Un homme tient un carton Amazon en train de brûler

Amazon, symbole de la colère du second confinement

© Luis Quintero via Pexels

L’entreprise de Jeff Bezos n’avait déjà pas bonne presse, elle cristallise désormais toute la colère des commerçants et des citoyens face à la crise économique.

Amazon est-il le bouc émissaire de la crise comme le suggère Bruno Le Maire dans une interview au Journal du Dimanche ? Depuis quelques jours, la grogne monte contre le géant du e-commerce. Cette colère vient d’abord des petits commerçants, qui craignent que leur fermeture imposée profite au mastodonte de la vente en ligne, et jugent cette concurrence injuste. Quatre fédérations ont ainsi demandé l’annulation du Black Friday vendredi 27 novembre, une journée promotionnelle qui profite surtout au e-commerce.

Tout le monde déteste Amazon

La grande distribution, contrainte de fermer ses rayons dits non essentiels depuis le 4 novembre, s’est jointe à la fronde. Intermarché s’en est même inspiré pour sa campagne de pub « Désolé Amazon », qui annonce l’inclusion des libraires dans sa plateforme de vente en ligne.

Cette colère se manifeste aussi chez les citoyens. « Ça va surtout profiter à Amazon » est devenu un poncif de micro-trottoir, que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, notamment dans les groupes Facebook Gilets Jaunes, relève un article du Monde. Ce dernier compare le rejet d'Amazon et de la « malconsommation » au rejet de McDonalds et de la malbouffe en son temps. Des actions à l’encontre de la plateforme sont par ailleurs menées sur le terrain par des associations et les élus locaux. À Nevers, des militants Attac, ANV COP21 et Alternatiba ont collé des affiches sur des lockers de la plateforme. En Normandie une association s’est créée le 7 novembre pour lutter contre la construction d’un entrepôt Amazon à Petit-Couronne, en banlieue rouennaise. À Paris, Anne Hidalgo, la maire de la capitale, a appelé à ne pas acheter sur Amazon.

Une « psychose française » ?

Pour le gouvernement cette obsession n’est pas justifiée. Cédric O la qualifie même de « psychose française qui n'a pas beaucoup de sens ». Amazon ne représenterait que 20 % du e-commerce en France, souligne le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique.  « Il n'y a pas un pays européen où Amazon est plus bas qu'en France. » Certes, mais le géant américain n’en reste pas moins le premier acteur du e-commerce dans l'Hexagone et son nombre de clients mensuels est bien supérieur à CDiscount ou la Fnac, pointe 20 minutes.

Slate rappelle de son côté que se focaliser sur Amazon peut être trompeur. Les librairies ont fait du géant du e-commerce leur bête noire depuis plusieurs années alors que selon les chiffres, c’est surtout la grande distribution et ses 45 % de part de marché qui pénalise les libraires indépendants.

Mais les parts de marché ne sont pas le seul élément à prendre en considération. Ce sont aussi ses méthodes de management douteuses, ses pratiques fiscales controversées et son enrichissement en période de crise qui font d’Amazon un ennemi de choix contre lequel se liguer.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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