
Moqués à coups de GIFs, de clips animés dans des jeux vidéo et maintenant via des images générées par IA, les grands patrons de la Silicon Valley sont l’objet de caricatures qui épousent les nouvelles technologiques.
Mélangé avec les traits de l’acteur déchu Kevin Spacey ou bien du personnage de Jame Gumb, le psychopathe Bufallo Billelon dans Le Silence des Agneaux, Elon Musk fait l’objet depuis quelques mois d’une nouvelle forme de caricature. Sur le compte de @hutzhoo, le nouveau patron de Twitter est régulièrement la source d’inspiration d’images malaisantes générées par Midjourney qui semblent vouloir souligner le caractère pathétique et sombre d'Elon Musk. Mais au-delà de la critique et du pastiche, cette nouvelle forme d’images souligne que les patrons de la tech sont devenus des cibles plus intéressantes que les politiques, et que les formats de ces caricatures épousent les évolutions techniques et médiatiques imposées par ces grandes plateformes. Encore un coup de l'arroseur arrosé ?

Quand Beeple montre la voie
L’un des premiers artistes à avoir exploité ce filon de la caricature « new tech » est Beeple. Depuis quelques années, ce dernier a produit sur les réseaux de nombreuses images de patrons de la Silicon Valley. Elon Musk est souvent représenté sous les traits d’un « giga Chad », c’est-à-dire un homme surviril en slip, en train de promener le chien du Dogecoin ou de dompter l’oiseau bleu de Twitter.

Ce traitement ironique se retrouve aussi pour un Jeff Bezos, représenté en spermatozoïde fusée qui part féconder l’espace ou un Mark Zuckerberg croqué sous les traits d’un zombie ou d’un robot. La plupart de ces œuvres sont vendues à des prix exorbitants sous la forme de NFT, achetées par des personnalités plutôt complaisantes comme le podcaster Joe Rogan. De quoi questionner la portée critique de Beeple.

Zuckerberg, le robot flippant
Si Elon Musk est une cible de choix depuis sa prise de pouvoir sur Twitter, un autre patron a lui aussi contribué à faire bouger les formats de la caricature. Mark Zuckerberg est passé de l’image de geek calculateur et un peu punk à celui de milliardaire robotique imitant une forme humaine. Son passage devant le Congrès américain en 2018 durant l’affaire Cambridge Analytica y est pour beaucoup. Le PDF, teint livide et gestes saccadés, avait inspiré de nombreux mèmes ainsi que des GIF plutôt créatifs.
Cette image d’homme synthétique s'est renforcée avec l’annonce de la transformation de Facebook en Meta et le centrage de son entreprise vers le métavers. À partir de là, les caricatures vont justement emprunter les codes du jeu vidéo et de la réalité virtuelle pour moquer « Zucky ». En novembre 2021, la chaîne YouTube surreal entertainment sort une vidéo intitulée metaverse VR :Demo Expérience dans laquelle le patron de Meta apparaît comme un personnage de jeu vidéo psychopathe cherchant à vous tuer. Animé à partir d’un véritable moteur de jeu vidéo, Zuckerberg y est en format ragdoll, (poupée de chiffons en anglais), une modélisation 3D soumise à certaines règles physique que l’on peut distordre pour ajouter des effets comiques et surréalistes.
Cette représentation en avatar va se poursuivre avec le détournement de l’interview donnée à CBS au début de l’année 2021 lorsque Mark Zuckerberg présentait les possibilités corporate de son métavers.
Jeffrey Bezoooos
Comment ne pas finir sur la fantastique chanson Bezos composée et interprétée par le chanteur et humoriste américain Bo Burnham ? Imaginé pour son show Netflix Inside, ce court interlude musical chante les louanges du fondateur d’Amazon qui bat à plates coutures ses potes milliardaires Mark Zuckerberg, Warren Buffet et Bill Gates avant de boire leur sang et de coucher avec leur femme. Bien évidemment, ce n’est pas la première fois que des chansons parodiques sont imaginées pour se moquer de personnages importants. La petite subtilité se trouve dans la manière dont les internautes se sont emparés du morceau. Monté comme une musique « motivationnelle » du type Eye of the Tiger, Bezos va générer des reprises montrant des gens en train de faire leur training ou bien cette délicieuse version animée qui a fait, mine de rien, 4,5 millions de vues. Comme dit la chanson : « YOU DID IT ! »
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