
Sur le réseau qui gazouille, les mobilisations d'internautes passent, mais ne se ressemblent pas.
Au fil du temps, Twitter est devenu le véritable centre névralgique des mobilisations citoyennes et émotionnelles. Que ce soit la forêt Amazonienne qui brûle, les grèves des jeunes pour le climat ou un large scandale sexiste, on peut facilement avoir l'impression d'un déferlement de hashtags. Pourtant, force est de constater que la mobilisation a une durée limitée.
Notre-Dame : une émotion forte et de courte durée
C'est notamment le cas du hashtag #NotreDame. D'après notre partenaire Visibrain, le mot-clé se place en tête du nombre de retweets avec plus de 4,96 millions de mentions dans le monde. À titre de comparaison le seul autre hashtag qui s'approche d'un tel score est le #JeSuisCharlie qui avait mobilisé 4,94 millions d'internautes après l'attentat de la rédaction de Charlie Hebdo en 2015.
Pour expliquer ces résultats, il faut se souvenir du choc émotionnel qu'avait provoqué l'incendie de la cathédrale parisienne le 15 avril 2019. L'événement avait aussi été filmé en quasi direct par les grandes chaînes d'information en continu ainsi que par des centaines de passants. Véritable événement médiatique, l'incendie avait provoqué les réactions des dirigeants politiques et généré de nombreuses théories complotistes ainsi que des projets d'architecture dans les jours qui ont suivi.
Sur la durée pourtant, la mobilisation que l'on a pu voir sur Twitter fut plutôt courte. Après un pic de tweets atteint entre le 15 et le 16 avril, les chiffres se sont soudainement effondrés le 17 avril pour finalement s'éteindre complètement 10 jours plus tard.
L'Amazonie brûle tous les jours, sauf sur Twitter
Ce phénomène de « chasse d'eau » qui montre un pic brutal de mobilisation et sa disparition rapide se retrouve fréquemment. On peut aussi l'observer pour les hashtags #Prayforamazonie, #Prayfortheamazon ou #Prayforamazon qui sont apparus un peu partout dans le monde à la fin du mois d'août 2019. Le mouvement a généré plus de 814 000 tweets contenant ces hashtags, mais la mobilisation n'a duré que 6 jours en tout. Pour rappel, les feux qui consomment la forêt amazonienne ont lieu quasiment toute l'année.
La capacité de mobilisation des twittos est-elle limitée à une petite semaine ? Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes plongés dans d'autres mouvements plus ou moins récents. Le hashtag #MeToo par exemple avait connu 1,9 million de tweets au moment de l'explosion de l'affaire Weinstein en octobre 2017. La mobilisation contre le sexisme a connu un pic entre le 15 et le 18 octobre, mais l'usage du mot-clé a perduré sur Twitter les semaines qui ont suivi, avec une moyenne de 50 000 tweets par jour.
Pour le hashtag #JeSuisCharlie, la courbe est aussi différente. Le réseau s'est fortement mobilisé pendant les 4 jours qui ont suivi l'attentat. Puis entre le 10 et le 11 janvier, on a assisté à un nouveau sursaut du hashtag qui est principalement lié à la manifestation de soutien qui a eu lieu ce jour-là à Paris et ailleurs.
Mobilisation : la rue est plus forte que Twitter
Peu importe les chiffres en ligne, les courbes tendent à montrer les manifestations IRL entraînent une mobilisation sur la durée. C'est particulièrement frappant avec le hashtag #YouthForClimate lancé par la militante Greta Thunberg.
Le mot-clé ne bénéficie pas de l'effet « Trending Topic » comme les précédents, mais avec seulement 44 507 tweets au compteur, des pics d'activité ressurgissent de manière plus régulière, montrant qu'il s'agit d'un mouvement qui s'inscrit dans la durée. Reste à espérer qu'il soit suffisamment impactant pour changer la société en profondeur.
Cette étude a été réalisée en partenariat avec Visibrain, la solution de veille des médias sociaux.
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