Une femmr en tenue de mariée avec un casque de RV sur la tête derrière un personnage de manga

Otome games : ces jeux qui permettent d'épouser un personnage de fiction

© Barbara Zandoval

« Oui, je le veux. » Pourquoi dire oui à un quidam alors qu'on peut épouser son personnage de manga préféré ?

Pour les plus jeunes, le mariage est tout simplement trop cher et non-conforme à leurs nouvelles aspirations. Aujourd'hui, on préfère parfois dire oui à son best friend ou convoler en trouple (couple à trois) plutôt que de passer devant le maire. Au Japon aussi, les mariages sont au point mort. En 2020, ils auraient selon The Japan News atteint des taux aussi bas que durant la Seconde Guerre mondiale... Et pendant ce temps, nos envies d'évasion sont plus prégnantes que jamais. Via le métavers ou grâce à des pratiques zinzins comme le quantum jumping, rejoindre une dimension parallèle peut paraître plus désirable que se coltiner le réel... Ce n'était donc qu'une question de temps avant que les mariages se téléportent dans l'univers de la fiction.

C'est quoi les otome games ?

C'est notamment le cas avec les otome games (littéralement « jeux pour jeunes filles » ), ces jeux numériques nippons conçus à destination d'un public féminin plutôt juvénile. Ces jeux téléchargeables sur smartphone ou console offrent « des gammes de partenaires désignés sous le nom d’ikemen (beaux gosses), conçus pour répondre aux besoins émotionnels des utilisatrices qui communiquent avec eux par le biais d’écrans tactiles », explique The Conversation. Au programme : romantisme sucré et dialogues fleur bleue tirant parfois sur le soft porn. Et la formule fait fureur. Les revenus brassés par les 400 firmes japonaises qui se partagent le marché, revenus atteignant les 80 milliards de yens (608 millions d’euros) en 2020. Parmi ces sociétés, l'entreprise nippone Voltage, éditrice de mangas et jeux vidéo, qui toujours selon The Conversation rassemblait dès 2019 plus de 70 millions d'utilisatrices dans le monde.

Elle a dit oui à son oshi

Quand les échanges numériques affriolants ne suffisent plus, certaines passent le cap et orchestrent une union avec leur personnage de fiction favori. Vêtue d'une volumineuse robe blanche, Yuko, 25 ans, a épousé Shizuo Heiwajima, un personnage phare de la franchise Durarara ! !. Tenue dans un hôtel de luxe décoré pour l'occasion, la cérémonie (qui n'a aucune valeur civile, rappelons-le) a eu lieu le jour de l'anniversaire de Shizuo, représenté le jour J par une figurine en carton grandeur nature.

Cette cérémonie n'est pas la première du genre, et probablement pas la dernière. Des agences se lancent désormais sur ce créneau de niche, à l'instar de AIM. Cette dernière organiserait certains mois jusqu'à 30 mariages, parfois même façon joshi-kai ( « fêtes de filles » ) pour des mariages groupés entre copines. De son côté, Voltage a développé en 2018 un service proposant d’épouser son oshi, son personnage favori, en réalité virtuelle, sur fond de soleil couchant. Attention toutefois à ne pas réduire la tendance à une simple envie de fuir la réalité. « Il serait réducteur de penser que les filles se contentent de "fuir" la réalité, tout autant qu’elles "fuiraient" leur devoir en refusant de devenir épouses et mères. Une telle analyse ne saurait rendre compte du potentiel extraordinairement fécond de leurs pratiques », explique Agnès Giard et Cécile Guillaume-Pey pour The Conversation.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.

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