Flemme de swiper pour trouver l'âme sœur ou l'aventure d'un soir ? Une entreprise propose le port d'un bijou pour identifier IRL les personnes en quête de relations.
La formule est simple : l'achat d'une fine bague couleur sauge pour identifier facilement les célibataires autour de soi. Partant du constat que zoner sur Hinge et Bumble est hautement déprimant pour la plupart des utilisateurs, l'anneau (vendu 25 euros) par la plateforme Pear sert un projet : rendre caduque les applications de rencontre et privilégier les rencontres « dans la vraie vie. » Une offre commerciale modestement présentée comme la « plus grande expérience sociale jamais menée dans le monde » et qui mise sur la dating fatigue auscultée en 2021 par Judith Duportail. Une initiative qui marque peut-être le grand retour des rencontres hors ligne.
Tinder et rencontres en ligne : la grosse fatigue
L'envie de s'adresser exclusivement aux célibataires commence avec le site de la plateforme : lorsqu'on y accède, une fenêtre demande : « Êtes-vous célibataire ? » Si la réponse est non, l'utilisateur est immédiatement expulsé du site, car Pear est « un produit réservé aux célibataires qui sont en mesure de rencontrer d'autres personnes. » Si vous répondez oui, vous atterrissez sur la page d'accueil de la plateforme, où l'on apprend que 100% des profits servent à développer l'expérience sociale dans le monde entier » et que l'achat de la bague donne automatiquement accès à un numéro d'adhésion et à une invitation au PearFest, un évènement « exclusif et gratuit » aux contours imprécis et mystérieux. Notons que l'entreprise derrière la plateforme et l'expérience n'est ni indiquée, ni présentée.
Peu importe, l’initiative témoigne surtout de l'envie de se connecter IRL. Un changement de paradigme relativement récent, probablement accéléré par notre surdose d'écrans et de zoom dating. D'après une étude de 2021 du site Match.com, un célibataire sur quatre aurait plébiscité les rencontres via écrans interposés, contre seulement 6 % des utilisateurs dans un monde pré-Covid. Par ailleurs, selon un porte-parole de l'application, plus de la moitié des utilisateurs Hinge se seraient déjà essayés à un échange vidéo avant d'opter pour une rencontre. Des méthodes qui saturent de nombreux utilisateurs, pourtant souvent en proie à un douloureux sentiment de solitude. Peu à peu, l'idée que les plateformes n'ont aucun intérêt à se voir déserter en tenant leur promesse de trouver l'amour fait son chemin. Dans l'émission Le meilleur des mondes de France Culture organisée à l'occasion des 10 ans de Tinder, la sociologue Jessica Pidoux rappelle : « Le swipe a créé un mode de réactivité où on est en permanence sur l'application puisque c'est très facile et très rapide de dire oui ou non et de continuer à avoir des profils. Ce qui provoque une excitation, une envie de rester sur l'application, une envie de savoir si on n'est pas en train de louper une opportunité. » Et le mécontentement commence à se faire sentir. D'après un récent sondage*, 54 % des Français se déclarent insatisfaits des applis de rencontre. Un affect triste qui donne naissance à de nouvelles propositions de service.
Le retour du speed dating
Échanges chronométrés, lumière tamisée et étiquettes collées sur le chemisier... Si tous les célibataires désireux de faire une rencontre n'ont pas forcément envie de se passer la bague au doigt, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour une pratique que l'on pensait disparue : le speed dating. (Rappelons que la première session officielle se serait déroulée en 1998, à Beverly Hills en Californie, au sein d'une communauté juive, sous la houlette d'un rabbin.) Récemment, TimeOut listait les meilleurs endroits où pratiquer à New York cette « relique des années 90 » tandis que 20 minutes s'invitait pour la Saint-Valentin dans une soirée à Lausanne pour faire des rencontres à l’ancienne. À la même date, la plateforme Dare to Date promettait d'organiser « la plus grande session de speed dating » jamais enregistrée à Bruxelles. Si le prix réclamé par la plateforme américaine n'est pas anodin (35 dollars pour une session d'environ une heure incluant un verre), d'autres organisateurs n'hésitent pas à pratiquer des prix hautement prohibitifs, comme le soulignait déjà The New York Times en 2022, avec l’organisation à Manhattan de soirée dont le prix d'entrée tourne autour des 150 dollars. Ce qui ne freine pas les adeptes dans la mesure où les rencontres autour d'un verre demeurent plus efficaces que celles conduites via écrans. (Sur la base des données fournies par HurryDate, entreprise spécialisée dans le speed dating, une étude menée en 2005 par l'Université de Pennsylvanie a montré que la plupart des personnes sont capables d'évaluer l'attraction qu'elles ressentent l'une pour l'autre dans les trois secondes suivant la première interaction.) Ou comment nos futures rencontres amoureuses se dérouleront peut-être dans un cadre ressemblant à la scène d'ouverture d'une comédie romantique des années 90.
*Méthodologie : enquête réalisée à l'initiative de CAROM, un nouveau réseau social dédié aux rencontres autour d'activités de loisirs. L'enquête a été conduite auprès de 2 012 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus entre le 27 mars et le 4 avril 2023.
bonjour je suis a la recherche du grand amour