Le mouvement #FridaysForFuture rassemble des lycéen.ne.s et étudiant.e.s qui sèchent les cours pour alerter les politiques et l’opinion publique sur l’urgence climatique. Nous avons été à leur rencontre le vendredi 22 février à Paris, à l’occasion de la marche menée par Greta Thunberg, 16 ans, figure suédoise du mouvement.
Ce sont entre 5 000 et 8 000 jeunes à avoir fait le choix de sécher les cours pour se rassembler ce vendredi 22 février à Paris. Sur les pancartes, on lit : « Maman, Papa, si la planète sèche, moi aussi ! », « Il n’y a pas de planète B » ou encore « Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé » . La jeune militante suédoise Greta Thunberg, qui a lancé le mouvement des grèves scolaires pour le climat, est présente. Elle est accompagnée de Anuna de Wever, Kyra Gantois et Adélaïde Charlier, les figures belges et luxembourgeoises du mouvement. Toutes ont fait le déplacement en train pour participer à la marche parisienne. Encore naissante en France, la mobilisation des jeunes pour le climat ne cesse de prendre de l’ampleur partout dans le monde. Amers, mais déterminés, les lycéens et lycéennes sont bien décidés à se faire entendre, et à obtenir des engagements forts de la part des gouvernements et des entreprises. Nous leur avons tendu notre micro.
Paris! They say between 5000-8000 students marching here today. And tens of thousands around the world. #FridaysForFuture #SchoolStrike4Climate #climatestrike #YouthForClimate pic.twitter.com/HgA3t2fiLZ
— Greta Thunberg (@GretaThunberg) February 22, 2019
Marianne, 20 ans, étudiante en Humanités Numériques à Caen
Marianne suivait jusque-là le mouvement sur Facebook, mais c’est la présence de Greta Thunberg à Paris qui l’a décidée à se rendre à la manifestation. « Avec mes amis, on parle de plus en plus de ce qu’il se passe, et on a peur. » Elle se reconnaît dans le mouvement et le soutient, mais Marianne trouve tout de même qu’il est injuste que les jeunes générations doivent porter le fardeau du changement climatique. « Ce sont les générations précédentes qui ont détruit la planète, et c’est nous qui en subissons les conséquences ». Sa prise de conscience l’a poussée à changer ses habitudes, mais ce n’est pas le cas de tout le monde dans son entourage. « J’ai le sentiment que tous les jeunes ne se sentent pas encore concernés, il y a des fractures ».
Jessica et Dario, 20 ans, étudiants à Zurich
Pour ces deux jeunes Suisses, la question du climat est « l’enjeu majeur du 21ème siècle, c’est tout notre futur qui est en jeu ». Pour Dario, il est temps que tous les pays « déclarent une situation d’urgence climatique nationale ». Tous les deux ont déjà fait des choix importants. « Nous ne prenons pas l’avion, nous essayons de moins circuler en voiture et nous ne mangeons plus de viande » , précise Jessica. Pour venir manifester à Paris, ils ont donc pris le train. « Il est également urgent que nous apprenions dès à présent à construire des alternatives aux modèles de consommation actuels » , souligne Dario. « L’hyper-consommation est vraiment un très gros problème ».
Pierre, 18 ans, Sixtine 17 ans et Marius, 17 ans, en terminale S au lycée Carnot à Paris
Tous les trois ont mobilisé une bonne partie de leur classe pour se rendre à la manifestation. Pour Pierre, « c’est évident à quel point une journée de lycée est dérisoire au regard de l’enjeu du climat » . « On peut rattraper les cours, mais on ne pourra pas rattraper les dégâts infligés à notre planète », rajoute Sixtine. Marius en est à sa troisième marche pour défendre le climat. Déjà très impliqué au sein de son lycée, il vient ici pour encourager le gouvernement et les entreprises à agir, et à transformer leurs modèles. Il précise : « sur mon frigo j’ai une liste de toutes les marques à boycotter ! » . Il cite la banque HSBC, qui finance des entreprises qui détruisent les écosystèmes, ou encore la marque Petit Navire, qui contribue selon lui aux pratiques de surpêche. Tous les trois ont déjà changé leurs habitudes de consommation. « Je mange moins de viande, j’utilise des produits cosmétiques solides pour éviter d’utiliser du plastique, je privilégie le vrac et essaye d’acheter moins de neuf » , précise Sixtine.
Marius et Adrien, 19 ans, étudiants à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye
Pour ces deux étudiants, l’urgence climatique justifie une action politique forte. Très influencés par le discours du scientifique et militant Aurélien Barrau, ils estiment que « chacune des décisions politiques doit désormais être prise avec comme objectif la sauvegarde de la vie ». Tous deux appellent donc les jeunes à « ne pas voter pour les politiques qui ne mettent pas l’écologie au premier plan ». Les entreprises ont également un rôle fort à jouer. Elles doivent avoir en tête la « règle verte », c’est-à-dire qu’ « il ne faut pas prendre à la Terre plus qu’elle ne peut reconstituer » . Ces deux jeunes étudiants se disent par ailleurs prêts à refuser une offre d’emploi si l’entreprise concernée ne se montre pas exemplaire en matière de développement durable et de RSE.
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Ce n'est qu'un e infime minorité de la jeunesse qui devrait autant s'indigner contre toute forme de discrimination ou encore le SNU qui la concerne tout autant sans forcément sécher les cours. Malheureusement, on est loin et les gourous verts que ça soit Rabbi ou Barreau gagnent du terrain avec leurs thèses parfois farfelues et conspirationnistes sous couvert de moralisme et d'humanisme!