Une vache sur un fond bleu

Emmanuel Faber, PDG de Danone, parle de « la France d’après »

© Jean Carlo Emer via Unsplash

Le patron de Danone a partagé au Sénat sa vision des étapes nécessaires pour passer à une économie plus résiliente. Pour lui, c’est certain : nous faisons face à la fin d’un certain modèle.

Le 6 mai 2020, la commission des affaires économiques a auditionné Emmanuel Faber, PDG de Danone. Celui-ci a été invité à partager sa vision sur les conséquences de la pandémie sur l’industrie agro-alimentaire et l’économie.

Ne pas mettre toutes les boîtes dans le même panier

Pour Emmanuel Faber, c’est clair : question relance économique, on ne peut pas traiter de la même manière les très grandes entreprises qui ont des ressources et les plus petites entreprises qui risquent de « [mettre] la clef sous la porte si elles ne bénéficient pas d’aides. »

La fin du modèle agroalimentaire actuel

Pour le patron de Danone, il est temps de revoir le modèle agroalimentaire, qu’il juge « plus tenable ». Engagé aux côtés de plus de 90 autres dirigeants et dirigeantes d’entreprise pour une reprise économique écologique, il regrette que le schéma actuel soit évalué selon de mauvais critères, qui ne favorisent pas la protection de l’environnement. « L’utilisation de moins de pesticides risque de faire baisser le PNB, donc nous devons trouver d’autres modes de calcul, travailler sur d’autres types d’indicateurs qui tiennent compte de la captation du carbone par les sols. » Dans la mesure où 60% des protéines utilisées (notamment pour nourrir les animaux d’élevage) sont importées aujourd’hui en Europe, il est impossible d’aller vers une agriculture décarbonée en continuant sur cette lancée. « En France, l’agriculture contribue autant que l’industrie au réchauffement climatique. Cela ne peut pas durer. Il faut réinventer autre chose. On est au bout d’un certain modèle », alerte-t-il.

Crise pandémique = fin du plastique ?

Autre fléau écologique, le sujet du plastique a également été mis sur la table. En lien avec la stratégie de Danone, Emmanuel Faber affirme les efforts de l’entreprise en matière de solutions d’emballage. Il regrette un « rendez-vous manqué » avec la consigne en 2019, lors du vote de la loi sur l’économie circulaire. « Une grande majorité des Français y est favorable. Aucun pays n’a atteint 90% de taux de recyclage sans la consigne. » Alors que dans certains pays, les lobbies profitent de la crise pour tenter un retour en force du plastique, notre désir de consommation responsable aura-t-elle le dessus ?

Une économie « résiliente avec le Covid »

La reprise de l’économie ne pourra pas se faire sans intégrer la crise dans les réflexions. « Il faut une économie résiliente avec le Covid, pas sans le Covid, insiste-t-il. Elle doit être fonctionnelle, circulaire, numérisée et bien entendu plus inclusive. » Un appel qui résonne avec celui des 400 000 entreprises sociales qui s’étaient mobilisées en faveur d’une économie plus solidaire, durable et résiliente en avril 2020.

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
commentaires

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  1. Merci pour ce bel article, ainsi surtout que celui de Jancovici, qui ne font que renforcer mon adhésion aux valeurs que vous partagez !

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