Femme epuisée avec les mains sur les yeux

1 femme sur 2 n’entreprend pas à cause de la charge mentale

© Jirapong Manustrong

La charge mentale au sein du foyer, on connaît. Mais quel est son impact sur l'accès des femmes à l'entrepreneuriat ?

Seules 32 % des entreprises créées en 2021 en France l'ont été par des femmes, indique le baromètre Infogreffe du 8 mars 2022. La présence des femmes sur le marché du travail a pourtant fortement augmenté ces dernières années jusqu'à devenir presque égale à celle des hommes. Comment alors expliquer une telle différence ? Pour connaître le rapport des femmes à l'entrepreneuriat Taskrabbit, plateforme américaine d'échange de services, a mené l’étude auprès de 1 000 femmes entrepreneures.

Quels sont les freins à l’entrepreneuriat des femmes ?

Petit tour d'horizon des nombreux obstacles rencontrés par les femmes pour lancer leur entreprise.

Quand la charge mentale impacte les aspirations professionnelles

Selon une étude de l’INSEE, les femmes consacrent en France deux fois plus de temps aux activités domestiques que les hommes. Sans surprise, le principal frein à l’entrepreneuriat féminin serait donc la charge mentale familiale. Plus de la moitié (52 %) des femmes entrepreneures interrogées par Taskrabbit la place en tête des principaux points de blocage. Une répartition qui influence inévitablement la réussite professionnelle de la gent féminine. S'investir dans un projet telle que la création d'une entreprise est toujours plus difficile quand en parallèle il faut jongler avec la gestion des repas, du linge, de l’intendance de la maison, des courses, des rendez-vous médicaux ou encore des activités extrascolaires des enfants. Une charge cognitive suivie de près par le manque de temps lié à la gestion de la famille (38 %) et le manque de soutien. Ainsi selon une étude de l'ADIE (Association pour le Droit à l'Initiative Économique) une femme sur cinq qui se lance dans l'entrepreneuriat regrette le manque de soutien de son entourage dans son projet professionnel. Interrogées par Taskrabbit sur les initiatives à mettre en place pour accompagner les femmes entrepreneures, 45 % d'entre elles indiquent qu'une aide à domicile pour la gestion des tâches quotidiennes serait précieuse.

Le syndrome de l'imposteur : un handicap pour l'entrepreneuriat féminin

Alors que le marché du travail demeure très genré, les femmes sont surreprésentées dans certains domaines (87 % des infirmières sont des femmes) et sous-représentées dans d'autres (0,3 % des plombiers sont des femmes). Des différences de représentation dues à des stéréotypes de genre encore tenaces. D’après une étude américaine publiée dans le journal Science, les filles auraient dès l’âge de 6 ans moins confiance en leur capacité que les garçons. Un stéréotype de genre qui les pousse à refuser plus souvent de participer à « des activités qui nécessitent d’être intelligent ». Parmi les freins à l'entrepreneuriat il n'est donc pas surprenant que les femmes évoquent à 40 % les préjugés à leur égard.

Des stéréotypes de genre qui s'illustrent également dans deux autres raisons évoquées par les femmes comme autant de freins à l'entrepreneuriat : la crainte du manque de considération face à des concurrents hommes (56 %) suivi de la crainte de remarques sexistes (43 %). Des craintes qui, selon l'étude de l'ADIE, seraient nourries en grande partie par le syndrome de l'imposteur dont souffrent plus largement les femmes. Lors des Assises de la parité 2021 de KPMG, le ratio de 75 % de femmes contre 50 % d'hommes était présenté.

Les femmes victimes de discriminations dans l'accès au financement

Pour entreprendre, certaines femmes font le choix de recourir à un prêt bancaire. Or, selon une étude menée auprès de 4000 PME américaines (rapportée par le site Entrepreneure ambitieuse), les conditions des prêts sont plus favorables aux hommes qu’aux femmes. Dans les faits, plus de la moitié d'entre elles se voient refuser un prêt bancaire (deux fois plus souvent que les hommes). Une discrimination d’accès au financement qui constitue un réel handicap économique pour l'entrepreneuriat féminin. Une réalité que regrettent les femmes. C'est pourquoi, interrogées par Taskrabbit sur les initiatives qui les encourageraient à entreprendre, 50 % des femmes plébiscitent un soutien financier (comme un fonds d’investissement destiné aux entreprises créées par des femmes). De plus, 43 % d'entre elles aimeraient davantage de politiques publiques favorables à l’égalité des genres dans l’entrepreneuriat. Notons que ces dernières années de nombreuses aides financières dédiées aux femmes entrepreneures en création ou reprise d’entreprise ont vu le jour en France.

Les plateformes numériques : un allié ?

Selon l'étude de Taskrabbit, l’une des solutions résiderait dans le recours aux plateformes numériques. En effet, les femmes interrogées les considèrent comme des facilitateurs de l’entrepreneuriat féminin de par l'absence de préjugés sexistes (40 %) qu’elles induisent. Selon les répondantes, les plateformes tech permettent souvent de ne pas afficher son genre et d’éviter les biais sexistes en se concentrant sur d’autres critères. Pour 35 % des répondantes, c’est la flexibilité sur les horaires et les missions qui permettraient de favoriser l’entrepreneuriat des femmes sur les plateformes en ligne. Enfin, pour 26 % des femmes interrogées, les plateformes en ligne permettent de monter en compétences et de gagner en confiance graduellement. Des affirmations à prendre toutefois avec des pincettes étant donné la nature du commanditaire de l'étude.


Méthodologie : enquête Attest pour Taskrabbit réalisée en février 2023 auprès d'un panel de 1 000 répondantes auto-entrepreneures.

portrait de femme

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier les tendances conso.
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