouTube et Facebook, sachant que chaque entreprise est impactée différemment en fonction de sa morphologie. D'après le quotidien britannique, Facebook est la compagnie la plus affectée de manière absolue, mais c'est Snap qui est proportionnellement la plus touchée et peine à tirer son épingle du jeu...
Snapchat, le grand perdant de la nouvelle réglementation d'Apple
Les derniers résultats financiers de Snapchat, moins bon qu'espérés, ont entraîné la chute de son cours en bourse. Pour Fabernovel, la raison est en partie à chercher du côté des nouvelles règles du tracking publicitaire, un domaine dans lequel Snap a pourtant récemment investi. « Ils sont passés de rien à une solution publicitaire au niveau du marché actuel en assez peu de temps », souligne Laurent Blassin, directeur de la stratégie marketing chez Fabernovel.
Mais contrairement aux autres géants du numérique qui ont annoncé en amont les conséquences du ATT sur leurs performances, Snap est resté discret. « Là où Facebook a énormément communiqué aussi bien auprès des marchés financiers que des agences et annonceurs sur le futur impact de iOS 15 depuis le début d’année, Snap est resté assez optimiste et discret quant à l’impact jusqu’à aujourd’hui. La société paye donc le prix de sa communication avec l’annonce de ses résultats. » À ce défaut de communication viendrait aussi se greffer un problème de maturité technologique, qui pourrait encore creuser l'écart entre Snap et les autres géants.
« Facebook a supprimé pendant 6 mois sa mesure post-view (mesure des impressions d'une campagne web) car ils n’étaient probablement pas confiants sur la pertinence des chiffres. Facebook a donc vu ses performances naturellement baisser car les annonceurs avaient moins de possibilité de piloter les campagnes publicitaires. Facebook vient de réintégrer cet indicateur de mesure, probablement après de très gros investissements technologiques dans les algorithmes. Snap a fait le choix de conserver cet outil de mesure. Avaient-ils réellement accès à ce type de données ces 6 derniers mois, ou bien ont-ils fait le choix de remonter ces infos avec une marge d’erreur plus grande ? Nous sommes ici face à des boîtes noires. Si l’on essaye de se projeter à moyen terme, Snap devra innover de plus belle pour ne pas se faire distancer par Google notamment, qui planche depuis des mois sur de nouvelles solutions de mesure et de traçage publicitaire... », précise Laurent Blassin.
Participer à la conversation