Menacée par l'inflation, la nouvelle équation du « bien manger » contraint les Français à faire des compromis, souligne une étude.
D'après la troisième édition de l’Observatoire Alimentation & Familles* proposée par Ipsos et la Fondation Nestlé France, le « bien manger » à la française, qui mêle santé et plaisir, compose dorénavant avec la hausse du coût de la vie. Post-crise sanitaire, les Français auraient privilégié une alimentation plus soucieuse de l’enjeu de santé par rapport à une alimentation « plaisir » . Aujourd'hui, ils doivent faire face à une nouvelle contrainte. « L’augmentation du coût de la vie, même si elle peut conduire à l’adoption de certaines pratiques vertueuses comme le fait de mieux valoriser les restes et d’éviter le superflu, questionne cette nouvelle "équation du bien manger" et impose dans beaucoup de foyers des concessions sur l’alimentation », déclare Laurence David, Déléguée Générale de la Fondation Nestlé France.
Post-Covid, les repas ont retrouvé leur cours normal
À l’exception du petit-déjeuner qui connaît une désaffection notable (11 % des Français déclarent ne jamais en prendre contre 7 % seulement préCovid), le rythme des repas revient à son niveau préconfinements, avec des préoccupations plus fonctionnelles en semaine (des repas rapides à cuisiner ou préparer) et liées au plaisir et à la convivialité le week-end. Dans leur grande majorité, les Français sont au rendez-vous des deux grands repas de la journée : seuls 3 % ne prennent jamais de déjeuner, et 1 % jamais de dîner.
Après avoir décollé lors de la période Covid, le sujet de l’alimentation en famille passionne toujours les Français : sur les réseaux sociaux, ils en parlent deux fois plus que de la santé de leurs proches et le nombre de mentions est en augmentation de 68 % depuis 2018.
Plaisir et alimentation, le combo gagnant des Français
Le plaisir reste le critère principal associé à l’alimentation. Il s’exprime par le goût et la gourmandise, mais aussi par les moments de convivialité. Par exemple, 43 % des Français évoquent le fait de s’autoriser des aliments très gourmands, 40 % le fait de cuisiner ou manger des plats ou desserts faits maisons, 40 % le fait de manger ensemble. Pour autant, l’importance accordée au plaisir est en baisse par rapport à l’avant Covid. En 2022, le plaisir était considéré comme une préoccupation majeure du repas par 50 % des Français, contre 58 % en 2019.
La santé, une nouvelle préoccupation majeure associée à l’alimentation
Conséquence probable des deux années de Covid, la santé prend la première place parmi les préoccupations associées à l’alimentation. « Manger sain » (29 %) apparaît comme le critère prioritaire devant le critère plaisir ( « Manger bon », 23 %). Le critère prix ( « Manger abordable » ) arrive en troisième position (14 %), devant le fait de « Manger responsable » (12 %), « Manger ensemble » (12 %) et enfin « Manger éthique » (9 %). Cette préoccupation liée à la santé est particulièrement marquée dans les populations plus âgées, avec un score de 35 % chez les 50-65 ans, et de 30 % chez les 35-49 ans.
Hausse des prix et habitudes alimentaires
Le prix apparaît comme le premier obstacle au « bien manger » : 55 % des Français considèrent qu‘il est trop cher de manger équilibré (59 % des 35-49 ans) et 32 % voient le prix comme une préoccupation majeure pour les repas. Une très grande majorité des Français (82 %) constate que le prix moyen des courses a augmenté (49 % qu’il a beaucoup augmenté).
L'étude révèle que la majorité des Français cherchent à sanctuariser les dépenses liées à l’alimentation et à la santé. Si 24 % envisagent de moins dépenser pour l’alimentation dans les 6 prochains mois (21 % pour le poste santé), ils sont 59 % à l’envisager pour les sorties au restaurant ou dans des bars, 54 % pour l’habillement ou les loisirs (cinéma, musées, sport) et 49 % pour les vacances. Et lorsque des choix budgétaires s’imposent, le fait de préserver une alimentation équilibrée continue d’entrer en ligne de compte : acheter moins de produits superflus, cuisiner davantage les restes et diminuer les fast-food font partie des 5 principaux compromis adoptés.
La famille, le lieu des échanges sur l’alimentation
Une majorité de parents(77 %) et d'enfants (76 %) déclarent discuter souvent de l’alimentation avec leur famille. Parmi les thèmes abordés, le gaspillage alimentaire est le premier sujet de conversation : 53 % des parents en parlent avec leurs enfants et 59 % des adolescents en parlent avec leurs parents. Ils évoquent également le recyclage, le tri (46 % des parents, 52 % des ados), le fait de manger équilibré (44 % parents, 48 % adolescents), les recettes, la cuisine, le fait maison (41 % parents, 56 % ados) et le fait de manger sain (39 % parents, 50 % adolescents).
Enfin, si les parents veillent au critère santé, la jeune génération semble davantage préoccupée par les sujets liés au « manger éthique et responsable » (dans le respect de l’environnement et des producteurs). Des thématiques qui comptent pour 24 % dans l’équation du « bien manger » chez les 18-34 ans contre 15 % seulement chez les 50-65 ans.
*L’Observatoire Alimentation & Familles repose sur une méthodologie alliant analyse des conversations en ligne et étude quantitative auprès de 1000 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 à 65 ans, et de 200 adolescents âgés de 12 à 17 ans. L’échantillon a été interrogé par Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos.
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