Scène du nouveau jeu Hogwarts Legacy

Sur Twitch, les streameurs sommés de ne pas jouer au jeu tiré de l'univers d'Harry Potter

© Hogwart Legacy

Très attendu par les fans du sorcier à lunettes, Hogwart Legacy a tout pour être un carton vidéo ludique. Mais sur Twitch, des militants LGBTQ+ mettent la pression pour boycotter le jeu.

« La seule raison pour laquelle je ne joue pas ce jeu, et je connais pas mal de personnes dans le même cas, c'est parce que nous savons que ça ne vaut pas la peine de nous faire continuellement martyriser et traités de transphobes quand on a une communauté massivement constituée de personne queer et LGBTQA+ ».

Dans un échange avec son chat, le streameur turco américain HasanAbi, plutôt situé à gauche politiquement, a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Depuis la sortie du jeu vidéo Hogwart Legacy, rien ne va plus dans le monde magique d'Harry Potter. Les militants luttant pour les droits des personnes trans exercent une pression sur les joueurs de Twitch pour boycotter ce titre sous prétexte que ses ventes et son exposition médiatique renforcent le discours de l'auteure J. K. Rowling. Cette dernière est, depuis 2018, considérée comme ennemie à la cause après avoir tenu des propos radicaux et négatifs sur les personnes transgenres.

Rapide escalade de tensions

Il faut dire que la pression que subissent les streameurs est à la hauteur des enjeux. Hogwart Legacy est sans doute LE jeu que les potterheads (les fans de la saga Harry Potter) attendaient depuis des lustres. Les joueurs y incarnent un petit sorcier faisant sa rentrée au château de Poudlard à la fin des années 1800. La bande-annonce dévoile un monde ouvert magnifique qu'il est possible d'explorer en balai volant ou à dos de griffon. Du côté des anti J. K. Rowling, on attendait aussi la sortie du jeu de pied ferme. En décembre 2022, la youtubeuse Jessie Earl twittait à ses 64 000 abonnés que le moindre soutien apporté a la franchise Harry Potter constituait une atteinte aux droits des personnes trans.

À présent que le jeu est sorti, c'est sur Twitch que le combat s'est reporté. D'après le média spécialisé Dextero, plusieurs streameur.euses ont rapporté des échanges virulents avec des utilisateurs de Twitch s’infiltrant exprès dans les chats pour les insulter, une méthode pourtant habituellement utilisée par les trolls d'extrême droite ou masculinistes. Dans la journée du 6 février, un site listant les streameurs osant jouer publiquement au titre a été brièvement mis en ligne avant d'être déconnecté.

Des conséquences totalement prévisibles

Difficile de quantifier réellement le nombre de streameurs touchés par des campagnes de harcèlement ou ceux ayant abandonné l'idée de streamer le jeu. Quoi qu'il en soit, ce conflit culturel a plusieurs conséquences immédiates. La première est l'établissement d'un record : celui du jeu le plus visionné sur Twitch depuis le début de la plateforme avec plus de 1,2 million de visionnages en simultané. De quoi rappeler aux militants pro-boycott que l'effet Streisand – qui consiste à rendre plus visible un média que l'on veut invisibiliser en le boycottant – est toujours aussi puissant sur le Web. Le constat d'échec de cette tentative de boycott commence d'ailleurs à émerger sur les réseaux. Non seulement la nostalgie et l'envie de jouer de manière dépolitisée sont plus fortes que les velléités militantes, mais ces coups de pression ont tendance à produire l'effet inverse, à savoir une plus grande violence verbale vis-à-vis de la communauté trans accusée de jouer les inquisiteurs moraux.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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