Entre l’omniprésence du jeu vidéo, les nouveaux usages de TikTok et les jeunes influenceurs qui se croient dans une téléréalité, que se passe-t-il dans le smartphone des moins de 11 ans ?
Le temps d’écran, nouvel enjeu familial
Comme chaque année, l’agence heaven fait le tour des usages des moins de 13 ans sur les réseaux sociaux. Dans cette nouvelle édition de sa conférence Born Social, le directeur des études Emmanuel Berne a mis l’accent sur le temps d’écran comme l’enjeu principal qui s’annonce. « Le débat n’est aujourd’hui plus vraiment sur l’équipement en smartphone des plus jeunes, qui s’élève à 87% en 2020, explique-t-il. Le temps passé sur les écrans, aussi bien par les enfants que les parents, est une question qui devient de plus en plus centrale dans les familles. »
En effet, 20% des adolescents interrogés ont connaissance d’applications permettant de mesurer le temps passé sur le smartphone. Les parents semblent d’ailleurs surveiller cette donnée de très près. Le temps d’utilisation moyen ne dépasse pas 1h30 pendant les jours d’école, mais ce chiffre peut monter à 4h, voir 6h pendant les vacances. Alors que 43% des ados estiment passer un temps raisonnable sur leurs écrans, 21% estiment qu’ils perdent trop de temps dessus alors que 30% voudraient au contraire pouvoir y passer plus de temps. À l’inverse, ils sont aussi 20% à estimer que les parents passent eux aussi trop de temps sur leur smartphone.
Classement des applications
Du côté des applications, les chiffres restent plutôt stables. À 11 ans, les ados utilisent en moyenne deux réseaux sociaux. On passe à trois applications à 12 ans et le chiffre continue d’augmenter avec l’âge. Sans surprise, YouTube reste la première plateforme utilisée avec 59% d’utilisateurs, suivie de Snapchat avec 42% qui continuent de faire office de premier joujou numérique. La grande nouveauté de ce classement reste cependant WhatsApp qui est utilisé par 39% des préadolescents, notamment depuis le confinement.
Instagram se trouve un peu plus loin avec 22% d’utilisation. D’après Emmanuel Berne, l’application est comparable à la mobylette des ados des années 70. « C’est le réseau social des grands, celui sur lequel ils veulent tous aller pour marquer leur entrée dans l’adolescence. »
TikTok, influenceurs et dramas
Qui dit préadolescent dit bien évidement TikTok. La plateforme se trouve en 4e position du classement avec 39% d’utilisation. Le côté divertissant et addictif de l’application en fait le passe-temps favori pour consommer des contenus, mais aussi en produire. Ils sont près de 30% à déclarer faire des vidéos, bien souvent en privé.
Signe que la plateforme est maintenant bien installée dans le paysage culturel, les moins de 13 ans parlent déjà du « nouveau TikTok » qui a émergé pendant le confinement. En plus de la danse ou des habituels playbacks, on y trouve des démonstrations d’acting, des tutos de cuisine ou des sketchs à la Vine mais aussi, et surtout, une galerie d’influenceurs très jeunes comme Charli d’Amelio (16 ans) qui cumule déjà 89 millions de followers. Ces derniers se réunissent souvent dans des « talents houses » pendant les vacances, récréant des téléréalités alternatives échappant complètement aux médias mainstream. Les dramas y sont monnaie courante et alimentent d’autres comptes d’actus qui font des résumés pour la plus grande joie des collégiens.
Un rapport plus flou à la pub
Toujours plus proches de la nouvelle génération d’influenceurs, les préados ne sont toutefois pas dupes quand ces derniers tentent de leur vendre des produits. Seuls 17% des préadolescents ne repèrent pas les contenus sponsorisés tandis que 34% estiment qu’il y en a trop. Moins sensibles aux argumentaires des influenceurs, les moins de 13 ans ont cependant plus de difficultés à reconnaître les publicités plus classiques sur les réseaux sociaux. 34 % d’entre eux affirment ne pas du tout en voir alors qu’il est pourtant impossible d’y échapper sur des plateformes comme Instagram ou TikTok.
Emmanuel Berne estime que le manque de ciblage peut expliquer ce résultat, mais il est aussi possible que le mélange des genres entre contenu créatif pur et contenu sponsorisé brouille tellement les pistes que les plus jeunes n’y voient que du feu. Dans les deux cas, l’éducation aux médias et notamment la capacité à reconnaître un contenu créatif d’un contenu commercial seront sans doute des enjeux qui prendront de plus en plus d’importance.
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