Une adolescente et un adolescent sur Zoom

Zoom dating : au lieu d'aller boire une bière, ils se rencontrent par écran interposé

© Rodnae

Avant de prendre le risque d'enchainer un RER et deux métros, ils vérifient en vidéo que s'accorder un premier rendez-vous dans un bar vaut le coup. La flemme ? Oui.

Il y a ceux qui souffrent de Zoom fatigue et ne supportent plus de se plier aux réunions quotidiennes en ligne. Et ceux qui se délectent du confort que procurent les écrans et programment leur premier rendez-vous amoureux en ligne. De la même manière que l'on s'est mis à travailler de la maison, on se met aussi à dater depuis son salon.

Rdv 22 h, ici : https://meet.google.com/get-rnm

Avant la pandémie, on échangeait quelques messages sur Tinder avant de se donner rendez-vous dans un bar tamisé. Mais quand se rencontrer IRL induit un risque de contamination, certains y réfléchissent à deux fois. Entre deux confinements, les célibataires désireux de faire des rencontres ont préféré s'auditionner en vidéo avant d'éventuellement prendre le risque de mélanger leurs miasmes. D'après un porte-parole de l'application de rencontres Hinge, plus de la moitié de leurs utilisateurs ont déjà pratiqué un match en vidéo, généralement via FaceTime. Et selon une étude de 2021 du site Match.com, un célibataire sur quatre aurait succombé à l'appel des écrans cette année-là, contre seulement 6 % des utilisateurs dans un monde pré-Covid.

C'est ce que Gabi Conti, autrice et podcasteuse américaine qualifie de « pré-rendez-vous ». Depuis, certains font perdurer la tendance. Les raisons invoquées : un sentiment de contrôle rassurant et la satisfaction d'un besoin d'efficience. Comme observe The Atlantic : « Si la sagesse populaire s'accordait autrefois à dire que l'amour frappe quand on s'y attend le moins, l'amour se produit désormais quand on s'y attend le plus, car les gens qui se rencontrent pour partager un dîner et un verre auront déjà passé plusieurs séries d'entretiens Zoom. » Une tendance que certains déplorent car elle signerait la fin de la spontanéité et de la prise de risque.

Draguer en toute sécurité

Pour Apryl Williams, professeure adjointe à l'Université du Michigan, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. La pratique permettrait selon elle à certaines minorités marginalisées de lutter contre la solitude et de sociabiliser sans se sentir en danger et en respectant toujours leur limite. « Faire la cour était autrefois une activité caractérisée par un contrôle strict ; elle se déroulait dans des espaces privés comme les maisons familiales et sous la surveillance parentale. Puis au tournant du siècle, alors que les jeunes déménageaient vers les villes et que les femmes commençaient à gagner un salaire et à sortir de la maison, les choses ont évolué », souligne The Atlantic. Comme l'explique Moira Weigel, autrice de Labor of Love : The Invention of Dating, la séduction s'est alors téléportée dans des espaces publics et ouverts comme les bars et restaurants. Avec la pandémie, la tendance se re-inverserait. Pour l'autrice, la pratique procurerait une expérience « McDonaldisée », c'est-à-dire, prévisible et normalisée. Comme nous le savions déjà, c'est la recherche du confort qui prime désormais.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.
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