
Avouons-le : quand on parle data, c'est parfois bien prise de tête. Comment médias sociaux et gouvernements utilisent nos données ? Comment la data, remise entre nos mains, peut-elle nous aider à faire remonter nos préoccupations quotidiennes aux puissants ? À l’expo 1, 2, 3 Data, artistes et designers utilisent la donnée comme terreau de création et d’investigation, la vulgarisent, et redonnent au data journalisme ses lettres de noblesse.
Trop souvent indigeste, parfois intimidante, quelquefois volontairement obscure, la manière dont le Big Data est exposé aux publics laisse à désirer. À la Fondation EDF, l’exposition 1, 2, 3 Data nous plonge dans les entrailles du « monstre » et nous arme de clés de lecture pour mieux comprendre la donnée et le monde qu’elle s’échine à décrypter. Au travers des installations d’une quarantaine de designers, elle rappelle, en filigrane, à quel point placer la data au cœur du débat et de l’opinion publique est primordial, et comment certaines initiatives artistiques, à la manière de l’illustratrice et journaliste Mona Chalabi qui rend la data « sexy » sur son compte Instagram, peuvent informer, responsabiliser les publics et en définitive, faire du bien à la démocratie.
Le 12 juillet à 19H – une visite privée de l'exposition 1,2,3 Data suivie d'un cocktail est organisée par CultureSecrets à la Fondation EDF.
Pour tenter de gagner votre invitation, inscrivez-vous gratuitement sur CultureSecrets ici en mentionnant EDF en réponse à la question “Comment avez-vous entendu parler de CultureSecrets ? ”
3 temps de découverte, 3 façons de « mettre les mains » dans la data
À l’entrée, l’aile « Exhibitory Design » s’attache à exposer la donnée dans son plus simple appareil. Esthétiques, manipulables, elles revêtent le sens que l’artiste veut bien leur attribuer. On y découvre alors l’œuvre imposante de l’Américain David Bowen, « Tele-Present Water », une sculpture aérienne qui ondule en fonction des aléas d’une portion de mer située dans le Pacifique grâce à une balise houlographe collectant des données en temps réel.
« TELE-PRESENT WATER » - David Bowen, États-Unis
Plus loin, le titre « Love Will tear Us Apart Again » du groupe Joy Division se refait une jeunesse sous la forme d’une infographie représentant les variations originales du morceau et ses reprises posthumes. Un hommage étonnant, tout en chiffres et en symboles. On passe ensuite derrière les fourneaux avec Data Cuisine, ce collectif qui choisit de représenter la data via les propriétés (forme, couleur et même goût) d’aliments.
« Love Will tear Us Apart Again » - LuvWill
L’installation « Data String » du collectif Data Streamers vient quant à elle inciter le public à co-construire ses propres représentations visuelles. Ici, chacun est invité à exposer sa vision du monde en 2049, à choisir un fil (jaune pour les optimistes, noir pour les plus pessimistes) et à lui faire suivre un chemin singulier en répondant à des questions à choix multiples ( « Je me sens… », « j’ai confiance dans… », « je crains… », « je choisis… » ). Se dessine alors, lorsque l’on prend du recul, un tracé collectif, une prise de température spontanée révélatrice d’un ressenti fuyant et temporaire.
« Data String » du collectif Data Streamers
Pour les aventuriers, l’aile « Exploratory Design traque les écosystèmes et les variantes culturelles d’un monde que l’on voit d’en haut via des données infiniment petites, parfois même invisibles. Avec « Multiplicity », le designer Moritz Stefaner représente la région parisienne de façon idiomatique en agrégeant toutes les photos qui ont été prises de la capitale. #food, #toureiffel, #louvre, #fashion… il est assez étonnant de voir à quel point nous prenons tous les mêmes clichés !
Musée de L'Orangerie - Claude Monet // « Multiplicity » Moritz Stefaner
Avec « The Architecture of Radio » , ce sont cette fois les ondes radio et électromagnétiques qui nous entourent (satellites, antennes de relais, routeurs Wifi par milliers…) qui se révèlent à l’œil humain sous la forme d’ondes bleutées et fugaces.
« THE ARCHITECTURE OF RADIO » Richard Vijgen, Pays-Bas
Plus étonnant encore, le projet « One Angry Bird » propose une série de représentations de données traitant des expressions faciales et émotionnelles des six derniers présidents américains durant leurs prises de parole publiques. Via l’API Microsoft Emotion (interface de programmation permettant d’échanger des données), expressions et émotions (colère, joie, agacement…) sont décryptées à mesure que les vidéos des allocutions défilent.
1, 2, 3 Data – jusqu’au 6 octobre 2018 à la Fondation Groupe EDF
6, rue Récamier
75007 Paris
M° Sèvres-Babylone
Entrée libre du mardi au dimanche 12h-19h (sauf jours fériés)
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