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Pour 8 salariés sur 10, l’amitié fait oublier la pénibilité du travail

Amitiés, potins, sujets tabous et jalousies, de quoi parle-t-on au bureau ?

Au travail, il n’y a pas que le travail. Les liens d’amitié sont primordiaux, au point d’être souvent plus importants que le travail lui-même. Revers de la médaille, cette complicité est susceptible de générer jalousie et rivalité au sein des équipes. C’est l’un des enseignements de l'enquête de l’IFOP* menée sur les sujets de conversation et les relations amicales en entreprise.

L’amitié une composante essentielle au boulot

Une large majorité des personnes interrogées se montrent favorables à l’idée de créer des liens d’amitié étroits avec leurs collègues de travail. Ainsi, 82 % pensent que de telles relations peuvent contribuer à « oublier » la pénibilité du travail, et près de 7 salariés sur 10 (69 %) estiment même que l’entente avec leurs collègues prime sur le travail en lui-même. En outre, cette proximité est pour 60 % des salariés de nature à susciter une solidarité bénéfique pour faire valoir ses revendications auprès du management. Si 81 % considèrent qu’il est tout à fait possible de conserver ces liens en dehors de la sphère de l’entreprise, 40 % sont toutefois d’avis qu’il est préférable de ne pas devenir ami avec des collègues afin de maintenir une frontière entre vie privée et vie professionnelle.

« Work bestie » et jalousies

À noter : 74 % des salariés déclarent avoir un ou une collègue préféré(e), au point – pour la moitié d’entre eux (52 %) – d’aborder en sa compagnie des sujets personnels. Les femmes sont sensiblement plus nombreuses que les hommes à se livrer : 61 % d’entre elles le font contre 44 % pour la gent masculine. Un salarié sur 10 indique par ailleurs ne jamais avoir eu de « work bestie » au travail. Mais si les liens privilégiés entre collègues sont majoritairement bien vécus, ils peuvent aussi être source de tensions. Ainsi, 46 % des salariés ayant un ou une « meilleur(e) ami(e) » au travail déclarent avoir été confrontés à des sentiments de jalousie ou de rivalité de la part de leurs autres collègues. Dans le détail on apprend que les hommes seraient plus concernés que les femmes (50 % contre 41 %), ainsi que les managers (57 %).

Le salaire est tabou, mais pas que

Sur le podium des sujets tabous dans la sphère professionnelle : le montant des salaires (68 %). Après l’argent, ce sont les relations sentimentales et sexuelles entre collègues qui sont proscrites des discussions pour plus de la moitié (52 %) des interrogés. Le sujet embarrasse plus particulièrement les hommes (56 % contre 49 % des femmes) et les managers (61 % contre 49 % des non-managers). Parmi les autres sujets que les salariés évitent : les questions de religion et de laïcité (46 % les jugent taboues), les questions d’immigration (45 %) ou encore le conflit israélo-palestinien (43 %). Un sujet gêne plus les femmes (41 %) que les hommes (37 %) : la fréquentation des toilettes pour aller à la selle. Un résultat qui fait écho à une autre enquête menée en 2022 par l’institut de sondage sur le « poop shaming » au travail, dans laquelle les femmes se montraient bien plus sensibles que leurs homologues masculins à cette question.

Parler de la pluie et du beau temps

Passe-partout et sans enjeu, la météo arrive en tête des conversations entre collègues (78 %). Ils sont quasiment aussi nombreux (77 %) à évoquer leurs conditions de travail, la répartition des plannings et des tâches au sein des équipes (76 %). Mais si une large majorité estime que la question des rémunérations est taboue dans l’entreprise, le sujet n’est pas pour autant absent des échanges puisque 64 % indiquent qu’il leur arrive de l’évoquer entre collègues. Bien que considérées comme sensibles, de nombreuses thématiques sont très largement abordées en entreprises. C'est le cas des problématiques liées au racisme, à l’antisémitisme et aux discriminations (54 %) de la religion (47 %) ou encore des opinions politiques (42 %).

Sujets de frictions

Les sujets directement liés à la vie professionnelle sont les plus susceptibles d'engendrer quelques frictions : 26 % citent la répartition des tâches au sein des équipes, 26 % pointent le favoritisme du manager envers certains collègues et 23 % mettent en exergue le montant des rémunérations. En revanche, les questions dites « politiques » ne semblent guère de nature à envenimer les échanges. Pourtant source de grands débats dans la société française, racisme, sexisme, émeutes ou encore conflit israélo-palestinien n’ont créé des tensions au sein des discussions que pour environ un(e) salarié(e) sur dix.

Potins et critiques tous azimuts

À la machine à café ou à la cantine, les potins liés à la vie de l’entreprise sont au cœur des conversations. Près de 7 personnes interrogées sur 10 déclarent qu’il s’agit de sujets qu’elles aiment aborder avec leurs collègues. Et lorsque les langues se délient, elles sont souvent acérées : 66 % des répondants aiment critiquer la politique de l’entreprise, 63 % les décisions de leur manager et 60 % le comportement de leurs collègues ou leurs compétences. Dans le domaine de l’intime, près d’un tiers des personnes interrogées avoue apprécier les conversations sur les relations sentimentales et sexuelles entre collègues.

Méthodologie : enquête réalisée du 20 au 31 octobre 2023 par l’IFOP pour Compte Pro.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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