
Une nouvelle génération d’univers virtuels compte bien casser la baraque en proposant à ses joueurs d’investir dans des cryptomonnaies et des terrains de construction en NFT.
2,4 millions de dollars ! C’est la somme qu’a déboursée la société d’investissement Tokens pour acheter plus d’une centaine de parcelles de « terrain » dans l’univers virtuel Decentraland. À la manière d’un Second Life (qui est, par ailleurs, toujours en activité), ce monde modélisé en 3D permet à n’importe quel investisseur d’acheter une parcelle afin d’y implanter une maison virtuelle, plus généralement une boutique en ligne ou un espace publicitaire. C’est d’ailleurs ce que souhaite faire Tokens, qui a acheté des terrains dans un quartier central destiné à permettre l’installation de commerces tout aussi virtuels. Tout cet argent mis sur la table vous paraît zinzin ? Ça n’est que le début.
Bac à sable 3.0
Decentraland est loin d’être le seul monde virtuel voulant surfer sur l’engouement pour les cryptomonnaies et le buzzword « métavers ». Sandbox, un autre univers virtuel qui se lance officiellement le 29 novembre a lui aussi lancé sa monnaie virtuelle quelques semaines auparavant pour attirer des investisseurs. Cette dernière a pris plus de 30 % de valeur en l’espace de quelques jours après l’annonce de son ouverture aux 5 000 premiers joueurs. Ces derniers intègreront un terrain de jeu du type « bac à sable » à la manière de Minecraft et dans lequel ils pourront fabriquer des logements ou des objets. En 2022, devrait sortir Star Atlas, un jeu de simulation spatial qui se définit lui aussi comme un « metavers » et dont les les vaisseaux sont vendus sous forme de NFT inscrits sur la blockchain.
Des coquilles virtuellement vides
Si cette ébullition de projets a de quoi faire plaisir aux fans de crypto, il y a fort à parier que ces nombreuses propositions de « métavers » censées remplacer l’Internet tel que nous le connaissons actuellement sont avant tout de l’esbroufe. Même John Carmack, le cofondateur d’id Software (le studio derrière la saga de jeux Doom), estime que le concept de métavers est un piège à mouches pour développeur ou designer « voulant voir les choses d’un peu trop haut ».
Comprenez ici que la plupart des sociétés qui vendent leur métavers ne remplissent pas le premier critère de son existence : qu'il y ait un peu de trafic dessus. Decentraland illustre parfaitement cette profusion de bullshit. Alors que son gameplay est très semblable à Animal Crossing, son monde virtuel est souvent désespérément vide, comme l’indique cet article de PC Gamer. Même leur soirée organisée en octobre dernier avec Paris Hilton en featuring avait des airs de fête à neuneu... la foule en moins.
On est encore très loin d’univers virtuels vraiment populaires comme Roblox ou Fortnite qui peuvent au moins se targuer d’attirer plusieurs millions d’utilisateurs. Peut-être parce que ces derniers n’ont pas mis le métavers avant les jeux.
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